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L'homosexualité est-elle une déviation sexuelle ?

Publié le 06/03/2004

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Ce discours de Diotime décrit une expérience qui n'est pas sans rappeler l'ascension de l'esprit vers l'Idée du Bien que décrivait Platon dans l'allégorie de la caverne. Or, il ne s'agit pas seulement d'une analogie car, pour Platon, le Bien, réalité suprême, est aussi le Beau, ce qui signifie que le Beau est la splendeur du Bien. Derrière cette conception se cache l'idée que la beauté existe de manière absolue et qu'elle n'est pas qu'une simple affaire de goût subjectif. Aussi, ce texte s'oppose aux mêmes penseurs déjà mis en cause dans l'allégorie de la caverne, à tous ceux qui, comme Protagoras, font de l'homme la mesure de toute chose, y compris pour les jugements portant sur le beau. La doctrine de Platon est à rapprocher de la conception très mathématique que les Grecs se faisaient de la beauté, considérée comme règle de juste proportion « objectivement » formulable selon des lois mathématiques purement intelligibles. Toutefois, Platon va encore plus loin, car nous pouvons ne pas être tous d'accord sur la valeur esthétique de l'harmonie qui se dégage de la forme d'un objet sensible. Ici, Diotime dépasse la référence même à toute réalité sensible, ce qui sauve la conception d'une beauté absolue de toutes les difficultés liées à la considération de beautés matérielles. Ainsi Platon espère fonder absolument l'Idée du Beau, en la protégeant de toutes les contestations qui proviennent de la relativité des jugements portant sur le sensible et qu'implique l'expression « chacun son goût ». Ce qui est pervers, c'est la bestialité non l'homosexualité Autant l'amour est grand, noble (comme le dit Platon puisqu'il vise à l'immoratalité), autant élève-t-il les âmes et les coeurs, autant la lubricité est-elle vile et haïssable. voilà qui conduit Plutarque à montrer que l'on ne peut pas condamner le mariage, ni les liens homosexuels, ni les relations extra-conjugales dès l'instant où l'amour, marchant aux côtés d'Aphrodite, déesse du désir charnel, conduit les coeurs à s'épouser.

« L'homosexualité contredit les projets de la natureSchopenhauer dit que l'homme n'est que l'objet de l'espèce.

Le noble sentiment amoureux n'est qu'une ruse del'instinct de reproduction : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après l'achèvement du grand-oeuvre, carle mirage a disparu, qui faisait de l'individu la dupe de l'espèce.

» Il n'en demeure pas moins que l'homosexuelne respecte pas cette loi de la nature qui veut la vie ne peut se reproduire que par l'union de deux individus desexe différents. Le désir homosexuel est contradictoirePaul Watzlawick, dans Faites vous-même votre malheur, écrit: «La difficulté de plus d'une relationhomosexuelle tient à l'espoir d'entrer dans l'intimité d'un "vrai" homme, lequel ne peut que se révélerhomosexuel lui-même ou se désintéresser de la relation qu'on lui propose».

Une telle situation, sans issue, estforcément insatisfaisante.

[Ce qui compte avant tout, c'est que deux êtres s'aiment, peu importe qu'ils appartiennent ou non aumême sexe.

L'instinct sexuel est une chose, l'amour en est une autre.

Si l'amour se nourrit bien de cetinstinct, il le dépasse.

Il conduit à l'amour du beau.

Or, le beau appartient à un sexe comme à l'autre.] L'amour est avant tout amour du beauDiotime : « Celui qu'on aura guidé jusqu'ici sur le chemin de l'amour,après avoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière,arrivant au terme suprême, verra soudain une beauté d'une naturemerveilleuse, beauté éternelle, qui ne connaît ni la naissance ni la mort,qui ne souffre ni accroissement ni diminution, beauté qui n'est point bellepar un côté, laide par un autre, belle en un temps, laide en un autre,belle sous un rapport, laide sous un autre, belle en tel lieu, laide en telautre, belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là ; beauté qui ne seprésentera pas à ses yeux comme un visage, ni comme des mains, nicomme une forme corporelle, ni comme un raisonnement, ni comme unescience, [...] la vraie voie de l'amour, qu'on s'y engage de soi-même ouqu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et demonter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant commepar échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beauxcorps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences,pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que lascience de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il esten soi.

» Platon, Le Banquet, trad.

E.

Chambry, Flammarion Cet extrait du Banquet de Platon s'ouvre sur le discours de Diotime,prêtresse (sans doute imaginaire) de Mantinée, qui doit révéler àSocrate les mystères de l'amour.

Le terme « mystère » doit d'ailleurs être pris ici au sens fort car cette scèneévoque ce genre d'initiation que les Grecs connaissaient, comme dans les mystères d'Éleusis par exemple, oùles initiés parvenaient finalement à une ultime révélation et contemplation mystique après toute une séried'étapes préparatoires.

Toutefois, malgré le parallèle sur lequel joue Platon dans cette scène, il ne s'agit pas icid'une révélation mystique mais d'un mouvement graduel et philosophique (ou « dialectique ») vers l'Idée duBeau, dans toute sa pureté.

Ce mouvement doit nous révéler qu'à son stade ultime, l'amour aboutit à lacontemplation de cette Idée.

L'amoureux est, en définitive, toujours amoureux du Beau absolu, à traversl'attraction qu'il éprouve pour ses incarnations sensibles, que ce soit la beauté des corps, des âmes ou desconnaissances, et où il ne perçoit encore que confusément la splendeur de l'Idée qui se révèle dans tout sonéclat hors de toute participation à la matière.

Ces derniers exemples forment d'ailleurs les degrés successifs quinous rapprochent progressivement de l'Idée pure : « la vraie voie de l'amour [...] c'est de partir des beautéssensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beaucorps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux bellessciences ».

L'amoureux qui atteindra cette Idée est donc celui qui s'affranchira graduellement de saparticipation à la singularité des corps sensibles et l'embrassera dans toute sa généralité, avec à chaque foisplus d'ampleur et à un niveau toujours plus abstrait.

C'est pourquoi l'amour des belles sciences, qui vient aprèscelui des beaux corps est un progrès vers la connaissance de l'Idée, puisque les sciences sont intelligibles etmoins incarnées dans la matière que les corps.Le dernier degré de l'amour, celui que peut atteindre par exemple le philosophe, amoureux du Bien et du Beau,. »

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