l'huître
Publié le 10/12/2012
Extrait du document
«
Méthode objective, scientifique mais aussi poétique
Travail sur le signifiant
Rapport entre le signifiant et la chose
II) Une démarche poétique et subjective
Le parti pris des choses = prendre parti c’est-à-dire exprimer une opinion, une vision personnelle.
« L’huître » multiplie les adjectifs au suffixe à la fois péjoratif et flou : « blanchâtre », « verdâtre », « noirâtre ».
Il y a un rejet d’un certain objectivisme et l’élection d’une poétique de l’à peu-près (ce que souligne également
la définition par approximation avec le galet).
Il y a d’autres connotations : Certains termes connotent la pureté physique ou spirituelle (évocation des « cieux »,
du « firmament », de la lumière, de la perle), d’autres renvoient au contraire à la saleté ou la souillure (« le
sachet visqueux et verdâtre »).
L’expression oxymorique souligne d’ailleurs ce caractère contrasté de
l’huître.
Il y a également métaphorisation.
La poétique pongienne part de l’objet et ouvre vers deux directions antagonistes :
l’anthropomorphisme et la cosmologie.
Le corps humain, au travail, est inscrit explicitement (« doigts », « ongles »), mais implicitement aussi : l’adverbe
« opiniâtrement » tend à personnifier le mollusque en évoquant son aptitude à résister à l’homme.
L’huître est
féminisée à travers l’évocation de la « dentelle noirâtre ».
La personnification est prolongée avec « gosier » et
« perle » ( étymologie : en latin perna signifie jambe)
De plus, les verbes de mouvement (« flue et reflue », « une formule perle ») contribue aussi à rendre l’huître
vivante.
Mais l’huître est également un microcosme : « c’est un monde opiniâtrement clos ».
Le texte file cette métaphore
(« halos », « cieux », « mare »), proposant au passage une parodie de la Genèse (« cieux d’en dessus », « cieux
d’en dessous).
La chose la plus petite est comme telle résumé du monde, reflet du macrocosme et en l’huître
coexistent le ciel, la mer et la terre ferme (porosité avec le règne minéral introduite par la comparaison avec le
galet).
Le poète tente de rendre compte de la forme de l'objet par la forme du texte.
· On constate que les deux paragraphes qui concernent l'huître ouverte correspondent à quelques mots près au
"volume" textuel du premier paragraphe qui décrit l'huître fermée
On a donc l'impression qu'en refermant l'une sur l'autre, les deux dernières parties du texte (les deux valves du
mollusque), on retrouve l'ensemble homogène et compact que constituait l'huître close (paragraphe 1)
· Les paragraphes deux et trois peuvent faire songer, par leur différence de grandeur, aux deux valves
dissymétriques de l'huître, la partie creuse contenant l'ensemble du "sachet visqueux et verdâtre" (paragraphe 2) et
la partie plate les concrétions nacrées qui le recouvrent (paragraphe 3).
Le dernier paragraphe est plus court parce
que la perle est « rare » et surtout qu’elle occupe moins de place dans la coquille que le mollusque.
Ponge utilise des procédés qui suggèrent
® le caractère feuilleté de la coquille de l'huître avec le doublement des consonnes : "grosseur", "apparence",
"brillamment".
® la double face de la coquille avec les rythmes binaires : "l'huître est d'une apparence […] d'une couleur ; "un
couteau ébréché et peu franc", "à boire et à manger", "qui flue et reflue"
® la rugosité de la coquille avec le jeu sur les sonorités : consonne + r (ces deux phonèmes apparaissent plus de
quarante fois dans le texte
▪ tr : "huître", "blanchâtre", "opiniâtrement", "travail", "verdâtre".
▪ pr : "reprendre", "proprement"
▪ br : "brillamment", "ébréché"
▪ gr : "grossier", "grosseur".
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