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HUME, Enquête sur les principes de la morale.

Publié le 17/01/2011

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hume

 

 L'objet de l'Enquête est la détermination de l'origine véritable de la moralité. Quelle est l'origine des distinctions que nous faisons entre le bien et le mal, entre la vertu et le vice?

L'Enquête peut être lue comme la réponse de Hume aux « selfish systems of morals «, autrement dit aux morales de l'intérêt, de l'égoïsme, qui reposent sur l'idée d'un principe égoïste gouvernant la nature humaine, et nient l'existence du sentiment naturel de bienveillance envers autrui. Hobbes est le représentant emblématique de telles conceptions. Comment Hume s'y prend-t-il pour le réfuter, et montrer l'existence d'un sens moral naturel, à côté de l'intérêt personnel?

 

(Les pages que nous citons sont celles de l'édition GF)

 

Section 1 :  Des principes généraux de la morale.

 

Hume commence l'Enquête par le constat suivant : il existe des distinctions morales. De fait, nous sommes touchés « par les images du bien et du mal «. Certes, ces images ne nous touchent pas tous de la même manière et avec la même intensité, certains y sont plus sensibles que d'autres, puisque nous sommes par nature différents ; mais « si grande que puisse être l'insensibilité d'un homme «, il ne peut être totalement indifférent aux exemples de vertu et de vice qu'il rencontre. Ce constat formulé par Hume est un constat d'expérience, fondé a posteriori, et qui a la valeur d'une évidence, au point que d'après lui, ceux qui ont nié la réalité des distinctions morales que nous faisons spontanément entre les exemples du bien et ceux du mal ne sont pas sincères, parce qu' « il n'est pas concevable qu'un être humain puisse jamais croire sérieusement que tous les caractères et tous les actes ont un droit égal à l'assentiment et à la considération de chacun «(p.69). Ceux qui sont visé ici sont tout autant les sceptiques, et notamment Sextus Empiricus (voir Hypotyposes, III, 168 et 239), que Hobbes, qui pose l'absence de distinction entre le bien et le mal à l'état de nature.

 

hume

« que nous pouvons observer, fait qu'il est dit être vertueux, et qu'il est approuvé spontanément par chacun?En tant que ce comportement est ordinairement jugé vertueux, le philosophe s'interroge sur la nature, et donc l'origine de ce jugement, sur ce qui le sous-tend, afin de découvrirl'origine de la moralité. Deuxième partie. Hume note que lorsqu'on fait l'éloge d'un homme bienveillant, on ne peut s'empêcher de penser au bonheur et à la satisfaction que sa fréquentation et ses bons offices procurent à lasociété.

Et à partir de ce fait, il émet l'hypothèse suivante : est-ce qu'une des sources de l'approbation morale accordée à l'homme bienveillant ne proviendrait pas de l'utilité publiquequi est l'effet de cette disposition? Si les actes bienveillants sont ressentis comme étant dignes de mérite, n'est-ce pas du à leur caractère utile pour la société? « Ne peut-on pas enconclure que l'utilité, qui est l'effet des vertus sociales, constitue au moins une part de leur mérité, et l'une des sources de cette approbation et considération qui leur sont siuniversellement accordées? » (p.81) : c'est ce que le philosophe conclut dans cette section. Il faut préciser que par « vertus sociales », Hume entend des vertus approuvées à cause de l'utilité qu'elle présentent pour la vie commune, par opposition aux « vertus naturelles »,affections immédiatement éprouvées.

La bienveillance est caractérisée comme étant une vertu à la fois naturelle et sociale, alors que par exemple la justice est une vertu uniquementsociale, d'après l'analyse humienne.

Le mérite attribué à la bienveillance vient donc en partie de ce qu'un comportement bienveillant tend à promouvoir les intérêts des hommesréunis en société.

Comme l'explique Hume, lorsque nous observons un homme bienveillant, « notre regard se porte vers les conséquences salutaires d'un tel caractère et d'une telledisposition, et tout ce qui a une influence si bénéfique et conduit à une fin si désirable est envisagé avec faveur et satisfaction »(p.84).

Il est donc tiré de l'utilité, par où il ne faut pasentendre l'intérêt particulier d'un homme, mais l'utilité publique, générale, celle des hommes vivant en groupe.Une partie du mérite des que nous éprouvons devant l'exemple de la vertu de bienveillance est donc à attribuer à l'utilité publique de cette dernière.

Dans la section suivante, lephilosophe écossais s'attache à montrer qu'il en est de même en ce qui concerne la vertu sociale par excellence, qui est la justice. Section 3 : De la justice Première partie. Dans cette section, Hume défend la thèse selon laquelle la seule origine de la justice est l'utilité publique.

Afin de démontrer cette thèse, Hume montre d'abord, dans la premièrepartie de cette section, que la justice n'est pas une vertu naturelle.Il faut préciser tout d'abord que par justice, Hume entend la règle de bonne répartition des biens entre les hommes.

L'objet de la justice est donc la propriété.La justice n'est pas une vertu morale naturelle : elle est approuvée moralement uniquement en vertu des conséquences bénéfiques qu'elle présente pour la société.

Les conséquencesutiles qu'elle produit sont le seul fondement de son mérite.

Les règles de la justice et de l'équité dépendent entièrement de la situation, de l'état particulier dans lequel les hommessont placés, et ne sont aucunement innées, naturelles.

Or la situation dans laquelle nous nous trouvons se présente de la sorte :*En ce qui concerne les biens nécessaires à la satisfaction de nos besoins : ni l'abondance, ni l'extrême rareté.

Hume parle de « parcimonie » de la nature.*En ce qui concerne le caractère des hommes en général : ni la parfaite humanité, ni la parfaite rapacité.

Nous sommes naturellement partiaux envers nous-mêmes et nos proches,mais capables d'apprendre les avantages qui résultent d'une conduite plus équitable.

La situation naturelle de l'homme selon Hume n'est pas l'égoïsme, ni l'angélisme, mais lapartialité : en effet, l'individu est toujours en relation passionnelle avec d'autres, qui lui sont proches, et pour lesquels il est partial.

La partialité est entre l'égoïsme et la bienveillanceen général.Afin de démontrer la thèse, selon laquelle l'obligation morale et le mérité attribués à la justice provient de son utilité publique, Hume a recourt à plusieurs expériences de pensées, quiprésentent des situations où l'une des caractéristiques de la situation normale de l'homme a été changée, et dans lesquels la justice, étant inutile de part la nature de la situation,n'existerait pas. Examinons uniquement la première.

Celle-ci nous invite à imaginer un état naturel d'extrême abondance, où tout le monde aurait beaucoup plus qu'à sa suffisante pour pourvoir à ses besoins.

Or si chacun a tout ce qu'il lui faut et bien plus, la justice, vertu qui permet la bonne répartition des biens, n'est d'aucun intérêt, et ne serait alors venueà l'esprit de personne.

En effet, « dans quel but partager les biens, si chacun a déjà plus qu'à sa suffisance? Pourquoi établir la propriété, là où il est impossible qu'elle soit lésée?»(p.86).

Etant inutile, elle n'aurait pas existé, et on ne lui aurait attribué aucun mérite.

Cet état imaginaire fait donc ressortir que les idées de propriété que nous connaissonsdeviennent nécessaires seulement à cause des circonstances où nous nous trouvons, et que c'est cette nécessité de l'établissement de la propriété qui fait naître l'utilité publique de lajustice, et alors ce n'est que de là que provient son mérite, et l'obligation qui lui est liée. Deuxième partie. Afin de défendre la thèse selon laquelle la seule origine de la justice est l'utilité publique, Hume s'attache dans cette partir à l'observation des règles de justice existant positivement.Si l'on observe les lois particulières qui régissent la justice et déterminent la propriété, on remarque que le bien de l'humanité est le seul objet de toutes ces lois.

(nous ne nousattardons pas ici sur les détails de l'argumentation).A la fin de cette section, Hume présente une objection que l'on pourrait lui faire : si la justice n'est pas naturelle, mais sociale, alors la justice est-elle relative variable selon les lieux etles époques? Il n'en est rien d'après lui.

Le caractère artificiel de la vertu de justice n'induit en rien son caractère relatif.

Car la situation dans laquelle les hommes se trouve, et tellequ'elle a été caractérisée précédemment, est globalement la même, et donc « la nécessité qui mène à la justice est si universelle, et partout conduit si bien à des règles identiques,que cette habitude se retrouve dans toutes les sociétés »(p.108).

Même si les règles de justice varient d'une époque à une autre et d'une société à une autre, on retrouveglobalement les mêmes principes de répartition des propriétés.Nous avons donc démontré dans cette section que « la nécessité de la justice pour le maintien de la société est l'unique fondement de cette vertu »(Ibid.).

Et Hume clôt cette sectionpar la supposition suivante concernant l'utilité : « elle doit être la source d'une part considérable du mérite attribué à l'humanité, la bienveillance, l'amitié, l'esprit public et autresvertus sociales du même ordre, étant l'unique source de l'approbation morale accordée à la fidélité, la justice, la véracité, l'intégrité » (p.109). Section 4 : de la société politique Dans cette section, Hume s'attache toujours à montrer que l'utilité est la source des vertus sociales, et ici principalement celle du devoir d'allégeance, au d'obéissance augouvernement; mais aussi d'autres vertus sociales.Il commence alors par s'interroger sur les raisons de l'existence du gouvernement et des lois positives : pourquoi a-t-on besoin de la loi positive? Pourquoi réduire notre liberténaturelle?Selon Hume, si tout homme avait suffisamment de sagacité pour percevoir à tout moment l'intérêt qui l'oblige à l'observance de la justice et de l'équité, et suffisamment de force decaractère pour persévérer dans une constante adhésion à un intérêt général et lointain, en résistant aux séductions du plaisir et de l'avantage présent qui peut entrer en contradictionavec celui-ci, alors il n'y aurait jamais eu de société politique et de gouvernement.

Si le gouvernement avait été inutile, il n'aurait pas eu lieu d'être.

Or il est utile, étant donné lasituation naturelle de l'homme : donc il existe.

L'association ne pourrait exister, ni perdurer, si l'on ne respectait pas les lois d'équité et de justice : on a donc du les rendreobligatoires.

Le devoir d'allégeance, ou d'obéissance au gouvernement, existe en fonction de l'avantage, de l'utilité qu'il procure à la société, en préservant l'ordre et la paix.. »

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