Devoir de Philosophie

L'hypothèse d'un déterminisme inconscient prive-t-elle le sujet de responsabilité ?

Publié le 25/01/2004

Extrait du document

Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là. Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre. Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet. Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins. Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma. L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles. Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est  donc un compromis entre le  désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales que j'accepte. « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme.

   L’inconscient désigne dans la tradition philosophique une réalité psychique profonde dont la conscience ne serait qu’une émanation particulière, plus précisément pour Freud il désigne l’appareil psychique au moyen duquel l’homme s’autocensure. Lorsque nous refoulons, tout ce que l’esprit conscient de l’homme ne peut pas conserver se retrouve immédiatement et à son insu dans sa partie inconsciente. Bien que l’inconscient soit encore contesté, il est majoritairement accepté par le monde scientifique et tend à expliquer des actes qui restent fermés à toute explication rationnelle. L’inconscient agit sur l’homme à travers des mécanismes qui lui sont encore inconnu, car il est par définition ce à quoi nous ne pouvons accéder par la pensée. Ainsi, ce monstre obscur tapi au fond de l’esprit humain et capable de nous faire agir selon des règles qui nous échappent n’entraîne t il pas un problème éthique? Si j’ignore quelle sorte d’influence l’inconscient peut avoir sur moi, comment puis je me sentir responsable de mes actes? Tous mes actes ne sont ils pas dans ce cas profondément motivés par mon inconscient?     Pour Alain, l’inconscient est un animal redoutable qui menace le sujet libre. Mes actes ne doivent pas t ils pas être le fruit de mes codes moraux et pour cela être issus d’une pensée consciente? Être responsable de ses actes n’est ce pas avoir une idée claire et transparente de tout ce que je fais? Lorsque l’on juge quelqu’un de responsable, on dit qu’il « sait ce qu’il fait «. La responsabilité ne se baserait donc que sur l’acte en lui même et non sur les motivations de ces actes. L’inconscient peut nous suggérer énormément d’actes cependant nous gardons la faculté de les juger, non pas sur leurs origines mais sur leur valeur morale. Ainsi, l’homme n’est pas un animal sous l’emprise de son inconscient possiblement diabolique, mais un être rationnel qui possède la capacité de choisir après jugement les actes qu’il est en capacité de faire. Nous ne portons non pas notre responsabilité sur les  racines inconscientes de nos actes qui demeureront inconnues mais sur notre capacité à appliquer un jugement moral sur nos actions . Ainsi l’être moral reste responsable de ses actes tant qu’il en est conscient.

« de nos actes qui demeureront inconnues mais sur notre capacité à appliquer un jugement moral sur nos actions .Ainsi l'être moral reste responsable de ses actes tant qu'il en est conscient.

Introduction: Loin d'avoir seulement contribué à renouveler la psychologie, l'hypothèse d'un inconscient psychique pose un problème éthique, celui de la responsabilité.

Si, comme Freud le découvre : « le moi n'est pasmaître dans sa propre maison », alors, ne faut-il pas assumer jusqu'au bout les conséquences d'un telaffaiblissement du moi, et en déduire que la notion de responsabilité n'est qu'une chimère ? Nous verrons cependantqu'une telle distribution ne va pas de soi, et il n'est pas certain que l'avancée freudienne soit incompatible avecl'idée de responsabilité.

If faut se méfier de toute tentative de réification archaïque de l'inconscient, qui l'égalerait àune force étrangère s'imposant au sujet. I- L'hypothèse d'un inconscient psychique, un problème éthique. Dans ses travaux sur le psychisme humain, Sigmund Freud remarqua que des manifestations en apparencemarginales et insignifiantes de la psyché, comme le lapsus, le rêve ou l'acte manqué, gagnaient à être éclairés parune herméneutique.

Ces phénomènes, considérés comme pauvres, lacunaires et secondaires, furent donc investispar Freud du statut de signe à interpréter, c'est-à-dire du rang de symptôme.

Or, seule l'hypothèse d'un inconscientpsychique était à même de soutenir un tel retournement, en permettant de regrouper toutes les manifestations dela psyché qu'il s'agissait désormais d'interpréter.

L'inconscient permet de nommer ce point aveugle au sein de laconscience elle-même : ce qu'elle ne comprend pas de sa propre vie, ce qui dans la vie psychique l'excède. Un tel excès du psychisme sur la conscience fait violence à l'idée d'un cogito établit, solide, transparent àlui-même, ainsi que nous le présentait Descartes, et auquel se résumerait la vie psychique.

Mais Freud de secontente pas d'investir les manifestations de l'inconscient du rang de symptôme, il fait de l'inconscient un vecteurignoré de nos actes les plus réfléchis, bref, il l'investi d'une énergétique.

Non seulement l'inconscient, par le retourdu refoulé sous forme du symptôme, révèle au psychanalyste par fragments les traumas du patient, mais, de plus,on postule que l'inconscient est à l'œuvre dans nos décisions quotidiennes, et, comme Nietzsche l'avait déjàpressenti, qu'il est probablement plus fondamental que notre conscience.

Freud compare de lui-même la radicalité deses travaux à ceux de Copernic et Darwin, parce que ceux-ci infligeaient également à l'humanité une « blessurenarcissique ». Rapidement, l'hypothèse freudienne a pris la dimension d'un problème éthique : en déconstruisantl'autonomie de la conscience, en renversant le primat de celle-ci, n'aboutissons-nous pas à une relativisationdangereuse de la liberté humaine, et, par conséquent de la responsabilité ? Des penseurs français comme Alain puisSartre se sont engouffré dans cette voie critique et on thématisé l'inconscient comme un autre nom de la mauvaisefoi.

Toutefois, il faut se garder de stigmatiser ces critiques comme conservatrices et passéistes, elles frappent eneffet parfois par leur prudence et leur précision.

Ainsi, dans les Eléments de philosophie , Alain nous averti de la faute qui consiste à réifier l'inconscient, à le prendre pour un autre moi.

Il ne faut pas confondre le rêve et lapensée, ne pas croire que l'inconscient annule toute conscience ; il nous averti de l'écueil réel que représente unesurestimation de l'inconscient, laquelle aboutit en fait à une espèce de philosophie mécaniste.

En effet, ensurestimant l'inconscient on égale l'homme à une simple machine et on manque l'essence de l'humanité : la capacitéd'auto-détermination. Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il yaurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le direbrutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes etoute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-diresubirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas« maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimerdirectement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales,professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forcescontraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes,l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient,conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président,parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles