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L'hypothèse de l'inconscient

Publié le 15/01/2004

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Il se produit en nous des phénomènes psychiques dont nous n'avons pas même conscience, mais qui déterminent certains de nos actes conscients. Ainsi nous croyons nous connaître, mais nous sommes incapables de dire pourquoi nous ne pouvons supporter la vue de tel ou tel animal pourtant inoffensif (une souris, une araignée, etc.), pourquoi nous faisons des rêves si délirants. Nous croyons nous connaître, mais il y a en nous comme un étranger qui se manifeste de temps en temps dans nos manies, dans nos rêves ou dans nos actes manqués, et qui s'évertue à se dérober à nos regards introspectifs. Cet étranger insaisissable, Freud l'appelle l'inconscient.B. Le moi n'est pas maître dans sa propre maisonPour Freud, il y a des raisons aux conduites les plus déraisonnables, et un sens derrière les discours qui paraissent les plus insensés (le discours du rêve notamment). Seulement la signification de ces discours échappe à ceux-là mêmes qui les tiennent. Si la conscience échoue ainsi à lire en nous « comme dans un livre ouvert », c'est que certaines pulsions, certains désirs incompatibles avec nos exigences morales ont été « refoulés » hors de notre conscience, mais continuent cependant de se manifester sur le mode symbolique, dans nos symptômes névrotiques (angoisses, phobies, obsessions, etc.), mais aussi dans nos rêves et dans nos actes manqués (lapsus, oublis involontaires, etc.

« instinctive de l'homme, à sa face d'ombre que précisément Freud se propose d'interroger.

La psychanalyse ne doitpas sa naissance à des préoccupations théoriques (comme par exemple l'étude du psychisme humain qui ne seréduit pas à la conscience et au moi) mais tout au contraire à des sources thérapeutiques, ce que montre aussi sondéveloppement qui repose sur des hypothèses heuristiques dont il faut évaluer les apports pratiques dans latechnique analytique.

Freud, médecin de formation, travaillant sur les maladies nerveuses, notamment à Paris, avecCharcot, observe l'impuissance de la psychiatrie à guérir ce qu'il nommera des névroses, telle l'hystérie (ensemble desymptômes d'apparence organique - convulsions, paralysies, douleurs physiques - et de manifestations psychiquespathologiques - hallucinations, délires, angoisses, etc.).

Les réponses de la médecine dite scientifique et de lapsychologie et psychiatrie qui s'en réclament ne permettent pas de comprendre cette souffrance qui s'exprime sousla forme de ce qu'on a le plus souvent caractérisé comme folie au sens de déraison et ne permettent pas de donnerun sens à des états morbides qui cependant ne détruisent pas en totalité le sujet qui les subit.

Là où la médecinene voulait voir que des lésions et causes organiques, des altérations du système nerveux qu'en droit la sciencedevrait parvenir à expliquer objectivement, positivement, Freud, après de longs tatônnements, des résistances etincertitudes, émet la double hypothèse qui fonde la psychanalyse: les symptômes morbides ont un sens que le sujetméconnaît, ils sont l'expression symbolique d'un conflit psychique qui trouve ses racines dans l'histoire infantile dusujet ( qui et toujours une histoire familiale dont la structure et celle du complexe d'oedipe où se constitue de façonà fantasmatique, symbolique et imaginaire le rapport au désir et à la loi, à l'interdit de la transgression) etconstituant des compromis entre le désir, l'exigence de satisfaction et la défense qui, schématiquement, provient àla fois de la moralité et des normes de la vie sociale mais aussi du rapport du sujet à lui-même dans l'intériorisationde la loi.

Le destin de l'inconscient et du sujet se joue ainsi entre affect et représentation, comme l'indique leconcept fondamental de pulsion qui lie le psychisme au corps.

Cette thèse liminaire ouvre ainsi un large champd'investigation, l'inconscient, dont il faut énoncer les lois propres afin de montrer quelle part de méconnaissanceconstitutive l'homme dans son rapport à ce qu'il nomme lui-même et l'autre.

Mais, Freud, n'échappant pas à ladomination sans partage du modèle scientifique de son temps, les sciences de la nature et le principe de causalitéqui est un principe explicatif, la biologie qui se développe considérablement à la fin du 19e ( rôle fondamental de lathéorie darwinienne), oscillera entre deux voies: justifier l'inconscient en l'érigeant en nature, usant ainsi desconcepts de causalité et de force mais aussi des concepts de la biologie, appréhender les phénomènes inconscientscomme production de signification qui font toujours l'objet d'un travail d'interprétation, comme par exemple le rêve.Ces difficultés de méthode (naturalisme d'un côté, herméneutique de l'autre) que nous ne faisons plus soulignerpartageront les héritiers et autres qui depuis discutent la théorie freudienne de l'inconscient dont il ne faut jamaisoublier que les effets pratiques, thérapeutiques et institutionnels (là encore objet de mille et une controverses). Considérant à partir de Freud que la psychanalyse est une théorie générale des névroses nous pouvons exposerschématiquement cette théorie au moyen de quelques concepts fondamentaux, puis examiner la question classiquedu déterminisme psychique et à partir de la critique non moins classique de Sartre qui, tout au moins dans "L'être &le néant", nie la réalité de l'inconscient pour lui substituer ce qu'il nomme la "mauvaise foi" comme conduite denégation et de fuite vis-à-vis de soi-même, affirmant ainsi contre tout déterminisme le caractère inaliénable de laliberté dans un monde aliéné. I ) Quelques concepts fondamentaux. 1) Découverte de l'inconscience et méthodes. Il y a un mythe fondateur de la psychanalyse.

Ce n'est pas Freud qui découvre la voie pour accéder à l'inconscientmais Bertha Appenheim plus connue sous son nom de cas clinique Anna O.

Celle-ci, nous sommes en 1880, alors âgéde 21 ans, d'origine viennoise, très vive et intelligente, souffre de symptômes hystériques, liés à la maladie de sonpère (paralysie de trois membres, troublent de la vue et du langage, comportements très opposées, soit calme etrangée, soit insupportable pour son entourage, etc.).

Elle est soignée par Breuer, médecin viennois qui travaille avecFreud sur les maladies nerveuses.

Mais Breuer, troublé par les relations affectives produites par la cure (ce queFreud nommera transfert ou relation d'amour du patient à l'analyste), prend peur et, sous la pression de sa femmejalouse dit l'histoire, s'enfuit à Venise pour une seconde lune de miel, dit toujours l'histoire.

En ce sens, la cureéchoue, Freud qui est allé à Paris entre temps et qui prend connaissance de ce cas par Breuer va tirer deconséquence des échecs dans les traitements des maladies nerveuses : d'une part les méthodes utilisées pour faireparler les patients, la méthode cathartique et hypnotique, puis la méthode par suggestion ne sont pas satisfaisantespuisqu'elles ne font que soulager momentanément le patient et d'autre part le rôle de la vie affective et surtout dela sexualité a été ignorée ou plus ou moins consciemment écarté dans l'étiologie des névroses.

Telles sont les deuxobservations, énoncées notamment en 1885 dans les " Etudes sur l'hystérie ", ouvrage écrit en collaboration avecBreuer duquel il se sépare par la suite.

Ainsi Freud retiendra-t-il du cas Anna 0.

que la cure analytique est une curepar la parole (talking cure) dont il faut préciser la forme et que l'origine des névroses est infantile (traumatisme ettroubles affectifs qui se répètent par suite à l'insu du sujet) et sexuelle, thèse qui fera scandale très rapidementdans la Vienne catholique et conservatrice de l'époque. La règle fondamentale de la psychanalyse sera baptisée du nom de méthode de libre association qui pose que lesujet, allongé sur un divan et ne faisant pas face au psychanalyste, s'interdit de procéder à une critique morale etintellectuelle des idées qui se présentent malgré lui à la conscience.

Il faut ainsi souligner l'importance primordiale dela parole comme voie d'accès à l'inconscient, parole qui ne relève, dit Freud, ni de la magie, ni de la conversation, nide la confession. La thèse de la nature et de l'origine sexuelle des névroses comporte plus de difficultés encore puisque Freud se. »

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