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L'IDÉE D'OBJET

Publié le 16/03/2011

Extrait du document

   Décrire dans leur spécificité les cinq sensations :    « Chacun de nos sens ne connaissant jamais ce que connaissent les autres sens, jamais ce qui est commun à tous les sens, comme l'égal ou l'inégal, l'un et le plusieurs, et, en bref, le monde unique que nous croyons connaître par leur moyen, jamais rien de tout cela ne sera connu par un des sens, ni par aucune autre partie du corps, aucune partie ne pouvant être ce que sont les autres. «    On voit donc la nécessité d'un principe unifiant : unité théorique de l'objet, qui dépasse la simple liaison empirique.    A) Pas de fait avant l'idée    Pas d'étendue visuelle ou tactile avant l'étendue. La perception d'un être réduit au toucher ne serait pas concevable : « toucher un solide, c'est à la fois être arrêté par lui et n'être pas arrêté par lui, c'est toucher et en même temps connaître par la vue un autre acte de toucher comme possible; toucher c'est en même temps voir. «

« « Disons donc que lorsque nous disons que nous voyons un plan, nous voulons dire que nous jugeons, d'aprèscertaines sensations visuelles, que notre toucher serait assujetti, si nous faisions certains mouvements, à unecertaine loi.

» Je n'arrive pas à voir la chose que je touche : je ne vois que la chose que je touche : « Voir, c'est penser qu'on touchera, qu'on entendra, qu'on goûtera, et non autre chose : toucher, c'est penserqu'on verra, qu'on entendra, qu'on goûtera, etc...

» Donc, voir, toucher, c'est déjà penser. « Il n'est qu'un moyen d'expliquer et de prévoir l'accord final entre les déductions mathématiques et l'expérience,c'est de faire voir que la Nature suppose elle-même, si elle est présentée à une conscience, les principes et lesdéductions que l'on retrouve dans la connaissance réfléchie.

» Percevoir, c'est connaître quelque chose que ni le toucher, ni l'œil, ni aucun de nos sens, ne peuvent sentir : la loiqui unit ce qu'éprouve l'un de nos sens à ce que l'autre éprouve ou éprouvera.

Et il n'y a pas pour nous d'autreobjet que cette loi-là.

Ce que nous appelons les choses, c'est réellement la représentation d'une relation entre nossensations et nos mouvements : connaître un objet, c'est connaître une loi.

C'est pourquoi les objets que je voisdans le miroir sont identiques pour moi aux objets que je vois directement : ce que je connais quand je vois un objetdans un miroir, c'est que si je marchais dans telle direction, en faisant à peu près tel nombre de pas, et si j'étendaisla main, j'éprouverais telles impressions tactHes; et c'est cette anticipation de mes impressions tactiles que j'appelleimage visuelle.

Aussi quand je dis que les images des objets dans le miroir sont trompeuses, je veux dire qu'enmarchant et en étendant la main, je ne trouve pas sous mes doigts ce que j'attendais.

L'image visuelle, dans lemiroir, et dans tous les cas, est donc une règle pour toucher tel objet.

Cette règle détermine des mouvements demes jambes et de mes bras, c'est-à-dire la position de l'objet : connaître la position de l'objet, c'est connaître lesmouvements que j'ai à faire pour l'atteindre. Donc l'espace est antérieur aux choses; l'objet n'est objet que par la connaissance du lieu.

La première idée d'unobjet est donc celle de l'univers sans objet déterminé.

Avant tout objet, idée d'une loi qui unit toutes les sensationspossibles à tous mes mouvements possibles.

Dans cette loi je distinguerai d'autres lois, dans l'univers des objetsd'où : — identité de l'espace du géomètre et de celui où sont les choses pour nous; idée d'un espace homogène où tousles mouvements sont possibles; (cf.

notre imagination des régions ultra-stellaires). — infinité de l'espace : l'idée d'espace vide précède nécessairement toute expérience; à aucune expérience(mouvement en ligne droite) l'espace ne saurait manquer; — indivisibilité : la connaissance des parties de l'espace présuppose un tout de l'espace, qui ne saurait donc êtresomme de parties, ou divisé en parties.. Dans le tout de l'univers, découvrir des objets : relations déterminées entre telles et telles sensations.

Pour cela,connaître l'effet de tel mouvement, donc le faire.

Ce mouvement est réalisé avant son contenu; quand je pose lepoint, je dis qu'une position a été position avant d'être tel objet; j'ai conçu des lieux avant de savoir ce qui y était;donc, pure position sans qualité premier, terme de notre connaissance d'un objet déterminé. De même la ligne droite exprime bien que la pure action est antérieure à toute action.

Pour découvrir cette loi quiunit des sensations à des sens, et qui est tout ce que j'appelle représentation d'objet il faut bien que j'achèved'abord un mouvement.

Comme ma connaissance du monde va de l'ensemble aux détails, de l'objet en général auxobjets particuliers, il faut bien que je détermine quelques positions avant de les déterminer toutes, que je mereprésente le tout d'un mouvement sans me représenter les positions intermédiaires; et je n'aurais pas alors deuxmatières de passer d'un point à l'autre.

Ainsi, j'ai déterminé des positions dans le monde en y traçant des droites :je n'ai pas pu connaître tout d'un coup (et ne peux encore connaître) tout le détail des réponses que je connais lemieux.

Donc abstraction, qui ira en diminuant? Mais l'Univers a dès le début été l'Univers.

Nous refusons de voir ainsi parce que nous peuplons l'espace de menaces, de richesses.

Mais en réalité nous nepouvons atteindre le divers infini de la « nature »: comparé au réel où nous vivons, ce divers est une abstraction. Le savant a eu raison en traçant d'avance une courbe simple pour traduire le mouvement d'une planète, car c'estseulement par rapport à cette courbe simple qu'il pourra apercevoir ce qu'il appellera les perturbations. J'écris sur une table rectangulaire.

Je pense qu'elle est rectangulaire, et aussitôt je pense qu'elle n'est pasexactement un rectangle, je perçois d'abord une droite, puis je distingue des détails et des sinuosités; mais c'estseulement par rapport à une droite tracée que je puis percevoir le non-droit; car si je commençais par percevoir enquoi le bord de cette table n'est pas droit, je n'aurais pas encore fini de la percevoir, et Zénon rirait avec raison demoi, puisque je voudrais achever, en les parcourant, l'énumération des détails de cette table, lesquels ne sont pasen nombre fini. Quelque chose que j'aie à connaître, il faut que j'en connaisse d'abord un schème abstrait et simplifié; alors. »

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