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Faut-il tolérer toutes les idées ?

Publié le 04/03/2004

Extrait du document

•    Quel est le sens du sujet ? Est-il nécessaire de laisser toujours à chacun la liberté d'exprimer ses idées, et ce quelle que soit l'idée ? Tout est-il tolérable ?

•    Dans quelle problématique nous engageons-nous ? Est-ce que la tolérance ne doit pas comporter des limites ? Devant la force des idées, ne faut-il pas poser certaines bornes juridiques quand la libre expression des idées permet de véhiculer l'intolérable ? Que l'on songe aux idées racistes, révisionnistes, etc.

  • Définition des termes:

-    falloir (faut-il): être l'objet d'une nécessité. il faut : il est nécessaire ; -    tolérer : par opposition à l'attitude fanatique, vouloir laisser à chacun la liberté d'exprimer ses opinions ou idées, méme quand on ne les partage pas. Ne pas contraindre, ne pas exercer une force contre une opinion ou idée lorsqu'elle est contraire à la nôtre ; -    toutes les : la totalité, sans exception ; -    idées : représentations intellectuelles, opinions.

  • A. Il faut tolérer toutes les idées. 
 — Liberté et tolérance. — Le respect d'autrui.
  •  B. On ne doit pas tolérer toutes les idées.
 — Le problème du scepticisme.  — Le dynamisme des idées les conduit parfois à être négatives ou intolérables.
  •  C. De la tolérance au droit.
 — Le combat, par le raisonnement, contre les idées mauvaises.  - Lorsque l'idée devient acte et qu'elle est dangereuse, il faut la combattre avec la loi.  

« • Les limites de la tolérance : si les idées sont des éléments qui échappent au contrôle des esprits et prennentpossession des peuples, alors des conséquences graves peuvent advenir.

Le « socialisme scientifique » peut setransmuter en goulag et le national-socialisme en camps de la mort.

Alors, comment devrait-on admettre toutes lesidées ? Il est des idées qui font mourir, qui conduisent au génocide et à la mort des peuples.

Il y a aussi des idéesqui nient, qui annulent indûment, comme le Révisionnisme par exemple, qui nie l'existence réelle des camps deconcentration.C'est dire la force des idées : elles sont puissantes, elles peuvent être violentes et, par conséquent, nous nedevons pas admettre toutes les idées.

Il faut nécessairement poser des limites à cette acceptation d'autrui et deses représentations.

Le respect des âmes et des consciences n'implique nullement l'acceptation de tout.

Latolérance ne peut être que limitée et conditionnelle.

La tolérance absolue est absurde et l'on ne saurait tolérertoutes les idées.

N'y a-t-il pas, en effet, un paradoxe de la tolérance ? Si l'on est d'une tolérance absolue, mêmeenvers les intolérants, et qu'on ne défende pas la société tolérante contre leurs assauts, les tolérants serontanéantis, et avec eux la tolérance.

» (K.

Popper, La Société ouverte et ses ennemis).Mais, en ce cas, si l'on ne doit pas tolérer toutes les idées, que s'ensuit-il ? Faut-il réprimer par la force et laviolence les idées qui ne sont pas nôtres et que nous ne partageons pas ? Nous aboutirons alors à une conséquenceinacceptable.

Si, tout à l'heure, tolérer tout conduisait au scepticisme, maintenant, nous sommes proches dufanatisme.

Ainsi, la thèse et l'antithèse sont également aporétiques et gênantes pour l'esprit. • De la tolérance au droit : bien que tolérer toutes les idées puisse comporter des aspects choquants, il fautreconnaître que tout n'est pas faux dans le thème d'une admission des idées relevant de la seule instance de laconscience individuelle.

Ne faut-il pas, ici, sous forme d'une nécessaire synthèse, faire une distinction plusapprofondie en ce qui concerne les idées ?Tant qu'une idée reste une idée et ne se transmute pas en comportement, nous pouvons, à vrai dire, et devonsmême l'accepter et la reconnaître.

Elle est puissante et dynamique, mais doit encore être « tolérée », même si elles'avère inacceptable.

D'où une tolérance très prudente.

Nous admettrons seulement, avec Spinoza, que les penséeset idées ne peuvent être contraintes.

Comment apporter la violence à celui qui énonce telle ou telle idée ? Si elleest inacceptable, fuyons-les, lui et son idée.

Combattons son idée, mais par la pensée et la force du raisonnement.Si l'idée inacceptable devient comportement et non plus contenu de conscience, si elle tend à s'actualiser en acteet à se déployer en une tendance dynamique, selon le mouvement qui lui est propre et que nous venons desouligner, alors comment pourrait-on et devrait-on accepter l'inacceptable ? Les idées et pensées ne doivent pasêtre contraintes, elles doivent être « tolérées » mais, quand le territoire de la conscience et de l'idée se transformeen affaire publique, alors le droit et la loi doivent se substituer à la tolérance individuelle et énoncer quelles idées nepeuvent pas et ne doivent pas être « tolérées ».

Ainsi l'incitation au racisme peut être dangereuse.À ce moment, l'idée, cessant d'être un simple contenu individuel, rentre dans un champ collectif et doit êtreréprimée par la loi.

Ici le droit inclut et dépasse l'ancienne tolérance.

A lui de décider, puisqu'alors l'idée se manifestedans un champ historique choquant.

Au fond, si l'idée porte atteinte elle-même au respect de la personne et si elletend à s'extérioriser en acte, alors le droit doit se substituer au principe de la tolérance de la conscience.Faut-il tolérer toutes les idées ? Non, car il est des limites à la tolérance, tout spécialement quand l'idée, pleine deson dynamisme, cesse d'être une représentation pour se faire action.

Alors, nous ne devons pas la tolérer mais lacombattre avec la loi, avant qu'elle ne nous emporte dans son grand flot meurtrier.

Il est des idées dangereusespour l'humanité, qu'il faut combattre avec la force de la loi, quand elles dépassent la conscience pour se fairecomportements. • Conclusion : si tolérer toutes les idées est une exigence rationnelle, toutefois nous ne devons pas tolérer l'intolérable.

La tolérance comporte des limites qu'il importe de reconnaître et doit, par moments, se transmuter endroit et en lois juridiques.. »

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