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l'île des esclaves acte 1 scène 1 (fin de la scène d'exposition)

Publié le 09/06/2013

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  Marivaux, L’Ile des esclaves – Acte I scène 1 Fin de la scène :  depuis « Badin, comme vous tournez cela «   Introduction. Marivaux est un écrivain du 18ième siècle. Ce n’est pas un philosophe des Lumières mais la plupart de ses œuvres montrent qu’il partage les idées de ce mouvement littéraire. Son œuvre littéraire est importante puisqu’il écrira 38 pièces de théâtre, 7 romans et de nombreux essais ou articles de journaux.  Dans L’île des esclaves, publiée en 1725, Marivaux met en place une « utopie « : le maître, Iphicrate, est tenu de jouer le rôle du serviteur ; et le valet, lui, est tenu de jouer le rôle du maître. Ce renversement se produit à la faveur de l’arrivée d’Iphicrate et Arlequin sur cette île étrange appelée « Île des esclaves «.  Dans la scène 1, précisément, Iphicrate vient de se rendre compte qu’il est sur une île qui menace son pouvoir, et il vient d’en informer son esclave, Arlequin. Ce dernier profite de ce qu’il vient d’apprendre pour savourer par avance le sort qui lui est réservé. Et, si les rôles semblent encore bien établis, Arlequin manifeste déjà une vraie liberté qui remet en question l’ordre du maître.     Les thèmes abordés dans cette scène d’exposition Le but d’une scène d’exposition est d’informer le spectateur sur l’histoire qui va se dérouler devant lui notamment sur les personnages et les thèmes abordés. Les personnages d’Iphicrate et d’Arlequin à Arlequin : Ce personnage apparaît conforme à son rôle. C’est un personnage connu du public, il vient de la Commedia dell’arte. Au début de l’extrait, il s’exprime par la chanson et montre ainsi sa joie de vivre. Il est vif d’esprit et toutes ses répliques le montrent bien, notamment lorsqu’ils assimilent les coups de bâtons de son maître à des marques d’amitié (lignes 12). Les termes utilisés ou les situations évoquées rappellent son statut: « Mon cher patron «. Cette expression montre qu’il reste, pour l’instant le valet mais la deuxième partie de la phrase est ironique, c’est l’ironie du valet qui sait que son maître ne peut plus rien contre lui. àIphicrate est le « maître « comme le suggère son nom d’origine grecque qui veut dire celui qui exerce la violence par la force. Son statut  nous est donné à travers le langage qu’il utilise càd le  langage d’un maître vis-à-vis de son esclave, de celui qui a le pouvoir contre celui qui ne l’a pas. Iphicrate, lui-même, rappelle son statut lorsqu’il dit : « Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ? « (l 24) Arlequin le dit aussi clairement : « Ah ! vous parlez la langue d’Athènes, mauvais jargon que je n’entends plus. « (l22).  Cette « langue d’Athènes « est en fait la manière dont les maîtres s’adressaient à leurs serviteurs avant qu’ils n’échouent sur cette île. C’est celle qui le fait traiter Arlequin d’ « insolent « : « Esclave insolent ! « La relation maître - serviteur L’objet de cette dispute est la prise de pouvoir puisque chacun veut pouvoir influer sur l’autre. Pour Iphicrate, il s’agit de conserver son pouvoir de maître.  Il va ainsi utiliser un certain nombre d’arguments afin de ramener Arlequin sous son autorité. Des arguments comme : L’intelligence : « Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin. « L’amour : « Eh ne sais-tu pas que je t’aime ? « La nécessité : « Mais j’ai besoin d’eux, moi. « Ou encore : L’insolence (et donc l’impolitesse et le manque d’éducation de son esclave) : « Esclave insolent ! « L’indignation :  « Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ? « / L’indignation : «  Juste Ciel ! Peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable, tu ne mérites pas de vivre. «  En outre, les didascalies qui concernent Iphicrate sont toutes des didascalies qui mentionnent les « états d’âme « du maître et qui montrent qu’il va de la colère au désespoir. Iphicrate est de plus en plus fragilisé car il est en train de perdre son  pouvoir de maître. Du côté d’Arlequin, on peut dire, au contraire, qu’il y a une forme de « conquête «  symbolique sur Iphicrate, qui passe elle aussi par le langage.  -      Ainsi « mon cher patron « répond à « mon cher Arlequin «… Comme si, d’emblée, Arlequin voulait se situer sur un même pied d’égalité : celui de la relation « d’égal à égal «. -      On remarque également  le passage du « vouvoiement « au « tutoiement «…  D’une réplique à une autre, le passage se fait brutalement : « Ah ah, vous parlez la langue d’Athènes, mauvais jargon que je n’entends plus. « Nous sommes encore dans le vouvoiement puis à Puis, à la réplique suivante : « Je l’ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te le pardonne : les hommes ne valent rien. Dans le pays d’Athènes, j’étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste… « Ce tutoiement est une conquête, car il montre bien qu’Arlequin est en train de conquérir le pouvoir, ce que montre bien la dernière réplique de l’extrait  « Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t’obéis plus, prends-y garde. « Les didascalies concernant Arlequin paraissent plus sobres pourtant, elles traduisent en fait la prise de distance progressive du personnage vis-à-vis de son « maître «… Depuis « en badinant « jusqu’à « Il s’éloigne «, qui est la dernière, il s’ émancipe progressivement…   Un jeu comique au service d’un renversement de situation   Le renversement de situation L’insolence d’Arlequin et les craintes d’Iphicrate annoncent clairement une nouvelle relation entre eux : les rôles  sont désormais inversés et les privilèges du maître semblent désormais abolis  Ce renversement de situation va se faire en plusieurs étapes. -      Arlequin commence en effet par « congédier « le gourdin de son maître : « Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là, et le gourdin est dans la chaloupe. « C’est la première étape de sa rébellion. -       La deuxième étape de cette révolte concerne la remise en question de « l’amitié « : « Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. « . Cette façon de s’affranchir de l’amitié de son maître est une façon de s’affranchir, l’air de rien, de l’emprise de son maître. -      Enfin la troisième étape est un moment important, puisqu’il s’agit en fait de l’affranchissement du respect qui est dû au « maître «, un respect qui se marque dans le langageà  les répliques sont très inégales, et le volume de discours de chacun est inversement proportionnel à leur importance sociale. Arlequin parle beaucoup plus que son maître. Le valet a mis définitivement « hors-jeu « son maître… Et cette « mise hors-jeu « se fait évidemment sentir à travers -      la déclaration solennelle : « Dans le pays d’Athènes, j’étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort : « Eh bien, Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour « -      la dernière réplique d’ Arlequin : « Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t’obéis plus, prends-y garde. « Le jeu comique Le comique dans cette scène oscille entre 2 tons : Le ton de la farce avec la personnalité d’Arlequin qui parle, rit et chante sur scène. Il est effronté et n’hésite pas à se moquer de son maître notamment aux lignes 7 à 9 :« Mon cher patron , vos compliments me charment ; vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là, et le gourdin est dans la chaloupe. « Le ton de l’ironie avec la fausse pitié d’Arlequin à l’égard d’Iphicrate « Doucement … « (lignes 46-47)   D’autres aspects de cette scène sont comiques : Nous sommes ici dans une utopie qui amuse et dépayse le spectateur : l’exotisme (à l’île) et le XVIIIe sont réunis /  les noms des personnages sont anachroniques (Arlequin et Iphicrate). La présence du personnage d’Arlequin est aussi un gage de comique. L’action devient très vite spectaculaire grâce au renversement des rôles  et cela crée un suspense chez le spectateur qui a envie d’en savoir plus.   Conclusion. Cette fin de première scène est donc particulièrement intéressante et efficace. Intéressante dans la mesure où  Marivaux propose une situation précise, assez banale, opposant le maître et son esclave, le maître et son valet, scène que l’on retrouve fréquemment dans les comédies. Mais dans cette scène le dramaturge propose un renversement des rôles entre maître et valet. Efficace car elle suscite la curiosité du spectateur. En perdant les moyens de revoir Athènes, Arlequin acquiert l’espoir de changer de condition. Tout porte à croire qu’il ne laissera pas passer sa chance de connaître un jour, une existence plus favorable. Ouverture Ecrite au siècle des Lumières, on peut voir dans ce début de pièce à travers le naufrage du  navire sur lequel se trouvaient les personnages un élément plus symbolique, à savoir un renversement de l’ordre social. Thème que l’on retrouve chez d’autres dramaturges de ce siècle comme Beaumarchais avec Le Mariage de Figaro. 

« Commedia dell'arte.

Au début de l'extrait, il s'exprime par la chanson et montre ainsi sa joie de vivre.

Il est vif d'esprit et toutes ses répliques le montrent bien, notamment lorsqu'ils assimilent les coups de bâtons de son maître à des marques d'amitié (lignes 12). Les termes utilisés ou les situations évoquées rappellent son statut: « Mon cher patron ».

Cette expression montre qu'il reste, pour l'instant le valet mais la deuxième partie de la phrase est ironique, c'est l'ironie du valet qui sait que son maître ne peut plus rien contre lui. àIphicrate est le « maître » comme le suggère son nom d'origine grecque qui veut dire celui qui exerce la violence par la force.

Son statut  nous est donné à travers le langage qu'il utilise càd le  langage d'un maître vis-à-vis de son esclave, de celui qui a le pouvoir contre celui qui ne l'a pas. Iphicrate, lui-même, rappelle son statut lorsqu'il dit : « Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ? » (l 24) Arlequin le dit aussi clairement : « Ah ! vous parlez la langue d'Athènes, mauvais jargon que je n'entends plus. » (l22).  Cette « langue d'Athènes » est en fait la manière dont les maîtres s'adressaient à leurs serviteurs avant qu'ils n'échouent sur cette île.

C'est celle qui le fait traiter Arlequin d' « insolent » : « Esclave insolent ! » La relation maître - serviteur L'objet de cette dispute est la prise de pouvoir puisque chacun veut pouvoir influer sur l'autre. Pour Iphicrate, il s'agit de conserver son pouvoir de maître.  Il va ainsi utiliser un certain nombre d'arguments afin de ramener Arlequin sous son autorité.

Des arguments comme : L'intelligence : « Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin. » L'amour : « Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? » La nécessité : « Mais j'ai besoin d'eux, moi. ». »

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