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L'illusion est-elle une erreur de perception ?

Publié le 01/02/2004

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illusion
L'illusion aggravée Cependant, n'y a-t-il pas des cas où le sujet perçoit bien ce qui est, tout en affirmant paradoxalement que cela n'est pas ? Et comment rectifier une illusion quand l'illusionné perçoit déjà bien ce qu'il y a à percevoir ? Bref, l'illusion est-elle la présentation à l'esprit d'une perception erronée, ou est-elle plus fondamentalement une incapacité de l'esprit à admettre la réalité qu'il perçoit pourtant bien ? L'illusion, n'est-ce pas la perception soumise au désir plutôt qu'au réel ? La réponse de Rosset L'illusion est l'incapacité d'admettre la perception du réel " Telle est bien la structure fondamentale de l'illusion : un art de percevoir juste mais de tomber à côté dans la conséquence. " Clément Rosset, Le Réel et son double (1976), avant-propos. Problématique L'illusion est-elle une perception erronée, ou plutôt une incapacité de l'esprit à admettre ce qu'il perçoit, c'est-à-dire le réel ? Explication Une faculté anti-perceptive ? L'homme possède l'étonnante aptitude de refuser de percevoir ce qui contredit son désir. En effet, quand ce qui est perçu contredit une croyance que le sujet n'est nullement disposé à remettre en question, la faculté perceptive se bloque.

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De l'antiquité grecque jusqu'aux investigations phénoménologiques du XXième siècle, le combat séculaire de la philosophie a été de supprimer l'illusion, l'erreur et leur racine dans l'entendement. Toutefois, il faut se garder de confondre illusion et erreur. En effet, l'illusion possède une consistance propre et n'est pas irréelle et chimérique. L'illusion est une apparence trompeuse et procède d'un mécanisme perceptif particulier ou d'un fait de structure psychologique, par exemple: un bâton plongé dans l'onde me semble brisé. Ce fait nous montre la nécessité de l'illusion qui, dans le cas présent, provient de la différence des indices de réfraction de l'air et de l'eau. L'illusion d'optique ou de perception n'engendre pas d'emblée l'erreur: elle la suggère simplement en se jouant de moi. Toutefois, je reste théoriquement libre des jugements que je porte sur elle. Dans l'exemple précèdent, si je suis informé du phénomène physique, je me garde d'affirmer que le bâton est brisé. L'illusion n'est pas susceptible de correction quelque soit le jugement que j'y porte. A l'inverse de l'erreur que je puis corriger. L'illusion est un donné nécessaire et non susceptible de variation dans la perception en elle-même, je ne peux que modifier mon jugement à son égard. L'illusion ne se limite pas au domaine de la perception. En effet, les données de l'affectivité engendrent un autre type d'illusion.

illusion

« Explication Une faculté anti-perceptive ? L'homme possède l'étonnante aptitude de refuser de percevoir ce qui contredit son désir.

En effet, quand ce qui estperçu contredit une croyance que le sujet n'est nullement disposé à remettre en question, la faculté perceptive sebloque.

Par ce refus de perception, la conscience entend se mettre à l'abri du réel et ne rien céder de son opinionou de son désir.

« Ceci - que je crois percevoir - n'est pas », se dit l'illusionné.

Cette protection fonctionne si bien,que les incessants démentis qu'oppose la réalité à l'opinion constitueront, paradoxalement, autant de confirmations.Ainsi Belize , se croyant aimée de tous les hommes, voit-elle dans leurs dénégations répétées autant de preuves deleur timidité à lui avouer leur flamme...

« Oui à la chose perçue, non aux conséquences qui devraient normalements'ensuivre » : l'illusion est comme une « perception inutile », conclut Rosset. Débat et enjeu L'illusion incurable ? On voit alors la difficulté - sinon l'impossibilité - qu'il y a à déprendre quiconque de ses illusions.

En effet, l'illusionnévoit bien la réalité (Belize entend les dénégations), mais refuse d'accorder ses actes et sa pensée à sa perception.Comment montrer à l'illusionné ce qu'il voit déjà ? Freud rencontrera cette difficulté, pour autant que le refoulementconstitue bien un cas particulier de refus de perception (on ne veut rien savoir de ce qu'on perçoit).L'épistémologue Karl Popper s'y confrontera aussi, en analysant les stratégies immunisantes qui permettent auxthéories pseudo-scientifiques (freudisme, marxisme...

) d'échapper à toute réfutation, en retournantsystématiquement toutes les observations contraires en autant de confirmations. Accepter le réel En science comme en philosophie, la pensée exige, en cas de conflit, de préférer le réel à notre opinion.

Mais entant qu'elle traite de l'existence humaine et du réel dans sa totalité, la philosophie affronte sans doute lesrésistances les plus importantes. « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» POPPER L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvreplus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaillevraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences commel'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marxpeuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique »propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifiqued'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère dedémarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pourtoutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, aumoyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doitpouvoir être réfuté par l'expérience.

»A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était lecaractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant entirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellementvalides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » etdoit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelleà partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience,est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissionsavoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

»Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigencesauxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, êtresynthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxième lieu, il devrasatisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter unmonde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autremanière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde del'expérience.

»La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilementtestés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par. »

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