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Une image ne peut-elle pas etre une certaine forme d'accès au réel ?

Publié le 02/01/2006

Extrait du document

Une image est facticité redoublée.             Cf. République livre X : 3 sortes de lit : 1- le « concept » de lit, le lit en soi ou en général 2- le lit construit par l'artisan d'après l'Idée 3- l'image du lit faite par l'artiste d'après le lit construit par l'artisan.             Ainsi, Platon, au nom de la connaissance vraie (celle qui saisit l'unité, le permanent par-delà le multiple et le changeant), condamne les eidolon : ils détournent les esprit de ce qui est vrai, c'est-à-dire beau, juste et bien.   Transition : Une image n'est une forme d'accès au réel, mais au contraire, attachement aux formes sensibles qui n'ont une réalité moindre en comparaison de l'être en soi des idées. Toutefois, on sait aussi que l'ontologie platonicienne posent que l'être sensible est lui même comme une image du monde intelligible. Ainsi, on pourrait grâce à une image, et en saisissant son contraste vis-à-vis de ce qu'elle n'est pas mais qu'elle représente, avoir une forme d'accès au réel. Une image, en tant qu'elle est re-présentation, ne nous permet-elle pas, via une description simplifiée du réel, de mieux l'appréhender ?   2-      Une image facilité l'accès au réel en n'en retenant que les traits principaux   a)      une image offre une vision synthétique du réel Le discours procède par succession, par étapes. Ainsi il fait preuve d'articulation logique et possède en cela une valeur explicative.

Analyse du sujet et problématique

-          « accès au réel « = action de parvenir à appréhender une réalité dont l’approche peut faire difficulté.

-          Réel peut vouloir dire : 1- Vrai, effectif 2- existant. Différence tient à l’implication de la subjectivité :  réel est dans le 1er cas, en soi, indépendant de moi, dans le 2nd cas, pour soi, (une idée farfelue n’en est pas moins réelle pour celui qui la pense)

-          Tout le problème tient à ce que l’image est conçue sur le mode de la copie : une image est un reflet , un double auquel il vaut mieux préférer le réel, c’est-à-dire l’original.

-          Toutefois,  une image peut aussi être une forme simplifiée du réel nous permettant ainsi d’appréhender celui-ci plus facilement.

-          Il faut donc se demander, étant donné la complexité du réel, si une image peut ou non être un médium efficace pour en rendre compte ou si ce travail est le domaine réservé de l’intelligence.

« faut faire, nous pouvons simplement contempler.

Ainsi, il y a épuration des passions ( catharsis ) produite grâce à l'image : je peux, face au spectacle tragique, appréhender ce qu'est le malheur sans le vivre (ou le vivre mais parprocuration, c'est-à-dire sans en subir personnellement les conséquences).

Or lorsque je vis réellement le malheur, ilm'est difficile de le connaître.

Ainsi, le coléreux qui voit le spectacle de la colère peut alors se rendre compte qu'elleest hors de toute mesure ( hubris ), ou bien qu'elle peut tel Ajax, le mener à sa perte, au déshonneur ; en contraire, ce même coléreux en colère se laisse porter par sa passion. Transition :· Loin d'être, comme le pense Platon, ce qui nous détourne du réel, l'image permet de commencer à le connaître (= sorte de propédeutique). · Cependant , on voit que l'image nous dispense aussi de réfléchir : elle constitue un abrégé de la connaissance, qui a, par rapport aux concepts, l'avantage de solliciter les sens, le corps, — ce qui renforce sonimmédiateté.

En un mot, elle nous met dans un certain état de passivité : alors que le discours exige de la patience et de l'effort, l'image donne un résultat immédiat.. · Conséquence : Une image peut-elle seule constituer une forme d'accès au réel ou bien lui faut-il le secours de la pensée ? Auquel cas, qui, de l'esprit ou des sens, fait quoi, et comment s'y prend chaquefaculté ? Travaillent-elles séparément ? Conjointement ? 3- UNE IMAGE COMBLE LES LACUNES DU CONCEPT Bergson remarque que nous avons besoin de l'art et donc d'images parce que nous ne pouvons tout voir. Nous avons une vision partielle du réel et l'art est justement là pour compenser cette lacune.

En effet, nous ne voyons des choses que ce que nous pouvons en faire ; notre vision du réel est pratique . a) Une image rend compte de « l'essentiel inaperçu » [1] Les concepts nous éloignent de la réalité.

Avec le penseur abstrait, comme le dit Kierkegaard, « on n'aime pas, on ne croit pas, on agit pas, mais on sait ce qu'est l'amour, on sait ce qu'est la foi… ». Ainsi, l'impressionnisme s'est donné pour tâche de révéler ce que nous voyons de la réalité par-delà ce que nous en savons .

Monet : « il est faux que les objets aient une forme.

Il n'y a pas la meule ou la cathédrale ou le peuplier ; il y a la meule et la cathédrale à telle heure et sous tel éclairage ».

Autrement dit, l'image restitue notre rapport primitif, presque charnel et immédiat aux choses : elle fait état du réel avant que la réflexion et son outillage conceptuel, logique et pragmatique, ne s'en empare [2]. b) L'image est un complément de l'intelligence : Si l'image nous apprend ce que l'intelligence tend à nous faire négliger, ce n'est pas pour autant que la connaissance doive être restreinte à l'esthétique.

Pour reprendre les mots de Kant : « les intuitions sans conceptssont aveugles et les concepts sans intuitions sont vides ».

En d'autres termes, ce que nous révèle l'image, ce n'est pas l'intuition aveugle, mais ce qui remplit le concept, ce sans quoi l'intelligence s'exercerait à vide. En effet, la connaissance du réel implique la généralisation et celle-ci a des règles (a besoin d'une méthode scientifique) ; cependant, une fois généralisée ou systématisée, le réel est vidé du particulier .

Or, comme le dit Kierkegaard critiquant la philosophie systématique qui se vante d'expliquer la réalité alors qu'elle fait abstraction del'existence : « Penser l'existence sub specie aeterni , c'est essentiellement la supprimer » ( Post-scriptum non scientifique et définitif aux miettes philosophiques, III, §1 ).

Ainsi, l'image aurait pour fonction de donner vie aux systèmes, de les faire exister.

[1] Expression empruntée à Alphonse Gratry (1805-1872)[2] Exemple : l'art nous révèle que nous voyons en perspective : dans les couloirs du Lycée, je vois que les portes ne sont pas à hauteur égale et pourtant je ne pense pas une seule seconde qu'elles ne le sont pas car je sais qu'elles sont de hauteur égales.

Autrement dit, le peintre restitue ce que nous voyons tel que nous le voyons alorsque le concept nous en éloigne.. »

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