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L'imagination n'est-elle que maîtresse d'erreur et de fausseté ?

Publié le 05/03/2004

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«Imagination. - C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité si elle l'était infaillible du mensonge. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux«. (Pensées, II, 81) Parmi les facultés de l'homme [voir notion «la conscience«], la raison permet en principe la connaissance objective, mais les hommes cèdent le plus souvent à leur imagination. Celle-ci est d'autant plus redoutable qu'elle ne se laisse pas reconnaître comme telle. Pour échapper à l'imagination, il faudrait raisonner, mais comment puis-je distinguer si je raisonne véritablement ou si j'imagine que je raisonne? Manière de dire que les hommes - y compris ceux qui se croient les plus rationnels - s'entretiennent en permanence dans des illusions qu'ils créent eux-mêmes. Dans la lignée de Montaigne, Pascal met donc en évidence la faiblesse de nos facultés de connaître, ce qui explique que pour lui, l'issue soit dans la foi et non dans la raison.Le texte de Pascal est une bonne référence pour mettre en question les pouvoirs de la raison [voir aussi Sextus Empiricus]. Contre l'optimisme de Descartes, confiant dans les progrès à venir de la science, Pascal déclare «Descartes, inutile et incertain «.
L'imagination, c'est l'esprit perdant le contact avec la réalité. L'imagination peut être une vertu dans les arts mais, en science, elle n'est qu'un facteur d'erreur. MAIS, l'imagination permet à l'esprit de dépasser la réalité immédiate et de se déployer librement. Il n'y a pas de création intellectuelle sans imagination.

  • I) L'imagination n'est qu'une maîtresse d'erreur et de fausseté.
a) L'imagination déforme la réalité. b) L'imagination est la folle du logis. c) L'imagination est un produit des passions.

  • II) L'imagination n'est pas qu'une maîtresse d'erreur et de fausseté.
a) La raison doit être imaginative. b) Sans imagination, l'esprit ne crée pas. c) L'imagination est un signe de liberté (Sartre).
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« "Et pour rendre cela très manifeste, jeremarque premièrement la différence qui estentre l'imagination et la pure intellection ouconception.

Par exemple, lorsque j'imagine untriangle, je ne le conçois pas seulement commeune figure composée et comprise de troislignes, mais outre cela je considère ces troislignes comme présentes par la force etl'application intérieure de mon esprit ; et c'estproprement ce que j 'appelle imaginer.

Que si jeveux penser à un chiliogone, je conçois bien àla vérité que c'est une figure composée de millecôtés, aussi facilement que je conçois qu'untriangle est une figure composée de trois côtésseulement ; mais je ne puis pas imaginer lesmille côtés d'un chiliogone, comme je fais lestrois d'un triangle, ni, pour ainsi dire, lesregarder comme présents avec les yeux demon esprit.

Et quoique, suivant la coutume quej'ai de me servir toujours de mon imagination,lorsque je pense aux choses corporelles, ilarrive qu'en concevant un chiliogone je mereprésente confusément quelque figure, toutefois il est très évident que cette figuren'est point un chiliogone, puisqu'elle ne diffère nullement de celle que je mereprésenterais, si je pensais à un myriogone, ou à quelque autre figure de beaucoupde côtés ; et qu'elle ne sert en aucune façon à découvrir les propriétés qui font ladifférence du chiliogone d'avec les autres polygones.

Que s'il est question deconsidérer un pentagone, il est bien vrai que je puis concevoir sa figure, aussi bienque celle d'un chiliogone, sans le secours de l'imagination ; mais je la puis aussiimaginer en appliquant l'attention de mon esprit à chacun de ses cinq côtés, et toutensemble à l'aire, ou à l'espace qu'ils renferment.

Ainsi je connais clairement que j'aibesoin d'une particulière contention d'esprit pour imaginer, de laquelle je ne me serspoint pour concevoir; et cette particulière contention d'esprit montre évidemment ladifférence qui est entre l'imagination et l'intellection ou conception pure.

» Descartes, « Méditations métaphysiques », VI.

Le plus souvent, le texte extrait d'un ouvrage de Descartes est étroitement lié aucontexte, mais a aussi sa valeur en lui-même et en est dans une certaine mesureisolable.

C'est le cas ici.

Son dessein essentiel est de prouver l'existence des chosesmatérielles, mais, comme il le précise dans l'Abrégé des Méditations : .

Dans laSixième, je distingue l'action de l'entendement d'avec celle de l'imagination ; lesmarques de cette distinction y sont décrites».

A vrai dire, la faculté d'imaginer estbeaucoup plus large et complexe que celle qui définit notre texte et Descartesanalyse ailleurs ce que nous appelons imagination reproductrice et imaginationcréatrice.Ce dont il est question en ce début de la Sixième Méditation, c'est de l'imagination entant que la faculté de connaître s'applique à notre corps auquel elle est intimementconjointe.

Dans les Réponses aux cinquièmes objections, Descartes écrit à Gassendi :«Les facultés d'entendre et d'imaginer ne sont pas seulement selon le plus et lemoins, mais comme deux manières d'agir totalement différentes.» C'est ce qu'il établitsur l'exemple de figures géométriques.

Par l'acte d'imaginer, je ne forme passeulement l'idée du triangle comme une figure composée de trois lignes quicomprennent ou enferment un espace, mais je me les rends présentes.

Toutefois, sije considère un polygone à de nombreux côtés, très vite le pouvoir de l'imaginationmarque ses limites, alors que celui de l'entendement, de l'intellection pure ouconception, ne paraît pas en avoir.

Il peut former une idée claire et distincte dupolygone à mille côtés ou chiliogone aussi aisément que celle du triangle.

Enrevanche, s'il est dans la nature de l'imagination de ne pouvoir s'appliquer à deschoses corporelles sans s'en faire une image, elle sera la même pour le chiliogone oule myriogone ou polygone à dix mille côtés, ce qui revient à dire que l'image de l'un etde l'autre sera entièrement confuse.

Et, par conséquent, la représentationimaginative ne pourra, à la différence de la conception, m'apporter la moindreconnaissance sur ces figures. Pour Malebranche, elle est «la folle du logis».

Elle brouille les idées claires et distinctes.

Pour Pascal, elle «marque du. »

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