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IMAGINATION ET METAPHYSIQUE ?

Publié le 27/02/2008

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Dans un premier temps il souligne que le fondement de la métaphysique dans l'imagination transcendantale n'est pas un fondement de fait mais est bien une racine dont les souches surgissent et qui s'appuie sur elle et tire d'elle sa consistance. Ce que Heidegger propose c'est bien dans une certaine mesure de réduire l'intuition pure et la pensée pure à l'imagination transcendantale. Tout en étant lui-même conscient que cette interprétation - étant donnée surtout la seconde édition de La Critique de la Raison Pure - n'était à proprement parler pas kantienne, Heidegger nous permet de penser la possibilité d'une métaphysique qui serait fondée sur l'imagination - fondation qui rendrait possible l'unité originelle de la synthèse ontologique, fondation qui serait elle-même racine implantée dans le temps. Ainsi métaphysique et imagination ne sont plus exclusifs, ne s'opposent plus, bien au contraire il devient même possible par le biais de l'imagination transcendantale de penser l'imagination comme un fondement possible de la métaphysique. Si la possibilité du fondement de la métaphysique dans l'imagination peut sembler un OVNI philosophique, ceci nous invite donc à penser à nouveau frais le rapport imagination / métaphysique et plus précisément imagination productrice / métaphysique.               Le concept d'imagination productrice peut à nouveau se distinguer en deux formes de l'imagination : imagination productrice au sens transcendantal, et imagination productrice au sens de créatrice. D'où notre dernière question : dans quelle mesure l'imagination créatrice dans le cadre de la création et du langage poétique peut-elle être considérée comme un mode d'accès aux objets de la métaphysique ? Peut-on même dans ce cadre penser la possibilité d'une métaphysique de l'imagination ? Cette question pour Kant n'a aucun sens, Kant récuse toute légitimité à une entreprise qui use du langage poétique, de l'appel à l'imagination donc en vue de concevoir ce qui a trait à la métaphysique. C'est ainsi que dans Sur un ton supérieur pris en philosophie, Kant se lance dans une attaque en règle moins contre Platon que contre les Platoniciens qui « veulent nous abuser (AK VIII 399) par des sentiments ( présentiments), c-a-d par l'élément subjectif qui ne donne absolument aucun concept de l'objet, pour nous promettre éternellement l'illusion d'une connaissance de l'objectif qui s'applique au transcendant.

« sensible, il semble bel et bien qu'imagination et métaphysique soient exclusives l'une de l'autre.

Quel est le rapport dès lors entre imagination et sensation ? Aristote dans Le traité de l'âme au chapitre 3 en 427b14 définit l'imagination (phantasia) dans un premier temps de façon négative.

« La phantasia, dit-il, est autre que la sensation et que la pensée discursive.

Mais, précise-t-il, elle n'arrive pas sans sensation.

» L'imagination est distincte de la sensation ; mais sans sensation point d'imagination.

Pour démontrer la différence entre imagination et sensation, Aristote utilise trois arguments. 1) La sensation est toujours présente, non la phantasia – que l'on peut comprendre en deux sens : la sensation se trouve chez tous les animaux contrairement à l'imagination ; l'imagination peut produire des images sans qu'il y ait pour autant sensations. 2) Si la sensation et la phantasia étaient la même faculté, tous les animaux devraient la posséder – ce qui n'est pas le cas. 3) La sensation est toujours vraie alors que l'imagination est souvent trompeuse. Cette distinction ne l'empêche pas de définir l'imagination comme représentation imprécise, comme « sensation affaiblie » (Cf Rhétorique I, 11, 1370a28).

Il n'y aurait donc entre imagination et sensation qu'une différence de degré ET non pas une différence de nature.

C'est comme ça qu'il est possible de comprendre l'anecdote dont nous fait part ALAIN dans Le Système des Beaux Arts , page 345 : « Beaucoup ont comme ils disent dans leur mémoire l'image du Panthéon et la font aisément paraître à ce qu'il leur semble.

Je leur demande de bien vouloir compter les colonnes qui portent le fronton ; or non seulement ils ne peuvent les compter mais ils ne peuvent même pas l'essayer.

Or cette opération est la plus simple du monde, dès qu'ils ont le Panthéon réel devant les yeux.

Que voient-ils donc, lorsqu'ils imaginent le Panthéon ? Voient-ils qqch ? » Ainsi si l'imagination est sensation affaiblie, il semble dans cette perspective que la métaphysique et l'imagination entretiennent un rapport d'exclusion : le sensible contre le supra-sensible. La question néanmoins qui s'impose à nous est la suivante : l'imagination n'a-t-elle rien avoir avec la métaphysique en tant que sensation affaiblie ou est-elle entrave, obstacle à la connaissance métaphysique ? Pourquoi obstacle ? Si l'imagination, comme l'indique Aristote, a part avec le sensible, voire nous ancre dans le sensible, ne peut-on pas la considérer comme un obstacle à la métaphysique dès lors qu'elle serait puissance qui nous détourne du supra-sensible, de l'intelligible ? Cette image du détournement, on la retrouve essentiellement dans le mythe de la Caverne en République VII en 514a. « Représente toi des hommes dans une sorte d'habitation souterraine en forme de caverne.

Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de la caverne vers la lumière.

Les hommes sont dans cette grotte depuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu'ils restent sur place et ne peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête à cause de leurs liens.

» Ces liens contraignent les hommes à regarder les marionettes, les contraignent à regarder non pas les objets fabriqués mais leurs ombres.

Les hommes donc ont leurs regards détournés par les liens.

Si l'on considère l'imagination comme la capacité à se forger des perceptions affaiblies, il semble possible de pouvoir réinterpréter ce mythe comme une critique de l'imagination.

L'ombre serait donc le fruit de l'imagination de l'homme.

L'imagination serait dans une certaine mesure ce qui contraint l'homme à rester ancré, voire anglué dans le sensible.

L'imagination est détournement du regard humain qui au lieu de regarder par delà les apparences du sensible, se cantonne aux images des images. L'imagination serait anti-métaphysique en tant qu'elle détourne l'homme de ses aspirations originaires au supra-sensible.

A l'instar de Platon, Malebranche dénonce le pouvoir de l'imagination comme témoignant, accusant l'inversion du rapport existant entre l'âme et le corps à la suite du péché originel.

Notons que pour Malebranche comme pour Aristote, imagination et sens ne diffèrent que du plus ou moins.

L'imagination passive qu'il distingue de l'imagination active du géomètre est la faculté d'imaginer, autrement dit de penser par « les yeux du corps » ( Recherche de la Vérité – préface) L'imagination est la pensée du corps.

Ainsi imaginer c'est renforcer le lien existant entre l'âme et le corps et par conséquent amoindrir, diminuer l'union de notre esprit avec Dieu.

En ce sens l'imagination est corruptrice et entrave le rapport âme/Dieu.

Ainsi l'imagination serait enfermement de l'âme dans le corps, et entrave à l'ouverture de l'âme à Dieu.

Cette ancrage dans le corps et le corporel opéré par l'imagination serait donc obstacle à la connaissance métaphysique. Cependant cette conception de l'imagination comme perception amoindrie, comme ancrée et ancrage dans le sensible, comme reproduction de ce qui est déjà est loin de subsumer tout ce qu'implique l'imagination.

Peut-on limiter borner l'imagination. »

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