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L'imagination est-elle nécessairement trompeuse ?

Publié le 10/01/2004

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Est-ce l'imagination qui porte à rêver des romans ou des désirs inassouvis? Les fantasmes ne sont-ils pas, plutôt que des productions de l'imagination, des images déformées par quelque désir déréglé? On peut penser que l'imagination n'est pas responsable de ces dérèglements. 4) Plus radicalement, en ce qui concerne l'aptitude de l'imagination à faire apparaître les choses autrement qu'elles ne sont, il faut faire justice des vieux arguments sceptiques relatifs aux apparences. L'image qui se forme pour nous d'un bâton à demi-plongé dans l'eau est fonction de la réfraction des rayons lumineux, celle que nous avons du soleil, qu'un doigt suffit à occulter, de la distance de la terre au soleil. Savoir la réfraction, c'est comprendre que le bâton à demi-immergé ne saurait nous apparaître autrement et que l'image que nous en formons est une image du phénomène de réfraction. De même, la distance d'un objet et sa taille étant données, sa grandeur apparente dépends nécessairement de l'angle sous lequel nous le voyons. Les apparences ne sont pas trompeuses: elles sont au contraire fondées dans la nature des choses. L'imagination ne nous trompe pas; c'est nous, qui nous trompons. CITATIONS : « L'imagination est la folle du logis.

« L'imagination est la plus grande puissance d'erreur qui se puisse trouver enl'homme, et dont il ne peut se défaire.

Si elle était toujours fausse, il suffiraitd'en prendre le contre-pied pour trouver la vérité, mais nous ne savons jamaissi ce qu'elle nous représente est réel ou irréel.

N'étant pas la règle infaillible dumensonge, elle ne peut l'être de la vérité.

Elle représente le vrai et le fauxavec la même indifférence.

Sa puissance de persuasion est infinie, mêmeauprès des hommes les plus sages et les plus raisonnables.

Elle emportel'assentiment par surprise et sans difficulté.

Les plus beaux discours de larhétorique ne sont pas ceux qui parlent à notre raison mais à notre coeur.

Laraison calcule, soupèse, compare, mesure, établit des rapports, mais elle estincapable de "mettre le prix aux choses".

C'est l'imagination qui nous faitestimer, blâmer, aimer ou détester, et non pas la raison dont elle se joue sansefforts.

L'imagination a produit en l'homme une seconde nature : "Elle remplitses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison." 3) Lorsqu'on affirme que l'imagination est trompeuse, il se peut d'ailleurs quenous l'accusions à tort.

Est-ce l'imagination qui peuple certaines nuits demonstres ou bien plutôt l'angoisse et la peur? Est-ce l'imagination qui porte àrêver des romans ou des désirs inassouvis? Les fantasmes ne sont-ils pas,plutôt que des productions de l'imagination, des images déformées par quelque désir déréglé? On peut penser que l'imagination n'est pas responsable de ces dérèglements. 4) Plus radicalement, en ce qui concerne l'aptitude de l'imagination à faire apparaître les choses autrement qu'ellesne sont, il faut faire justice des vieux arguments sceptiques relatifs aux apparences.

L'image qui se forme pour nousd'un bâton à demi-plongé dans l'eau est fonction de la réfraction des rayons lumineux, celle que nous avons dusoleil, qu'un doigt suffit à occulter, de la distance de la terre au soleil.

Savoir la réfraction, c'est comprendre que lebâton à demi-immergé ne saurait nous apparaître autrement et que l'image que nous en formons est une image duphénomène de réfraction.

De même, la distance d'un objet et sa taille étant données, sa grandeur apparentedépends nécessairement de l'angle sous lequel nous le voyons.

Les apparences ne sont pas trompeuses: elles sontau contraire fondées dans la nature des choses.

L'imagination ne nous trompe pas; c'est nous, qui nous trompons. 5) SARTRE : l'imagination, manifestation de la libertéPour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantalede la conscience.

Il est aussi absurde de concevoir une conscience quin'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourrait effectuer lecogito ».

Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables.L'imagination est la fonction irréalisante de la conscience.

En effet, lorsque jeperçois un objet réel, je le perçois comme élément d'un ensemble qui est laréalité totale.

Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis commeprésent et en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmes présents,c'est-à-dire avec le monde.

En revanche, quand j'imagine ce même objet, jel'isole des autres et le saisis comme absent.

Certes, je sais que cet objetexiste réellement, mais en tant que je l'imagine, je le vise là où il ne m'est pasdonné.

Dès lors je le saisis « comme un néant pour moi ».

Ainsi donc imaginerest un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanémentisoler et anéantir un objet.

Mais poser l'objet comme un néant par rapport aumonde, c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapportà l'image.

Car « poser une image c'est constituer un objet en marge du réel,c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier ».L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sanselle, la conscience serait « engluée dans l'existant ».

C'est pourquoil'imagination est liberté. CITATIONS : « L'imagination est la folle du logis.

» Malebranche, De la Recherche de la vérité, 1674-1675. « Imagination — C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autantplus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « Les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les imaginent plutôt qu'ils ne lesconnaissent.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Il est vraisemblable que le principal crédit des miracles, des visions, des enchantements et de tels effetsextraordinaires, vienne de la puissance de l'imagination agissant principalement contre les âmes du vulgaire, plusmolles.

» Montaigne, Essais, 1580-1588.. »

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