Devoir de Philosophie

L'imagination est-elle toujours un défi à la logique ?

Publié le 05/03/2004

Extrait du document

L'imagination nous permet d'échapper à la réalité. Pour ce faire, l'imagination doit s'affranchir de la cohérence logique, de la continuité et du principe de réalité lui-même. Mais, loin de défier systématiquement la logique, l'imagination peut la seconder en lui fournissant un terrain d'expérimentation. Une invention doit être imaginée avant d'être réalisée.

  • I) L'imagination est toujours un défi à la logique.
a) Il y a plusieurs logiques. b) Imaginer c'est défier la raison. c) L'imagination est libératrice.

  • II) L'imagination n'est pas toujours un défi à la logique.
a) La fiction obéit à la logique. b) Même le rêve, la folie ont une cohérence. c) L'imagination épaule la raison en art comme en science.
.../...

« d'un chiliogone, sans le secours de l'imagination ; mais je la puis aussi imagineren appliquant l'attention de mon esprit à chacun de ses cinq côtés, et toutensemble à l'aire, ou à l'espace qu'ils renferment.

Ainsi je connais clairement quej'ai besoin d'une particulière contention d'esprit pour imaginer, de laquelle je neme sers point pour concevoir; et cette particulière contention d'esprit montreévidemment la différence qui est entre l'imagination et l'intellection ouconception pure.

» Descartes, « Méditations métaphysiques », VI.

Le plus souvent, le texte extrait d'un ouvrage de Descartes est étroitement liéau contexte, mais a aussi sa valeur en lui-même et en est dans une certainemesure isolable.

C'est le cas ici.

Son dessein essentiel est de prouver l'existencedes choses matérielles, mais, comme il le précise dans l'Abrégé des Méditations :.

Dans la Sixième, je distingue l'action de l'entendement d'avec celle del'imagination ; les marques de cette distinction y sont décrites».

A vrai dire, lafaculté d'imaginer est beaucoup plus large et complexe que celle qui définit notretexte et Descartes analyse ailleurs ce que nous appelons imaginationreproductrice et imagination créatrice.Ce dont il est question en ce début de la Sixième Méditation, c'est del'imagination en tant que la faculté de connaître s'applique à notre corps auquelelle est intimement conjointe.

Dans les Réponses aux cinquièmes objections,Descartes écrit à Gassendi : «Les facultés d'entendre et d'imaginer ne sont passeulement selon le plus et le moins, mais comme deux manières d'agir totalementdifférentes.» C'est ce qu'il établit sur l'exemple de figures géométriques.

Parl'acte d'imaginer, je ne forme pas seulement l'idée du triangle comme une figurecomposée de trois lignes qui comprennent ou enferment un espace, mais je meles rends présentes.

Toutefois, si je considère un polygone à de nombreux côtés,très vite le pouvoir de l'imagination marque ses limites, alors que celui del'entendement, de l'intellection pure ou conception, ne paraît pas en avoir.

Ilpeut former une idée claire et distincte du polygone à mille côtés ou chiliogoneaussi aisément que celle du triangle.

En revanche, s'il est dans la nature del'imagination de ne pouvoir s'appliquer à des choses corporelles sans s'en faireune image, elle sera la même pour le chiliogone ou le myriogone ou polygone à dixmille côtés, ce qui revient à dire que l'image de l'un et de l'autre seraentièrement confuse.

Et, par conséquent, la représentation imaginative nepourra, à la différence de la conception, m'apporter la moindre connaissance surces figures. Pour Malebranche, elle est «la folle du logis».

Elle brouille les idées claires et distinctes.

Pour Pascal, elle«marque du même caractère le vrai et le faux» et nous induit le plus souvent en erreur.

Autrement dit,j'imagine toujours ce qui n'est pas (la réciprocité des sentiments, l(attachement exclusif de l'être aimé, etc.).Comment puis-je, dès lors, trouver la satisfaction et le bonheur si ce que je tiens pour vrai n'est que le purproduit de mon imagination, si je ne suis plus maître de ma raison, de mes sens, de ma volonté? L'imagination est libératriceL'imagination doit être illogique, car elle a justement pour fonction de nous libérer du principe de réalité.

«Ellerend heureux les fous», rappelle Pascal.

Elle nous rend libres, selon André Breton.

Pour Freud, l'imagination,telle qu'elle apparaît dans le rêve, est un exutoire de l'inconscient.

Elle réalise ce que la réalité, avec salogique, interdit. Le grand analyste de l'imagination, Gaston Bachelard (1884-1962), montre que l'imagination est une puissancequi, plus que toute autre, plus que la puissance de la raison, de la volonté, du désir, «spécifie le psychismehumain».

Elle est, dit-il, «l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de la nouveauté.» (L'Air et lessonges).

Grâce à elle, l'esprit s'ouvre sur un monde qui, bien qu'étant nouveau, ne lui est pas étranger.

Aucontraire, l'imagination est ce par quoi l'esprit crée un univers qui lui appartient en propre.

Freud, dans uneoptique très différente, montrera également le primat de l'imagination (principe de plaisir) sur la réalité toujours déjà frustrante (principe de réalité).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles