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Incipit des Confessions, livre I à IV, Rousseau.

Publié le 12/09/2006

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rousseau

Jean Jacques Rousseau, écrivain et grand philosophe français du siècle des Lumières, décide en 1782 de publier Les Confessions. Cette œuvre fonde alors le genre moderne de l’autobiographie et constitue un texte marquant de la littérature française. Cette autobiographie est rétablie en plusieurs parties dont la première est Le Préambule (livres I à IV) qui retrace les années de Rousseau de 1712 à 1740. Nous nous intéresserons plus particulièrement à l’incipit de ce préambule. Ainsi, nous chercherons à savoir comment Rousseau se dévoile-il dans son œuvre. Pour cela, nous verrons tout d’abord comment cet auteur perçoit le genre autobiographique puis dans un second temps comment lui-même se représente-t-il à travers celle-ci. L’autobiographie est un genre littéraire bien précis où l’auteur raconte sa vie grâce à son propre passé. En effet «  autobiographie « est un mot d’origine grecque où «  auto « signifie «  soi «, « bio « veut dire «  vie « et «  graphie « désigne l’écriture. Ce genre littéraire a comme tout genre des buts pour l’auteur. La première intention de Rousseau par rapport à l’autobiographie est de se dévoiler et donc de se montrer tel qu’il est ou tel qu’il se voit. En effet, on peut tout d’abord observer le champ lexical du regard avec des termes comme : «  Je veux montrer « (l.2) ; «  j’ai vus « (l.4) ; « J’ai dévoilé mon intérieur  « (l.13) et «  tu l’as vu toi-même « (l.13). Ces mots ou expressions prouvent bien que le but de Rousseau est de se révéler maintenant. Effectivement, lorsqu’il a écrit son autobiographie, Rousseau avait environ 54 ans et il était le temps pour lui de se délivrer et de se justifier par rapport à certaines choses de son passé. Cependant, Rousseau se lavera toujours de ses fautes, expliquant que ce n’est pas de la sienne. En effet, il dit que dans son œuvre, il peut y avoir des choses bancales voire erronées mais, pour lui, ce sera un vide «  occasionné par mon défaut de mémoire «. Rousseau explique que pour lui la mémoire est malgré tout importante, car c’est ce qui nous rend impérissables. Effectivement, la mémoire, permet de se souvenir des choses passées, bonnes ou non et dans ce cas l’autobiographie à parfois la valeur de témoignages. Ici, Rousseau a voulu raconter sa vie car, pour lui, le fait que des personnes lisent son œuvre après sa mort le rend éternel. C’est donc le second but de Rousseau : « Etre éternel « (l.13) à travers son écriture. Il souhaite que d’ « innombrables foules « lisent ses confessions, ses pensées. Cela permet à Rousseau de voyager à travers le temps et l’espace. La preuve, nous sommes aujourd’hui en 2010 et nous étudions Les Confessions de Rousseau, cela veut bien dire que son œuvre a traversé les siècles, et c’est ce qu’il voulait. Il avait aussi l’intention de partager aux lecteurs les sentiments qu’il a vécu dans sa vie. Ainsi, Rousseau veut « qu’ils gémissent de ses indignités, qu’ils rougissent de ses misères « car il veut que le lecteur se rende compte de son passé. Pour cela, Rousseau utilise le pathétique. Même dans cet incipit qui n’est pas très conséquent, il use du « Pathos « lorsqu’il emploie le terme «  misère « par exemple.Il cherche à émouvoir ses lecteurs afin qu’ils se souviennent de lui et puisse donc être éternel dans la mémoire des personnes. Attention toutefois à ne pas trop se laisser entraîné vers le pathétique, car il faut rester les pieds sur terre afin de dire la vérité. Une autobiographie a donc pour but d’être vraie, elle est censée l’être car les lecteurs ne doivent pas être trompés par l’auteur et doivent donc avoir confiance en ce que celui-ci dit. Ainsi, Rousseau recherche la vérité. Cela se traduit tout d’abord par l’épigraphe «  Intrus et in cute « qui signifie en latin : «  Intérieurement et sous la peau «, on peut remarquer que cette phrase rappelle la vérité, à l’intérieur de soi («  Sous la peau «) et qu’elle est mise en relief par l’exclusion en haut à droite et par l’utilisation de l’italique. La vérité pour Rousseau est donc primordiale et très importante à ses yeux. Il y a également plus explicitement le champs lexical de la vérité : «  La vérité « (l.2) ; «  franchise « (l.9) ; «  sincérité « (l.16) et aussi avec la référence à le religion «  La trompette du Jugement dernier « (l.7). Le Jugement dernier est, selon certaines religions, le jour où tous les hommes ont du rendre compte de leurs fautes devant Dieu et donc ont dû être honnêtes. Ici, Rousseau dit qu’il fera face à ce jugement et qu’il n’a rien à se reprocher car il dit la vérité. Se pose alors la question justement de la franchise. Ce que dit l’auteur est-il juste ? Comment vérifier ses histoires ? Si on en croit Rousseau, certains passages risquent d’être falsifiés mais cela n’est pas de sa faute car il s’agit d’un «  défaut de mémoire « d’après lui. Effectivement, il se justifie par rapport à tout, car soit il n’est pas fautif, soit c’est parce qu’il se montre tel qu’il est, c'est-à-dire avec ses défauts aussi. On remarque qu’il ne se dit alors pas beaucoup de défauts. Effectivement, Rousseau, du moins dans cette œuvre, est un auteur très prétentieux et sûr de lui. Tout d’abord, il croit être le premier à faire son autobiographie. En effet, il dit que son «  entreprise « c'est-à-dire cette action d’écrire sa vie n’a jamais eu d’autres exemples que le sien et qu’il n’existe donc pas d’imitateurs possibles (l. 1). Il présente donc son ouvrage comme unique et cela de façon très catégorique. Il utilise ainsi des phrases affirmatives, ne laissant pas de places à une potentielle opposition. D’ailleurs, la première phrase de cet incipit, «  Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemples et dont l’exécution n’aura point d’imitateurs. « est claire, avec une ponctuation tranchante, c'est-à-dire le point ce qui montre encore une fois qu’aucune contestation est possible. Cependant, cela est faux, Saint Augustin par exemple a écrit son autobiographie entre 397 et 398, soit bien avant Rousseau.D’ailleurs, celle-ci s’intitulait  Les Confessions, comme quoi Rousseau n’a rien inventé et a peut-être même recopié sur son prédécesseur, Saint Augustin. Comme nous avons pu le constater, Rousseau trouve son œuvre singulière mais ce n’est pas tout puisqu’il se trouve lui-même également différent. En effet, il utilise des comparaisons où il se met systématiquement en valeur telles que : « Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. «. On voit d’ailleurs une oxymore entre «  bien « et « mal « qui appuie le fait que Rousseau, s’il fait des fautes, c’est à cause de la nature qui a «  briser le moule «, d’ailleurs cette expression nous fait penser à celle que l’on utilise avec les mères c'est-à-dire « couper le cordon «, qui signifie que les enfants deviennent autonomes et n’ont plus besoin de leurs parents. Ici, nous pouvons nous demander si Rousseau exerce une personnification sur «  la nature « qui rappelle sa mère, avec qui il a probablement eu des problèmes. Ainsi, nous remarquons que Rousseau a un côté romantique avec l’utilisation de la nature, des hommes et du « moi «. Effectivement, Rousseau parait dans cet incipit très orgueilleux, c'est-à-dire qu’il se met trop en avant et manque parfois d’humilité. Il utilise d’ailleurs assurément beaucoup de pronoms personnels, mais qui correspondent aux « je «, des adjectifs possessifs «  mon, ma, mes, m’ «. Ainsi, dans le premier paragraphe seulement, il y a 14 allusions à Rousseau de Rousseau: «  Je forme « (l.1) ; «  Je veux montrer « (l.1, 2) ; «  ce sera moi  « (l.2) … On remarque d’ailleurs que le premier mot du premier paragraphe et donc de l’incipit et donc du livre commence par «  Je « et que le dernier mot du premier paragraphe est «  moi «. On en déduis donc que Rousseau est vraiment quelqu’un d’orgueilleux d’autant plus qu’il occupe la place centrale et que personne ne doit lui faire de l’ombre : «  autour de moi « (l.14). On voit par ailleurs qu’il prétend avoir des défauts même s’il semble très sur de lui. Cependant, lorsqu’il dit dissocier le bien et le mal, on peut remarquer que Rousseau, pour s’identifier, utilise deux défauts « méprisable et vil « (l.12) alors qu’il utilise trois qualités : « bon, généreux, sublime « (l.13). D’ailleurs, cette annonciation d’idées positives est mise en relief avec l’utilisation de la gradation, qui est une figure de style et de l’hyperbole pour l’adjectif «  sublime « qui est un terme exagéré quand on se parle de soi même. Pour finir, Rousseau provoque les lecteurs en amenant une sorte de pari : «  Et puis qu’un seul te dire, s’il l’ose : Je fus meilleur que cet homme là «, cela montre bien ce que Rousseau pense de lui, déjà en se nommant à la troisième personne du singulier «  homme «. Cette phrase est placée à la fin de l’incipit, et mise en valeur comme pour l’épigraphe, c'est-à-dire en italique. Peut-être que ces deux phrases résument l’autobiographie de Rousseau c'est-à-dire le fait qu’il faux être juste et vrai quand on fait une autobiographie et aussi qu’il est vraiment prétentieux. En conclusion, Rousseau perçoit l’autobiographie comme un moyen de se libérer, de dire ce qu’il pense, mais aussi de se découvrir car on se découvre toujours au fur et à mesure selon nos expériences, notre évolution dans la vie. Il souhaite également par ce biais devenir éternel aux yeux du Monde. De plus, selon lui, une autobiographie doit être ou est censée être vraie, sans mensonge, exagération ou autres afin qu’un climat de confiance et de complicité s’installe entre l’auteur et les lecteurs. Cependant, Rousseau, dans cet incipit, parait très prétentieux et orgueilleux. En effet, il croit être le premier homme à écrire son autobiographie, il pense être le meilleur et défie la personne qui pense être meilleure que lui. Ainsi les questions qui se posent sont les suivantes : Rousseau sera-t-il prétentieux tout du long de son œuvre ? Est-ce une image qu’il veut se donner ? Si oui, pourquoi ? ( PS : A ce commentaire, j'ai reçu la note de 12/20 )

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