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L'INCONSCIENT (cours de philosophie)

Publié le 04/04/2009

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W. James a dit que la découverte de l'inconscient était la plus grande découverte psychologique du XIXe siècle. Mais il s'agit précisément de savoir si cette découverte est vraiment d'ordre psychologique ou, en d'autres termes, s'il existe un psychisme inconscient.
I. ANALYSE DE LA NOTION
- A - Origines.
Leibniz remarquait déjà qu'il y a «des perceptions dont on ne s'aperçoit pas«, distinguant ainsi la perception (qui peut être inconsciente) et l'aperception (consciente). Mais c'est avec Pierre Janet (L'automatisme psychologique, 1885) que l'attention fut attirée sur des phénomènes qui paraissaient incontestablement de nature psychique et qui échappaient cependant à la conscience (v. g., dans la suggestion post-hypnotique, l'obéissance d'un sujet à des consignes reçues pendant l'hypnose et oubliées). Vers la même époque, Freud fonde la psychanalyse, à la fois thérapeutique et théorie psychologique, sur la notion d'inconscient (Introduction à la psychanalyse, 1916).
- B - L'inconscient chez Freud.
La conscience est une lumière qui n'éclaire qu'une petite partie de la vie psychique. Celle-ci est constituée de pulsions dont la plupart sont donc inconscientes, qu'elles soient innées ou qu'elles résultent d'un «refoulement« opéré par la «censure«. Celles qui ont été conscientes ou peuvent le devenir appartiennent au «préconscient«. On peut distinguer des « pulsions de vie « et des « pulsions de mort « (Eros et Thanatos), l'énergie propre aux premières recevant le nom de libido. Le caractère fondamentalement sexuel de la libido explique le contenu essentiel de l'inconscient : il s'agit de tendances sexuelles que la censure refoule, notamment pendant l'enfance, parce que leur expression est difficilement compatible avec les exigences de la vie sociale, et qui forment dans l'inconscient des systèmes ou « complexes « (complexe d'Œdipe, complexe de castration).

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« L'INCONSCIENT La philosophie moderne et l'anthropologie contemporaine se sont souvent élevées contre l'affirmation du primat de la conscience.

Par sa méthode généalogique, NIETZSCHE s'est efforcé de mettre à jour les forces à l'œuvre sans les représentations consciemment énoncées (voir le recueil de textes choisis, texte no 74); à sa façon, en cherchant les déterminations historico-économiques des idées, MARX découvre des forces ignorées qui produisent ces idées (voir le texte no 71).

Dans les 2 cas, les représentations conscientes ne sont que les émanations travesties de forces dont l'efficience est ignorée.

De même, l'anthropologie s'est de plus en plus attachée à mettre en évidence les règles latentes d'organisation des sociétés et du fonctionnement des phénomènes culturels qui échappent à la conscience de ceux qui en participent.

Par exemple, le principe d'organisation de la langue reste en grande partie inconnu à celui qui parle, de même que les« structures élémentaires de la parenté».

Chacun se plie à ces règles, quoiqu'elles n'aient jamais fait l'objet d'un examen réfléchi.

Il serait donc possible, pour étudier la notion d'inconscient, de s'intéresser plus précisément à la méthode nietzschéenne, ou à L'idéologie allemande de MARX, ou à L'anthropologie structurale de LEVI-STRAUSS.

Pourtant c'est de l'inconscient dans la théorie freudienne que traite essentiellement votre manuel; - le choix est justifié : avec la psychanalyse, l'inconscient reçoit un statut beaucoup plus rigoureux et central que dans toute autre discipline.

Il faut même lui reconnaître la place de concept fondamental, celui qui permet la constitution de la théorie et de la pratique psychanalytiques, à tel point que l'emploi du terme inconscient en d'autres domaines n'est bien souvent qu'analogique.

«S'il fallait faire tenir en un mot la découverte freudienne, ce serait incontestablement en celui d'inconscient».

(Vocabulaire de la psychanalyse de LAPLANCHE et PONTALIS, P.U.F., article« inconscient»).

La notion d'inconscient était déjà, bien avant FREUD (1856-1939), usitée en littérature et en philosophie.

Il faut donc étudier ce que devient cette notion en psychanalyse pour qu'elle puisse être désignée comme la découverte de FREUD.

Avant d'aborder cette étude, il faut souligner que votre manuel expose certains épisodes de l'histoire de la psychanalyse, relate, souvent de façon fort caricaturale, ce qui se passe dans une séance ou dans une cure, rappelle toutes ces observations qui ont rendu indispensable aux yeux de FREUD l'affirmation de l'inconscient, mais qu'il n'en propose jamais une étude systématique.

Nous tenterons de combler cette lacune.

Autre remarque sur l'exposé de votre manuel: la psychanalyse depuis sa fondation n'a cessé d'être l'enjeu d'affrontements idéologiques, l'objet de constants réaménagements, de tentatives de déviation, le lieu d'innombrables scissions.

Il y eut bien des lectures de l'œuvre FREUD, marxistes ou spiritualistes entre autres; et il est remarquable que les auteurs de votre manuel citent aussi souvent que FREUD lui-même, un interprète français de FREUD, DALBIEZ (auquel, d'ailleurs, ils laissent le dernier mot!); leur exposé est en bien des endroits imprégné de cette interprétation.

La théorie freudienne, qui a fait une si grande place à l'interprétation, ne peut certainement pas y échapper ; il importe pourtant de revenir aux textes mêmes de FREUD afin de ne pas en affadir la nouveauté et la radicalité.

A propos du terme d'inconscient et des ambiguïtés qu'il renferme, Jacques LACAN (psychanalyste français contemporain auquel votre manuel réserve un développement sous le titre « psychanalyse et linguistique») écrit:« FREUD n'en a pas trouvé de meilleur, et il n'y a pas à y revenir.

Ce mot à l'inconvénient d'être négatif, ce qui permet d'y supposer n'importe quoi au monde, sans compter le reste ...

C'est pourtant chose précise» (J.

LACAN, Télévision, Seuil, p.15).

Voilà ce qu'il nous faut tenter de préciser: Dans son article l'Inconscient, publié en 1915 dans le recueil intitulé Métapsychologie, FREUD distingue d'abord l'inconscient au sens descriptif (Gallimard, collection «Idées», p.66 et suivantes); en effet : la conscience ne comporte à chaque moment qu'un contenu minime si bien que, mis à part celui-ci, la plus grande partie. »

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