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L'indifférence est-elle un principe pour la morale ?

Publié le 04/08/2005

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morale
L'impératif hypothétique commande comment il faut faire pour tuer quelqu'un, donc, pour atteindre une fin moralement négative : il est donc explicitement immoral. Le premier indique comment il faut guérir un malade, donc, comment atteindre une fin bonne (mais pas, pour autant, moralement bonne : la santé n'a rien à voir avec la morale, au sens où elle n'appartient pas de son domaine). Cette fin est donc amorale, comme l'impératif. ·         On comprend, dans cette perspective que l'indifférence en elle-même est étrangère à la morale, elle est en elle-même amorale. Elle ne conduit à la moralité ou à l'immoralité que de manière contingente : l'indifférent pourrait choisir la santé ou le meurtre. C'est donc l'usage de l'indifférence, ou du moins le visage dans lequel elle choisit de s'incarner qui fait sa moralité ou son immoralité.     III-       L'indifférence : une portée critique de la morale     ·         Le problème majeur que pose la question de savoir si l'indifférence appartient à l'immoral (et donc plus généralement au domaine de la morales lui-même) naît en réalité sur fond d'une critique de la morale elle-même. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'immoralisme nietzschéen qui tend à placer certains grands principes, chers à la morale, par-delà le bien et le mal (titre d'un des ouvrages de Nietzsche d'ailleurs). ·         Cette critique de la condamnation de l'immoralité de l'indifférence emporte avec elle, en effet, une critique global de la morale, morale chrétienne en ce qui concerne Nietzsche. ·         Pourtant, l'immoralisme de Nietzsche est lui aussi tout à fait relatif puisqu'il ne constitue pas le rejet de toute morale mais bien la substitution d'une autre morale.

Angles d’analyse

® L’indifférence se caractérise par le fait de ne pas être affecté, de n’éprouver aucun sentiment face à une situation ou une personne. Ainsi, on peut dire d’une personne qu’elle nous laisse indifférent lorsqu’elle ne nous préoccupe pas, lorsqu’on éprouve rien pour elle, tout comme on peut être indifférent à la beauté d’un tableau par exemple.

® Mais cette indifférence dès lors qu’on le fait entrer dans un cadre moral n’est pas sans poser des problèmes majeurs : comment en effet être indifférent à la misère d’un homme ? Car l’enjeu du sujet se situe, en réalité, du point de vue de la définition morale de la relation à autrui.

® C’est bien évidemment ma conduite, envisagée d’un point de vue morale, en tant qu’elle se rapporte à d’autres hommes qui est ici le point de mire de la question. Et l’indifférence (qui reste pour le moins indéterminé) porte en réalité surtout sur l’indifférence envers un individu pourtant humain. C’est en ce sens qu’il paraît le plus judicieux d’établir un débat critique sur le terrain de la morale.

® L’absence de sentiment face à la tristesse (et aussi face à la joie) de quelqu’un, ou l’absence d’affection en général pour tout ce qui entoure un sujet, fait-il de lui un être pour autant immoral ?

 

Problématique

 

Quelle est la nature morale de l’indifférence ? L’indifférence, en tant qu’on la définit en un sens générique comme absence d’affection, est-elle systématiquement immorale, c’est-à-dire à la fois dépourvue de toute moralité, mais encore contraire à la morale ? Est-il légitime de situer l’indifférence dans un discours moral, ou, à l’inverse, ne relève-t-elle pas d’un « au-delà « de la moralité qui fait que tout jugement de valeur moral sur l’indifférence ne serait pas fonder en droit ? C’est donc bien la nature même de l’indifférence qui est ici mise à la question, mais aussi la portée d’un discours moral et son champ d’extension légitime.

 

morale

« déjà parce que je nie, en ne la reconnaissant pas comme telle, la souffrance éprouvée parautrui, mais aussi parce que je suis moi-même aliéné puisque aucun sentiment ne m'anime. · En effet, on pourrait dans cette perspective l'analyse que fait Rousseau à propre de la pitié : « Je ne crois pas avoir aucune contradiction àcraindre, en accordant à l'homme la seule vertunaturelle, qu'ait été forcé de reconnaître leDétracteur le plus outré des vertus humaines.

Jeparle de la pitié, disposition convenable à des êtresaussi faibles, et sujets à autant de maux que nous lesommes; vertu d'autant plus universelle et d'autantplus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage detoute réflexion[...] Il est donc bien certain que lapitié est un sentiment naturel qui, modérant danschaque individu l'activité de l'amour de soi-même,concourt à la conservation de toute l'espèce.

»(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalitéparmi les hommes).

Si la pitié est une vertu naturellede l'homme, alors ce qui ne ressent rien, c'est-à-direcelui qui se trouve dans l'état d'indifférence la plustotale, est un être aliéné quant à sa propre nature. · En réalité, l'indifférence est, dans une seconde perspective (à savoir non plus seulement envers soi-même mais dans la relation à autrui), immorale voiredangereuse, puisqu'elle peut tout à fait s'incarner àtravers des actes de barbaries intolérables : prenons ainsi l'exemple de la torture, le bourreau (s'il veut tenir) doit bien rester indifférent à lasouffrance qu'il inflige ainsi à celui qu'il torture.

L'indifférence est immorale précisémentparce qu'elle a pour conséquence des pratiques tout à fait immorales qui consiste à refuserde votre en l'autre un être humain digne de pitié. · Mais niant ainsi l'autre, le bourreau se nie lui-même dans sa qualité d'homme : c'est en ce double sens qu'il faut comprendre que l'indifférence est immorale. II- L'indifférence ou l'amoralité · Pourtant, d'un point de vue purement objectif, ce n'est pas tant l'indifférence en elle- même qui est immorale que les conséquences qu'elle peut engendrer. · En effet, on peut être tout à fait indifférent à la souffrance d'un homme et pour autant lui apporter la charité.

En ce sens, l'indifférence est par nature non pas immorale maisamorale, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de rapport direct au discours sur la morale. · Ainsi, Kant appelle les impératifs non moraux, des impératifs conditionnels.

Ces derniers stipulent : « si tu veux… alors tu dois… ».

Ce sont encore des impératifs de l'habileté.

Ilsdisent comment atteindre telle fin.

Ils ne s'occupent que des moyens, pas des fins.

Cesimpératifs sont non moraux au sens où ils n'appartiennent pas au domaine de la morale (onemploie alors le terme d' « amoral »), mais non pas au sens où ils seraient contraires à lamorale (on emploie alors le terme d' « immoral »).

Toutefois, ils peuvent très bien glisser del'amoralité vers l'immoralité, et c'est pour cela qu'ils sont disqualifiés par Kant.Exemple : « Les prescriptions que doit suivre le médecin pour guérir radicalement son homme, cellesque doit suivre un empoisonneur pour le tuer à coupsûr, sont d'égale valeur, en tant qu'elles leur serventles unes et les autres à accomplir parfaitement leursdesseins.

» ( Kant , Fondements de la métaphysique des mœurs).

Dans cet exemple, se présentent deuxsortes de fins opposées : dans un cas, il s'agit d'unefin positive, la santé, dans l'autre, d'une finnégative, et cela, doublement, puisque cette fin estla mort, et même, le meurtre.

L'impératifhypothétique commande comment il faut faire pourtuer quelqu'un, donc, pour atteindre une finmoralement négative : il est donc explicitementimmoral.

Le premier indique comment il faut guérir unmalade, donc, comment atteindre une fin bonne(mais pas, pour autant, moralement bonne : la santén'a rien à voir avec la morale, au sens où ellen'appartient pas de son domaine).

Cette fin est doncamorale, comme l'impératif. · On comprend, dans cette perspective que l'indifférence en elle-même est étrangère à la morale,. »

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