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Individualisme et morale ?

Publié le 18/03/2004

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morale
    Je suis responsable même de la responsabilité d'autrui. Ce sont là des formules extrêmes qu'il ne faut pas dégager de leur contexte. Dans le concret, beaucoup d'autres considérations interviennent et exigent la justice même pour moi. Les lois écartent certaines conséquences pratiquement. Mais la justice n'a de sens que si elle conserve l'esprit du désintéressement qui anime l'idée de la responsabilité pour l'autre homme. En principe, le moi ne s'arrache pas à sa "première personne"; il soutient le monde. La subjectivité, se constituant dans le mouvement même où elle incombe d'être responsable pour l'autre, va jusqu'à la substitution pour autrui. elle assume la condition - ou l'incondition- d'otage. La subjectivité comme telle est initialement otage; elle répond jusqu'à expier pour les autres...     C'est moi qui supporte autrui, qui en suis responsable.
morale

« 1. Texte N.B.

Marx critique la Déclaration de 1789. "On distingue les droits de l'homme comme tels des droits du citoyen.

Qui est l'homme distinct du citoyen ? Nul autreque le membre de la société bourgeoise.

Pourquoi le membre de la société bourgeoise est-il appelé "homme", hommeen soi, pourquoi ses droits sont-ils appelés droits de l'homme? Par quoi expliquons-nous ce fait ? Par la relation del'Etat politique avec la société bourgeoise, par la nature de l'émancipation politique.

(...)La liberté est donc le droit de faire et d'entreprendre tout ce qui ne nuit à aucun autre.

La frontière à l'intérieur delaquelle chacun peut se mouvoir sans être nuisible à autrui est définie par la loi, de même que la limite de deuxchamps est déterminée par une palissade.

Il s'agit de la liberté de l'homme en tant que monade isolée, repliée surelle-même.Mais le droit humain à la liberté n'est pas fondé sur la relation de l'homme à l'homme, mais au contraire sur laséparation de l'homme d'avec l'homme.

Il est le droit à cette séparation, le droit de l'individu limité, limité à lui-même.L'application pratique du droit à la liberté est le droit humain à la propriété privée.En quoi consiste le droit de l'homme à la propriété privée? Article 16 (Constitution de 1793).

- "Le droit de propriétéest celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit deson travail et de son industrie."Le droit de l'homme à la propriété privée est donc le droit de jouir et de disposer de sa fortune arbitrairement (à songré), sans se rapporter à d'autres hommes, indépendamment de la société : c'est le droit à l'égoïsme.

Cette libertéindividuelle-là, de même que son application, constituent le fondement de la société bourgeoise.

A chaque hommeelle fait trouver en l'autre homme, non la réalisation, mais au contraire la limite de sa liberté.

Mais elle proclameavant tout le droit de l'homme "de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travailet de son industrie".Il reste encore les autres droits de l'homme l'égalité et la sûreté (...).La sûreté est le concept social suprême de la société bourgeoise, le concept de la police, selon lequel toute sociétén'est là que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de sapropriété.Par le concept de sûreté la société bourgeoise ne s'élève pas au-dessus de son égoïsme.

La sûreté est au contrairela garantie de son égoïsme.Aucun des droits dits de l'homme ne dépasse donc l'homme égoïste, l'homme tel qu'il est comme membre de lasociété bourgeoise, c'est-à-dire un individu replié sur lui-même, sur son intérêt privé et son bon plaisir privé, etséparé de la communauté." MARX, La question juive, trad.

M.

Simon, Aubier, pp.

99-109 (texte légèrement modifié).

Le bien-être et la satisfaction des plaisirs 2. Texte Amartya Sen, extraits de :"Ethique et économie"(1987) La seconde difficulté qu'offre la théorie du bien-être tient à l'interprétation particulière du bien-être que donnel'utilité.

Juger le bien-être d'une personne exclusivement à l'aune du bonheur ou de la satisfaction des désirscomporte certaines limitations évidentes.

Ces limites sont particulièrement néfastes dans le contexte descomparaisons interpersonnelles de bien-être, car le degré de bonheur reflète ce qu'on peut espérer et, parcomparaison, l'opinion qu'on a de l'état social présent.

Une personne qui a enduré le malheur pendant toute sa vie,qui a eu très peu d'opportunités et assez peu d'espoir, sera peut-être plus disposée à accepter des privations qued'autres personnes habituées à des conditions plus heureuses et aisées.

Prendre le bonheur comme unité demesure, c'est donc risquer de déformer la gravité des privations, d'une manière spécifique et assortie de préjugés.Le mendiant désespéré, l'ouvrier agricole aux conditions de vie précaires, la femme soumise à son mari, le chômeurendurci et l'homme de peine à bout de forces peuvent tous trouver du plaisir dans de petits bonheurs, et arriver àendurer d'intenses souffrances pour assurer leur survie, mais ce serait une grave erreur morale d'attacher unevaleur très faible à la perte de leur bien-être en raison de cette stratégie de survie.

Le même problème se posedans l'autre interprétation de l'utilité, celle de la satisfaction des désirs, car ceux qui sont prives de tout n'ont pasle courage de désirer beaucoup et, sur l'échelle de la satisfaction des désirs, leurs privations sont rabaissées etperdent toute valeur . Ce problème particulier que pose l'influence des circonstances contingentes sur la mesure de l'utilité ne fait quetraduire un problème plus fondamental, à savoir que le bonheur ou la satisfaction des désirs constitue un critèretrop superficiel pour évaluer le bien-être d'une personne.

Le bien-être est en fin de compte une questiond'évaluation, et si le bonheur et la satisfaction des désirs comptent certes beaucoup dans le bien-être d'unepersonne, ils ne peuvent pas — ni séparément ni même ensemble — refléter correctement la valeur du bien-êtreEtre heureux » n'est même pas une activité susceptible d'évaluation, et « désirer » est au mieux la conséquenced'une évaluation.

Il faut donc admettre plus directement la nécessité de l'évaluation dans l'estimation du bien-êtrePar conséquent, puisque la thèse de l'utilité en tant que seule source de valeur repose sur l'assimilation de l'utilitéet du bien-être, on peut la critiquer pour deux raisons :1) parce que le bien-être n'est pas la seule valeur ;2 )parce que l'utilité ne représente pas correctement le bien-être.Dans la mesure où nous nous intéressons à ce qu'accomplissent les individus, il se pourrait bien que, dans lejugement moral, l'accomplissement en matière d'utilité soit un critère partiel, inapproprié et trompeur ' TRANSITION 3. L'émergence des inégalités, parfois plus qu'honteuses,nous fait dire effectivement que l'individualisme est bien. »

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