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L'inégalité des hommes rend-elle impossible l'égalité des citoyens?

Publié le 07/07/2005

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HOBBES, Léviathan, 13 2.2 L'égalité est pensée différemment que l'on se réfère à l'homme naturel ou à l'homme civil. Il y a donc une relativité au coeur de la notion d'égalité. Elle est due au fait que l'égalité exprime une relation. Dans le cas de l'homme naturel, l'individu n'est en relation qu'avec lui-même, il forme une unité. Dans le cas de l'homme civil, l'individu n'est qu'une partie d'un tout formé par le corps social. « L'homme naturel est tout pour lui ; il est l'unité numérique, l'entier absolu, qui n'a de rapport qu'à lui-même ou à son semblable. L'homme civil n'est qu'une unité fractionnaire qui tient au dénominateur, et dont la valeur est dans son rapport avec l'entier, qui est le corps social. «  ROUSSEAU, L'Emile ou de l'éducation, I. Transition : Ces deux points de vue possibles de l'égalité nous invitent à réfléchir sur l'existence d'une inégalité au sein de la même sphère politique.

L'inégalité entre les hommes peut être comprise comme indiquant leur différence. Un homme sera plus riche qu'un autre, ils seront alors dits inégaux au regard de leurs biens. Un homme pourra en outre être plus apte qu'un autre à exercer une profession, ils seront dits inégaux au regard de leurs compétences. Une autre acception de l'inégalité tend à la rapprocher de l'injustice mais alors elle doit être bien distinguée de l'inégalité comprise comme différence. Il sera injuste et inégale que pour un même travail accompli le salaire ne soit pas équivalent alors qu'il ne sera pas injuste que le salaire soit moins important pour un travail moins bien accompli. L'égalité et l'inégalité dont il s'agit concernent la proportion qu'il y a entre une action et sa rétribution. Il ne s'agit pas de donner à tous la même chose mais de distribuer selon les mérites de chacun. L'égalité spécifiquement politique résidera dans la possession de droits, dans le partage du pouvoir égal à tous les citoyens. L'inégalité des hommes, au regard de leurs biens et de leurs aptitudes, tout comme l'égalité des citoyens (« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits « selon la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) semblent indéniables et pourtant leur coexistence n'est pas sans difficultés. L'inégalité selon les biens et les aptitudes ne remet-elle pas en cause la possibilité de l'égalité des citoyens ? Or de fait chaque homme devant la loi dispose des mêmes droits, l'égalité politique est donc établie mais dans les faits cette égalité peut être accompagnée d'une inégalité de biens ou d'aptitudes. Est-il légitime d'accorder à des êtres différents les mêmes droits ? Les différentes sortes d'égalité doivent-elles s'accorder entre elles ou être conçues séparément ? Face au problème de la conciliation entre ces différentes égalités plusieurs solutions se présentent. Soit l'égalité des citoyens est fondée sur une égalité naturelle et dans ce cas l'état civil n'est que le prolongement d'un état de nature. Soit l'égalité des citoyens ne peut être établie en raison d'une inégalité entre les hommes. Soit l'inégalité entre les hommes et l'égalité des citoyens doivent être strictement distinguées afin que la seconde soit possible malgré la première. Soit enfin l'égalité des citoyens intègre en son sein une inégalité que la cité doit maîtriser.   

« seront pas en sa faveur.

Ainsi tous craignent les exceptions et qui craint les exceptions aime la loi. Chez les chefs c'est tout autre chose : leur état même est un état de préférence et ils cherchent des préférences partout.

S'ils veulent des lois ce n'est pas pour leur obéir, c'est pour en être les arbitres.

Ils veulent des lois pour se mettre à leur place et pour se faire craindre en leur nom. Tout les favorise dans ce projet.

Ils se servent des droits qu'ils ont pour usurper sans risque ceux qu'ils n'ont pas.

Comme ils parlent toujours au nom de la loi,même en la violant, quiconque ose la défendre contre eux est un séditieux, un rebelle : il doit périr ; et pour eux,toujours sûrs de l'impunité dans leurs entreprises, le pis qui leur arrive est de ne pas réussir.

S'ils ont besoind'appuis, partout ils en trouveront.

C'est une ligue naturelle que celle des forts, et ce qui fait la faiblesse des faiblesest de ne pas pouvoir se liguer ainsi ".Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Neuvième lettre. Transition : L'égalité des citoyens n'est jamais pleinement réalisée au contraire elle se change rapidement en inégalité en raison de la volonté de domination des gouvernants.

Pourtant l'égalité naturelle soulignée par Rousseauaurait pu être un bon fondement à cette égalité.

Les hommes s'interdisent d'instaurer une égalité politique dans lamesure où ils ne jugent qu'à travers leur intérêt privé.

Si l'entrée dans la cité coïncidait avec un changement deperspective alors serait peut être possible l'égalité des citoyens. Deuxième partie : La différence de nature entre l'égalité naturelle et l'égalité civile exclut toute relation. 2.1 Il peut y avoir une égalité naturelle sans justice.

La notion d'égalité est alors restreinte à l'identité des aptitudes.

La conception de Hobbes nécessite que l'on distingue l'égalité de la justice, d'une part parce qu'à l'étatde nature il n'y a ni juste ni injuste d'autre part parce que l'égalité naturelle incite chaque individu à entrer en guerrecontre son semblable.

L'égalité naturelle ne préserve pas de l'inégalité puisque chacun tend à dominer autrui. « L'égalité des aptitudes engendre l'égalité dans l'espérance que nous avons de parvenir à nos fins.

Et donc, si deux humains désirent la même chose, dont ils ne peuvent cependant jouir l'un et l'autre, ils deviennentennemis et, pour parvenir à leur fin (qui est principalement leur propre conservation et parfois seulement leurjouissance), ils s'efforcent de s'éliminer ou de s'assujettir l'un l'autre .

» HOBBES, Léviathan, 13 2.2 L'égalité est pensée différemment que l'on se réfère à l'homme naturel ou à l'homme civil.

Il y a donc une relativité au coeur de la notion d'égalité.

Elle est due au fait que l'égalité exprime une relation.

Dans le cas del'homme naturel, l'individu n'est en relation qu'avec lui-même, il forme une unité.

Dans le cas de l'homme civil,l'individu n'est qu'une partie d'un tout formé par le corps social. « L'homme naturel est tout pour lui ; il est l'unité numérique, l'entier absolu, qui n'a de rapport qu'à lui- même ou à son semblable.

L'homme civil n'est qu'une unité fractionnaire qui tient au dénominateur, et dont la valeur est dans son rapport avec l'entier, qui est le corps social.

» ROUSSEAU, L'Emile ou de l'éducation, I. Transition : Ces deux points de vue possibles de l'égalité nous invitent à réfléchir sur l'existence d'une inégalité au sein de la même sphère politique. Troisième partie : L'égalité des citoyens n'exclut pas l'inégalité des hommes. 3.1 Egalité de droit et inégalité de fait. « Cette égalité universelle des hommes dans un Etat, comme sujets de celui-ci, est toutefois parfaitement compatible avec la plus grande inégalité en quantité ou en degrés, de leur propriété, qu'il s'agisse de supériorité physique ou intellectuelle sur les autres ou de biens de fortune qui leur sont extérieurs et de droits engénéral [...] Mais selon le droit (qui, en tant qu'expression de la volonté générale ne peut être qu'unique, et qui concerne la forme du droit, non la matière ou l'objet sur lequel j'ai un droit) ils sont cependant, en tant que sujets, tous égaux , puisque nul ne peut contraindre l'autre » KANT, Théorie et pratique, II. 3.2 Nécessaire contrepartie à l'inégalité. « La justification de la liberté politique inégale procède à peu près de la même façon.

On se met dans la position du citoyen représentatif dans l'assemblée constituante et on évalue le système total des libertés de cepoint de vue.

Mais, dans cas, il y a une différence importante.

Nous devons raisonner à présent dans la perspectivede ceux qui ont moins de liberté politique.

Il faut toujours justifier une inégalité dans la structure de base aux yeux des plus désavantagés.

Ceci s'applique à tous les biens sociaux premiers et, en particulier, à la liberté.

C'est pourquoi la règle de la priorité nous demande de montrer que l'inégalité des droits serait acceptée par les moins favorisés en échange d'une plus grande protection de leurs autres libertés qui résulterait de cetterestriction. » RAWLS, Théorie de la justice, 37. CONCLUSION L'inégalité des hommes n'exclut pas l'égalité des citoyens.

Au contraire il se peut que la société soit génératrice d'inégalités comme le souligne Rousseau, l'égalité des citoyens ne peut alors résider que dans laconstitution d'un état social issue de la volonté générale.

Cependant la cité ne peut éviter de produire des inégalitésmais celles-ci doivent rester maîtrisables pour ne pas ruiner les fondements du corps social.. »

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