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De l'influence des passions, des habitudes, du tempérament et des circonstances extérieures sur l'activité humaine; — montrer que cette influence ne détruit pas la liberté.

Publié le 03/06/2011

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Exorde. — Dans la vie psychologique tout se tient et s'entremêle; et, bien que les trois facultés principales de l'âme soient différentes par leurs caractères, elles se développent pourtant ensemble et s'unissent dans tous les phénomènes psychologiques. Il n'est donc pas étonnant, vu les rapports qui existent entre les différentes parties de notre être, que les passions, les habitudes, le tempérament et les circonstances extérieures exercent une certaine influence sur l'activité humaine. Mais comme cette dernière faculté a une importance particulière, comme elle fait de l'homme un être à part et le distingue de tous les animaux, il est important de voir jusqu'où va cette influence, dans quelle mesure la liberté humaine disparaît ou est seulement affaiblie. Car si la liberté s'évanouissait, la morale disparaîtrait avec elle, et toutes les sciences qui dépendent de la morale; ainsi, l'histoire n'aurait plus ni à louer ni à blâmer, ni à rechercher les causes de révolutions produites par une aveugle fatalité... 

« Seconde partie.

— Pourtant ces influencer si considérables qu'elles soient, ne détruisent pas la liberté.

En effet,quand il s'agit des passions et des habitudes, on peut les diriger; pour le tempérament et les circonstancesextérieures, on peut réagir. 1° La passion n'est pas autre chose qu'un désir devenu exclusif et excessif; mais ce n'est pas brusquement et sanstransition que le désir est arrivé à cet état; il n'est devenu passion qu'avec la complicité de la volonté, quand nousavons recherché les occasions qui provoquaient l'éveil du désir, que nous n'avons pas voulu recourir aux distractionset que nous avons nourri avec complaisance ce désir qui s'est ainsi changé en passion Ainsi il dépend de nous, dansune certaine mesure, d'avoir ou de ne pas avoir de passions, puisqu'elles ne se forment qu'avec le concours de lavolonté réfléchie.

Si nous avons laissé se former dans notre âme les généreuses passions de la charité, de lascience, du patriotisme, nous pouvons sans crainte nous laisser aller à leurs inspirations; mais si la passion estmauvaise, nous pouvons et devons en arrêter le développement, et, si nous laissons cette passion grandir sansrésistance, nous en avons la responsabilité presque entière.

Aussi les passions détruisent-elles si peu la libertéqu'elles n'en sont, pour ainsi dire, qu'une manifestation.

Et quand nous avons eu le malheur de laisser se former peuà peu une de ces passions qui nous entraînent à la violation de toutes les lois morales, notre volonté peut encoreleur résister, soit pour les extirper de notre âme, soit pour leur refuser toute satisfaction.

Sans doute pareilleénergie est rare, mais si la lutte est difficile, la victoire n'est pas impossible. 2° Il en est de même pour les habitudes.

Sans doute une fois prises, elles nous font agir sans conscience; maiscomme pour les contracter il faut le double concours de l'intelligence et de la volonté, il n'y a pas là une fatalité quis'impose à nous.

Il dépend de nous de ne contracter que de bonnes habitudes, qui nous rendent facile et commenaturelle la pratique du bien; et nous avons la responsabilité des conséquences fâcheuses auxquelles aboutissentles mauvaises habitudes. 3° Pour le tempérament, nous savons que sans doute le corps est uni à l'âme et exerce sur elle une influenceconsidérable; mais ces deux substances, quoique unies par un lien étroit, n'en sont pas moins distinctes : distinctespar leur nature, puisque l'âme est une, identique et active, tandis que le corps est composé de parties, changeantet inerte; distinctes par leurs aspirations, puisque le corps n'aspire qu'au plaisir et que l'âme tend au bien, au devoirComme la conscience nous dit que le plaisir est inférieur à la vertu, que nous sommes obligés d'être honnêtes et quenous ne sommes pas tenus d'être heureux, il en résulte que l'âme, supérieure au corps par sa nature et par sadestinée, peut réagir contre le tempérament et se soustraire à ses exigences dans une certaine mesure. 4° On peut aussi réagir contre l'influence du milieu.

Car si nos instincts de sociabilité nous entraînent vers les autreshommes et nous prédisposent à subir leur influence, à adopter leurs sentiments et leurs opinions, nous avons ennous d'autres instincts plus puissants encore, s'il est possible : d'abord celui de la conservation personnelle, qui faitque nous nous prenons nous-mêmes pour fin et pour but dans nos actions, et ensuite cette personnalité par laquellenous nous distinguons et nous nous séparons nettement des autres.

Sans doute tout homme est un être sensible,intelligent et libre; mais cependant chacun de nous a une façon particulière de sentir, de comprendre, de vouloir;c'est là ce qui constitue la personnalité.

L'homme peut donc se détacher des êtres qui l'entourent et réagir contreles circonstances extérieures.

Aussi il n'est pas rare de voir des enfants, quand ils sont devenus hommes, renonceraux idées qu'on leur avait fait adopter pendant le jeune âge, substituer, par exemple, à la ferveur religieusel'indifférence et même l'hostilité à l'égard de toutes les opinions religieuses. Conclusion.

— On voit donc que ces influences diverses n'anéantissent pas complètement la liberté.

Il y a sansdoute des cas exceptionnels où ces influences peuvent quelquefois anéantir la liberté; alors l'homme n'est plusresponsable, et la société ne lui demande pas compte d'actes qui, dans d'autres circonstances, seraient réputéscrimes.

Mais l'appréciation en pareille conjoncture est d'une difficulté inouïe, puisque la liberté étant un faitessentiellement d'ordre intérieur, il est bien difficile pour les témoins, qui ne jugent que d'après des signes extérieurs,de voir jusqu'à quel point cette liberté a diminué et même disparu; aucun homme ne peut avoir la prétention deconnaître d'une façon bien exacte ce qui se passe au fond de l'âme de son voisin.

Et non seulement l'appréciationde ces cas où la liberté disparaît est difficile et presque impossible, mais les conséquences qui résultent del'anéantissement de la liberté sont tellement graves pour la société que l'on n'en admet la disparition que quandl'agent était évidemment dominé par une influence irrésistible.. »

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