Devoir de Philosophie

Influence et postérité de la philosophie de comte.

Publié le 17/03/2011

Extrait du document

philosophie

Rien n'est si diversement jugé que l'action de l'œuvre de Comte sur la philosophie de notre temps. Il arrive qu'on rattache à A. Comte tout un mouvement d'idées qui découle, non de son système, maté de cet esprit plus général dont il s'est inspiré lui-même et dont il a pu contribuer, — dans une mesure à déterminer, — à accroître la force ou à étendre le rayon d'action, mais qui se fût enfin développé sans lui et n'eût pas manqué, ou plus tôt ou plus tard, de porter les mêmes fruits.

Quant à ce qu'il y a de véritablement comtiste ou saint-simonien dans son œuvre, il est bien malaisé de lui attribuer quelque efficacité philosophique. Il suffira, pour s'en convaincre, de quelques remarques sur les philosophes ou les doctrines qui semblent se rattacher à son système et que l'on cite sans cesse pour démontrer l'action vaste et croissante de la philosophie de Comte.

philosophie

« diffuse.

Un entend par là que, si son système ne s est imposé qu'à bien peu d'esprits, plus d'une de.ses idées auraitdu moins fait fortune et serait tombée dans le domaine commun.

Ces idées ainsi émancipées du comtisme etvoyageant, en quelque façon, à travers le monde auraient suscité des recherches, suggéré des hypothèses,provoqué des habitudes d'esprit, où un œil exercé pourrait reconnaître les caractères de la pensée de Comte.

—C'est ainsi que le P.

Gruber, dans son étude, d'ailleurs si documentée, sur le Positivisme depuis Comte jusqu'à nosjours, énumère pêle-mêle tous les travaux où sont traitées scientifiquement quelques unes des questions réservéesjusqu'ici à la spéculation philosophique, et les considère tous comme inspirés par des voies diverses de la philosophiede Comte Mais il y a abus évidemment à considérer comme des fruits du positivisme les idées transformistes deDarwin et de Romanes, ou à nommer comme disciples de Comte, à quelque titre que ce soit, des philosophes commeWundt ou Avenarius.

— M.

Lévy-Bruhl se montre plus modéré dans son estimation bi favorable de l'action dupositivisme comtiste.

Il croit pourtant pouvoir y rattacher les œuvres si importantes de Renan et de Taine.

Mais,pour avoir considéré l'histoire comme la science sacrée de l'humanité et pour avoir attendu de la science seule lesprincipes de la vie morale, il n'était pas nécessaire que Renan, à qui les écrits de Comte étaient insupportables, eûtété pénétré de ses idées.

C'est à l'historisme allemand qu'il se rattache et, pour le reste, il est de son temps, toutsimplement.

Taine, nourri de Condillac et des Idéologues, n'avait pas davantage besoin de Comte, dont on ne peutaffirmer qu'il ait lu les écrits, pour substituer à la métaphysique de l'histoire qu'il admirait, en artiste, dans lesouvrages de Hegel, une exposition de l'histoire plus digne du nom de science.

On peut accorder à Comte, si l'onveut, le mérite d'avoir ajouté, dans la mesure où ses livres ont été lus, à la force de l'esprit positif.

Que d'ailleurs ilait pu suggérer çà et là des idées de détail ou même qu'il ait provoqué à distance d'intéressants travaux desociologie qui vont s'écartant de plus en plus de propres vues, c'est encore ce que 1 on peut ou ce que Ton doitreconnaître.

Mais enfin le comtisme n'est qu'un épisode, parmi beaucoup d'autres, du développement de l'espritpositif et on pourrait l'en supposer retranché, sans que la physionomie du siècle s'en trouvât sensiblement modifiée. Ce serait maintenant une question de savoir à quoi tient cette insuffisance d'une doctrine dont le fondateur peutêtre tenu cependant pour un esprit des plus remarquables.

Il y en a sans doute bien des raisons dont on trouveraitles principales, soit dans ce défaut si prononcé d'esprit critique qui l'a empêché d'éclaircir jamais aucune des notionsessentielles de la spéculation et l'a condamné irrémédiablement au vague et à l'équivoque, — ou encore dansl'isolement orgueilleux où il s'est complu, se séparant de son siècle et lui devenant de plus en plus étranger, commeil l'était déjà, faute d'une culture spéciale approfondie, à la tradition philosophique ; car, s'il ne connaît Kant que denom, de Descartes il ne connaît non plus que la Géométrie.

C'est parce que son œuvre s'est trouvée ainsi en dehorsde la tradition et comme excentrique, qu'elle n'y est non plus intervenue qu'indirectement et sans grand effet. Elle reste d'ailleurs fort intéressante en son inefficacité.

Sans doute, il n'y a guère d'autre bénéfice à attendre de lalecture de Comte que cette excitation générale de la pensée qui se produit naturellement au contact et dans lafamiliarité de tout esprit vigoureux.

Il n'en est pas moins vrai que son œuvre exerce un attrait puissant surquelques-uns des meilleurs esprits de notre temps.

Les uns y cherchent, en historiens, un témoignage de ce besoinde réorganisation morale et sociale qui fut un des traits caractéristiques des premières générations du xix° siècle.D'autres s'intéressent, en philosophes, aux efforts et aux balbutiements de cette métaphysique qui se fait jour,malgré qu'il en ait, dans les écrits de Comte.

D'autres encore, à titre de savants, sont reconnaissants à cetteœuvre d'avoir été un premier essai, si imparfait fût-il, de fonder sur la science seule une doctrine de la vie.Quelques-uns enfin, plus curieux des hommes que des idées, voient, dans le développement des conceptions deComte, un curieux problème de psychologie intellectuelle.

Par là s'explique un regain d'actualité dont on est tenté àtort d'attribuer le mérite à la valeur intrinsèque de sa philosophie.

Mais, à vrai dire, l'œuvre de ce génie incomplet acessé d'intéresser même la critique : elle n'appartient plus désormais qu'à l'histoire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles