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L'ingénu

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Un pamphlet

L’Ingénu revient la triple tâche d’une critique politique, sociale et religieuse qui dénonce : les défauts de la monarchie absolue, la corruption du pouvoir, l’étroitesse d’esprit, voire le fanatisme religieux. Problèmes d’ailleurs liés dans la mesure où l’Eglise et l’Etat déterminent également la monarchie de droit divin.

Toute l’efficacité de ce pamphlet réside dans le style voltairien : en substituant la raillerie à la diatribe, la suggestion à l’énonciation, la désinvolture à l’injure, l’ironie sollicite en effet l’intelligence du lecteur qui vient du texte de plein gré pour en déchiffrer le discours sous-entendu.

Un conte philosophique

L’Ingénu soulève les questions qui ont toujours préoccupé Voltaire. Au-delà du débat qui oppose Nature et Culture, et pour lequel se sont passionnés tous les philosophes, apparaissent les préoccupations plus proprement voltairiennes : la perception scientifique du monde, la représentation de l’histoire, la persistance du mal, l’impuissance de la métaphysique.Mais surtout, L’Ingénu ébauche une définition de certains droits imprescriptibles de l’homme : la liberté, la dignité, le respect. Œuvre indissociable de l’action menée par un Voltaire luttant pour que les rapports humains reposent enfin sur une reconnaissance mutuelle de ces droits.

Une réussite romanesque

Mais si L’Ingénu a conservé à nos yeux son attrait, c’est à ses qualités littéraires qu’il le doit. D’autres contes voltairiens témoignent déjà de la maîtrise de leur auteur dans l’art de raconter : l’attention du lecteur est sans cesse maintenue en éveil par les effets de surprise, le mouvement, la précision des enchaînements.L’Ingénu va cependant plus loin dans le romanesque sentimental en intégrant et reconnaissant ses thèmes. L’amour contrarié, la vertu outragée, la mort de l’héroïne irréprochable. Le personnage de Saint-Yves donne au conte philosophique une véritable tonalité sentimentale

Le roman d’apprentissage

 

Tout en classant L’Ingénu dans les romans d’apprentissage, on peut souligner son originalité quant à ce schéma : la rupture de l’Ingénu avec son existence antérieure l’amène en fait à renouer des liens plus anciens avec son pays, sa famille, et nous avons noté déjà le rôle de l’apprentissage que joue ce passé ; quant au voyage, nous avons vu qu’il échoue rapidement dans un lieu clos qui s’avère contenir le monde ; enfin le maître se transforme autant que son élève. En effet l’apprentissage, dans L’Ingénu, n’est pas exclusivement réservé au naïf, puisqu’on observe également la métamorphose se Saint-Yves (Vous n’êtes point non plus la même,(lui) dit prieur…- chap. XIX-) et celle de Gordon.

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