L'instant et la durée ?
Publié le 02/02/2004
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Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifie que, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, si l'on veut, un moyen terme entre un début et une fin. Ce moyen terme n'est donc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de la durée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loin du désintéressement qui devrait être celui du philosophe. Si nous voulons saisir ou contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, il nous faut nous défaire de notre obsession pour l'action.
Bachelard : le philosophe de l'« instant»* S'opposant aux thèses de Bergson, Bachelard dans L'intuition de l'instant, dira que l'« esprit, dans son oeuvre de connaissance, se présente comme une file d'instants nettement séparés ». En effet, n'est-ce pas dans l'instant que l'on comprend? Le célèbre Eurêka d'Archimède est une « interruption » de la durée. Il constitue une fracture qui marque l'avant (quand j'ignorais) et le présent (désormais, je sais).
La vie ne peut
se définir comme la contemplation passive d'un flux qui
s'écoulerait le long d'un canal, celui-ci représentant le temps
objectif avec ses trois dimensions immuables et successives : le
passé, le présent et le futur. La vie ne s'écoule pas suivant
l'axe du temps, elle s'impose à lui en lui donnant forme, et
c'est toujours dans l'instant présent qu'elle prend conscience
d'elle-même. L'expérience immédiate du temps n'est pas celle de
la durée (qui requiert, pour être perçue, une certaine
intériorité mystique), mais celle du maintenant.
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