Devoir de Philosophie

Y a-t-il de l'intelligence dans la technique ?

Publié le 06/01/2006

Extrait du document

technique
  « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré. [...]             C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement ses preuves d'être générique. Cette production est sa vie générique active. Grâce à cette production, la nature apparaît comme son oeuvre et sa réalité. L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans la conscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé. Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.             De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique. »   Marx, « Manuscrits de 1844 ».   COMMENTAIRE.

Nous emploierons un plan dialectique pour ce sujet. Dans un premier temps, il s'agira de montrer que la technique peut aliéner l'homme et qu'elle est signe non de son intelligence mais de son abêtissement. En second lieu, on montrera que la technique est le signe de l'intelligence humaine. Intelligence humaine sans commune mesure avec l'instinct des animaux. Et, la troisième partie sera un plaidoyer pour une maîtrise intelligente de la technique.

technique

« représentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier. Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure àl'homme.

En produisant des oeuvres et en transformant la nature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé par l'homme & la nature transformée par lui sont des miroirs où ilse reconnaît en tant qu'homme.

Dans cette production, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est le but.

A ladifférence de l'animal, l'homme ne produit pas seulement pour satisfaire ses besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger nemanifeste pas son humanité par son travail. Or, c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'homme est privé duproduit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même. Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on dira que l'aliénation du travail ason origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de la propriété permettrait de dépasser l'aliénation dutravail.

Soit on conclura que l'aliénation caractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humain quedébarrassé de la fonction de satisfaction des besoins. C'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animal devient humain, ce qui est humain devient animal ». Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 », encore marqués par l'influence de Hegel , si le travail est principiellement formateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal. Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeune Marx .

Notre auteur n'y est pas encore en possession des principales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à laformulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, qui passera ensuite au secondplan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »). D'autre part, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.

C'est ainsi qu'il prétend définir une essence dutravail qui se voit pervertie par les formes modernes de production. Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit » de Hegel , la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans ce mouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte à mort pour lareconnaissance, Hegel montre que la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde, mais de l'esclave.

C'est par la discipline qu'imposele travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette fois, la matière. Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l ‘homme, au sens propre, travaille.

Certes,certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive, la règle de construction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travail spécifiquement humain est tout autre.

Comme le ditMarx dans le « Capital » : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue. Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il faut aussi lavolonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Enfin il faut mettre en branle unehabileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction,volonté, habileté, force).

Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, etcela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plus mauvais artisan,vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple del'humain, l'activité humaine objectivée.

En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses.

D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise.

Que le travail soit pénible,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles