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L'intelligence thérapeutique : défaire pour annuler.

Publié le 11/05/2011

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L'homme, tel qu'il sort des mains de la nature, est disposé à admettre un individu plus ou moins rapproché de lui partout où il aperçoit du mouvement, et à présumer surtout l'existence d'un être animé, quand il remarque, dans les corps qui l'entourent, des changements inexplicables pour son esprit borné. Il a donc dû croire d'abord que les maladies lui étaient envoyées par des divinités courroucées, et attribuer, au contraire, sa guérison à des dieux propices et bienfaisants. Regardant les premières comme des êtres de son espèce, il a cherché à apaiser leur colère en leur consacrant ce qu'il possédait de plus précieux.... Apaisé par ces holocaustes, le dieu lui apparaissait en songe, et lui indiquait les moyens dont il devait faire usage pour se délivrer de ses maux.... Les hommes se sont attachés à guérir les lésions extérieures, les plaies, les luxations et les ulcères, bien avant de songer à traiter les maladies internes et aiguës, dont la cause ne tombe point sous les sens, et qu'ils ne pouvaient par conséquent attribuer qu'à la colère des dieux. L'art de guérir les affections externes semble être en effet beaucoup plus à la portée des nations peu policées (Vaillant cite un trait qui prouve combien les Hottentots sont habiles dans le traitement des fractures). Aussi la chirurgie peut-elle se glorifier d'une origine plus reculée que la médecine, si, toutefois, on fait abstraction des instruments, et si on la borne à l'application des herbes, à l'emploi des décoctions végétales, et à l'usage de certaines eaux minérales.... La chirurgie n'exige que de la dextérité et le juste emploi de nos sens. La médecine, au contraire, suppose une civilisation déjà fort avancée....

Haller, pour démontrer la priorité de la médecine, se fonde principalement sur l'influence nuisible que le climat et les saisons exercent, ainsi que sur le petit nombre d'armes offensives en usage chez les peuples naissants. Il n'a pas réfléchi que l'homme nouvellement sorti des mains de la nature résiste beaucoup mieux que nous aux intempéries de l'atmosphère, et que les armes ne sont pas indispensables pour concevoir l'existence des affections chirurgicales dans les temps les plus reculés, puisqu'une chute, la marche sur un sol couvert de ronces, la morsure des animaux, etc., pouvaient en susciter un grand nombre. KURT SPRENGEL.

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