A-t-on intérêt à la liberté d'autrui ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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sont des notions qui seront sans doute toujours à construire et affiner philosophiquement.
Qu'avons-nous à gagnerdans cette élaboration continuelle ?
Ne définir autrui que comme simple donnée évidente à intégrer dans ma conscience, c'est d'en arriver à une solitudeexistentielle, à un pur ego constitutif de son propre monde dans lequel autrui est une donnée comme une autre. Cette vision fut celle reprochée à Descartes (voulant reconstruire seul la vérité du monde) ou Husserl (réduisantcette vérité à des phénomènes que seule ma conscience peut saisir) et conduit à un « solipsisme » (solitude d'unego enfermé dans « son » monde).
Hegel, ne niant pas le caractère conflictuel de ma rencontre avec la libertéd'autrui, l'intègre plutôt dans une pensée de reconnaissance du rôleéminemment fondateur d'autrui.
Le conflit des egos est certes inéluctable (Cf. Dialectique du « Maître et de l'esclave » dans sa Phénoménologie de l'Esprit ) car c'est une lutte originaire des consciences dans leur recherche dereconnaissance mutuelle.
Mais cette « négativité » est le moteur même deson dépassement vers le savoir.
C'est « Autrui » qui, par son existence, mepermet de me saisir moi-même comme existant.
Autrui est donc constitutif du« moi » dans sa prise de conscience.
Pensons à Robinson Crusöe qui, sur sonîle déserte, échappa à la folie et au néant par la présence (fictive ?) deVendredi.
Les consciences ne se conctituent et ne se connaissent que par lebiais de cette relation conflictuelle originelle nous dit Hegel.
C'est alors la liberté qu'il faut redéfinir.
Elle n'est plus cette fausse libertéordinaire, volonté de totale satisfaction des désirs individuels, mais « libre-arbitre » (pensée libre).
Plus, elle acquiert au siècle des « Lumières », avecRousseau et Kant, le sens moral et politique d'« autonomie » (qui se donne sapropre loi).
Reconnaître ainsi la liberté et donc reconnaître autrui commeautre moi libre, c'est reconnaître les principes du contrat social qui nousécarte du monde premier de la violence et de l'instinct.
C'est même par lareconnaissance de l'autre comme alter ego que je fonde ma propre liberté. Faire ce choix de reconnaissance de l'autre signifie se choisir soi-même comme être libre (dépassant ses instincts primitifs) et pensant, c'est faire un choix crucial aux yeux de laphilosophie.
En ce sens nous pouvons dire que la question initialement posée devient inopérante.
« On » (qui est-il ?) n'a pas« intérêt » (notion individualisante !) à la liberté de l'autre.
Il serait plus judicieux de dire que chacun ne peut êtrelibre que par reconnaissance préalable de l'autre comme être libre.
Cette liberté fera même l'objet d'une multipleorientation (philosophique, morale, politique, psychologique...) permettant de mieux saisir la richesse et la grandeurdu projet humain de « culture » conçue comme partage essentiel.
Conclusion
La liberté de l'autre est certes toujours vécue originairement comme une contrainte de mon propre désir desatisfaction et passe par une lutte des egos .
Mais cet état conflictuel est la clé d'une prise de conscience de l'individu sur lui-même, sur autrui et sur lavéritable identité (culturelle) de la liberté.
Autrui est celui que je ne suis pas tout en étant celui avec lequel jepartage cette volonté commune d'arrachement à un état naturel violent et gouverné par les instincts primitifs.La liberté d'autrui est donc le seuil de la reconnaissance de l'intelligence de mon être..
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