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L'internationalisation des échanges entraîne-t-elle une uniformisation culturelle mondiale ?

Publié le 27/07/2009

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Le linguiste Claude Hagège, dans un éditorial récemment publié par le quotidien Le Monde, s’alarmait des effets de la mondialisation sur nos cultures. Selon lui, l’internationalisation des échanges serait en effet responsable du déclin des cultures traditionnelles;  déclin qui causerait entre autres la disparition d’une langue tous les quinze jours.

Peut-on pour autant affirmer que l’internationalisation des échanges entraîne une uniformisation de la culture? Par culture, il faut entendre l’ensemble des manières de faire, de sentir, de penser, propres à un groupe social (peuple ou communauté), et qui le réunissent autour d’un passé et d’un projet. La culture existe à divers échelons, et plusieurs cultures peuvent cohabiter chez un même individu.

« de biens culturels (document 4).

Principalement occidentales, ces FMN offrent des biens ou des services à l'imagede l'Occident au monde entier.

C'est par exemple le cas des quatre majors du cinéma ( Warner , Paramount, Walt Disney, MGM ) ou de l'industrie du disque ( Universal, Sony BMG ) qui diffusent leurs produits partout, y compris dans les PMA – le film Titanic a rencontré un immense succès au Bengladesh.

Les immenses firmes agroalimentaires(document 6) comme PepsiCo ou Nestlé contribuent aussi à cette uniformisation des modes de vie et des habitudes : d'abord présentes dans les pays du Nord, elles s'intéressent de plus en plus aux pays du Sud.

Le principe de lamondialisation n'est-il pas justement “l'extension des marchés” (SMITH) ? Et il se trouve que les pays du Suddemandent de plus en plus de biens “culturels” en provenance du Nord.

Pour la première fois en 2007, l'entrepriseDanone a réalisé la majorité de son chiffre d'affaires dans les pays en voie de développement. Les médias jouent également un rôle majeur dans la diffusion de la culture occidentale au reste du mondeet donc dans l'homogénéisation de celle-ci.

De grands médias occidentaux sont diffusés partout dans le monde.Certaines chaînes de télévision comme BBC World ou CNN sont visionnées par des centaines de millions de téléspectateurs qui ont accès en temps réel aux mêmes informations que les Occidentaux.

Bien que les médias sedéveloppent dans le reste du monde, ils se développent à l'image des médias et de la culture occidentaux : lachaîne de télévision arabe Al-Jazeera a par exemple pour ambition de concurrencer CNN .

Il en va de même pour la presse écrite : il n'est pas un pays qui ne compte au moins un journal anglophone.

Certains quotidiens comme Le Monde offrent par ailleurs à leurs lecteurs un supplément issu de journaux anglo-saxons ( The New York Times ). Les immenses progrès des techonologies de l'information et de la communication ont par ailleurs permis d'accroître les échanges entre pays du monde.

Les échanges ne sont plus simplement économiques; il ne s'agit plusseulement du transfert de biens.

Désormais tout s'échange : marchandises mais aussi services, capitaux, et surtoutinformations et savoirs.

L'essor d'Internet dans les années 1990 a permis de démultiplier les échanges, qui sontdevenus globaux (document 1).

Cet “âge de l'accès” (RIFKIN) a entraîné une véritable uniformisation culturelle : partout dans le monde, les internautes ont accès aux mêmes contenus culturels. Pour autant, il semblerait qu'avec la progression constante du nombre d'internautes (plus d'un milliard en 2008), les contenus se diversifient : l'Anglais n'est plus hégémonique sur le web (il ne représentait en 2003 plus que43% des pages créées; document 1), et les NTIC peuvent même servir d'outil d'affirmation identitaire ou culturelle.Certaines minorités culturelles utilisent cet instrument pour faire connaître leur cause (le site breizh.net , très visité, promeut par exemple la culture bretonne).

L'internationalisation des échanges ne permettrait-elle donc pas aussi lemaintien des différentes cultures, ou la revendication de différence de celles-ci? L'internationalisation des échanges ne profite pas à tous, d'où le maintien de cultures traditionnelles et différenciées.

Par ailleurs il semblerait que le mouvement d'uniformisation ne soit pas inéluctable : les cultures duNord et du Sud semblent plutôt se recomposer par acculturation, et peuvent parfois utiliser la mondialisation commeun outil d'affirmation de la différence. Même si nous sommes dans la phase la plus avancée de la mondialisation, que R.

BOYER qualifie de “globalisation”, tous les pays ne profitent pas de l'internationalisation des échanges.

Les PMA (pays moins avancés)sont par exemple tenus au ban de la mondialisation.

L'Afrique est impliquée dans 1% des échanges économiquesmondiaux.

Ces pays n'ont donc pas accès aux contenus culturels qui se diffusent dans le reste du monde, ce quiexplique le maintien, en de nombreux endroits de la planète, de particularismes culturels (document 2).L'uniformisation de la culture n'est pas totale, en ce que la répartition des biens culturels n'est pas égalitaire : lespays occidentaux produisent l'essentiel de ces biens, et continuent de les commercialiser prioritairement dans lespays développés. Les pays les moins développés à l'inverse n'ont pas accès à cette mondialisation de la culture (document 2) et même si l'internationalisation des échanges gagne peu à peu les pays en développement, elle ne profite qu'à unefrange de la population de ces pays.

Dans beaucoup de pays africains, les élites sont par exemple occidentalisées :leur langue maternelle est souvent une langue européenne, leurs enfants sont scolarisés dans des écoleseuropéennes, elles ont accès à Internet, partagent les mêmes références qu'un Occidental.

Mais la fracture estnette avec la majorité de la population, au sein de laquelle subsistent des cultures traditionnelles (document 4),avec leurs particularités linguistiques (le maintien des langues peul et wollof en Afrique de l'Ouest), patrimoniales (l'attachement des Chinois laïcs à leurs temples bouddhiques), gastronomiques (le manioc reste la céréale la plusconsommée en Afrique subsaharienne malgré les exportations massives de blé et de maïs par les firmesoccidentales). Penser que l'internationalisation des échanges conduit inéluctablement et totalement à l'uniformité culturelle mondiale peut même être un réflexe ethnocentrique : l'ethno-sociologie relativiste de Claude Lévi-Strauss ou deGermaine Tillion ( L'Afrique bascule vers l'avenir ) nous a enseigné combien le regard occidental à l'égard des autres cultures pouvait être un prisme déformant.

Ce n'est pas parce que l'Occident dispose des instruments de promotionde sa culture les plus puissants (FMN, NTIC, médias) que le reste du monde vit uniformément au rythme de laculture occidentale (document 4) ! D'autre part, il serait faux de penser que l'internationalisation des échanges, qui va peu à peu toucher l'ensemble du monde, mène à une homogénéisation totale de la culture mondiale.

La part croissante prise par lespays non Occidentaux au processus de mondialisation va plutôt permettre une recomposition des différentescultures par acculturation (document 5).

L'acculturation désigne les changements provoqués dans une culturerésultant du contact direct et continu de cette culture avec d'autres cultures.

Ainsi les cultures des pays nonOccidentaux ne disparaissent-elles pas, elles se recomposent.

Les pays du Golfe conservent leurs traditionsmusulmanes et patriarcales, tout en y ajoutant des éléments issus de la culture occidentale dominante :architecture, business , cinéma...

La société japonaise illustre aussi très bien cette tendance : la culture nippone est aujourd'hui teintée d'éléments provenant des Etats-Unis pourtant le pays du Soleil Levant n'a pas renoncé à sestraditions et à ses mythes séculaires ( geisha , samouraï ...) L'internationalisation des échanges conduit donc plus au métissage des cultures qu'à une uniformisation culturelle mondiale.

La pizza, originaire d'Italie, (document 6) a par exemple réussi à s'imposer aux puissants Etats-. »

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