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L'interprétation est-elle un mode spécifique de connaissance ?

Publié le 12/02/2004

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Pascal, Pensées (1670). * Le fait qu'il faille interpréter le monde qui nous entoure suppose que celui-ci a un sens, mais ce sens se dérobe à une saisie immédiate. L'interprète essaie d'être objectif, son interprétation lui paraît la bonne, mais elle n'est «qu'» une interprétation, parmi d'autres possibles. Cette particularité de l'interprétation impose de recourir à l'«esprit de finesse» tel que Pascal l'oppose à l'«esprit de géométrie».* Face aux problèmes de la vie (les rapports humains par exemple, avec leurs passions et leurs contradictions), on ne dispose pas de principes universellement reconnus; et même si on les avait, on n'aurait souvent pas le temps d'y réfléchir. C'est là qu'intervient «l'esprit de finesse», c'est-à-dire une capacité à interpréter, en quelque sorte plus vite que la pensée rationnelle, sans avoir de principes fixes, mais sans que cela nous empêche de comprendre le sens de ce qui se passe. Entre l'interprétation des textes et la connaissance de la nature, il n'y a pas de différence. «Cette méthode pour interpréter sûrement la Bible, loin d'être différente de la méthode qui sert à interpréter la nature, lui est au contraire parfaitement conforme. »Spinoza, Traité théologico-politique (1670). * L'interprétation se situe entre deux modes de pensée qui la considèrent comme une non-connaissance: d'un côté la croyance en un sens «littéral», en une vérité révélée par Dieu qui n'a pas besoin d'une interprétation par les sujets humains; de l'autre, l'idée d'un calcul universel, comme on la trouve chez Leibniz («Calculons)»)* L'étude des textes religieux étant, par excellence, l'occasion de conflits d'interprétation, Spinoza a tâché de montrer qu'il y avait une méthode proprement scientifique d'interprétation des textes.

« et sociales où sa souplesse est seule capable de s'adapter aux complexités et aux nuances de l'objet.

Il est unélément essentiel de la méthode comparative; b) aussi en biologie joue-t-il de môme un rôle assez important(découverte des vraies analogies); c) en physico-chimie, la méthode inductive lui fait une assez large part :1° dans l'observation : sagacité, recherche du détail intéressant et du fait privilégié; 2° dans l'hypothèse (intuitionféconde); 3° dans les expériences (surtout stratagèmes dans les expériences « pour voir »).d) II n'est pas jusqu'aux mathématiques où l'esprit de finesse n'ait un rôle de quelque importance à remplir.

C'est àlui de suggérer les constructions, les artifices de calcul, les intermédiaires nécessaires au raisonnement. 2.

Ces deux genres d'esprit ont donc chacun leur rôle propre : dans la courante aussi ils ont leur application L'esprit de finesse fait les perspicaces, et l'esprit de géométrie les pondérés: l'un donne l'art d'agréer, l'autre deconvaincre.

Mais l'idéal sera d'unir les deux esprits dans une juste mesure.

Le juge d'instruction, par exemple, s'ilvoit clair, doit aussi déduire juste, et de même partout.Ceci revient à dire que chaque tendance doit rester dans ses limites pour ne pas être aussi nuisible qu'utile.— L'esprit géométrique peut devenir raideur, sécheresse, et chercher à introduire la mesure el la rigueurmathématiques où elles sont impossibles.— L'esprit de finesse peut tomber dans la légèreté, l'hypothèse sans fondement solide, les analogies superficielles,et par le fait même égarer l'esprit. Entre l'interprétation des textes et la connaissance de la nature, il n'y a pas de différence. «Cette méthode pour interpréter sûrement la Bible, loin d'être différente de la méthode qui sert à interpréter lanature, lui est au contraire parfaitement conforme.

»Spinoza, Traité théologico-politique (1670). • L'interprétation se situe entre deux modes de pensée qui la considèrentcomme une non-connaissance: d'un côté la croyance en un sens «littéral»,en une vérité révélée par Dieu qui n'a pas besoin d'une interprétation par lessujets humains; de l'autre, l'idée d'un calcul universel, comme on la trouvechez Leibniz («Calculons)»)• L'étude des textes religieux étant, par excellence, l'occasion de conflitsd'interprétation, Spinoza a tâché de montrer qu'il y avait une méthodeproprement scientifique d'interprétation des textes.

En affirmant cela, Spinozafaisait de la pensée interprétative une pensée du même type que la penséegéométrique à l'oeuvre dans les sciences de la nature.

Pour trancher entre lesinterprétations, il lui fallait nier une spécificité de la pensée interprétative: lapart de subjectivité à l'oeuvre dans l'interprétation. La démarche propre aux sciences humaines repose sur lacompréhension, non sur l'explication. «Dans les sciences de l'esprit [...] l'ensemble de la vie psychique constituepartout une donnée primitive et fondamentale.

Nous expliquons la nature,nous comprenons la vie psychique.» Dilthey, Idées concernant unepsychologie descriptive et analytique (1894).

Il revient à Wilhelm Dilthey (1833-1911) d'ouvrir la voie à une problématique moderne de l'interprétation.Philosophe allemand, il étudia la théologie, l'histoire et la philosophie à Berlin, puis fut professeur de philosophieà Bâle puis à Berlin.

Il est l'auteur de nombreux articles, notamment sur l'auteur qui inspira ses travaux,Friedrich Schleiermacher (1768-1834).

Sa pensée étudie la nature et la méthode des sciences de l'esprit, oules sciences humaines, en plein essor à la fin du XIXe siècle.

On peut retenir son Introduction aux sciences del'esprit (1883) qui élabore la distinction entre sciences de la nature et sciences de l'esprit.

Le rejet dupositivisme Dilthey refuse le positivisme, dominant la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, qui prétendexpliquer tous les phénomènes sur le modèle de la science physique en mettant au jour les rapports decausalité entre les phénomènes naturels car, pour ce qui concerne la vie humaine, l'explication ne peut secontenter de chercher des corrélations causales.

L'homme est un être qui comprend sa situation et qui, parconséquent, à affaire au sens.

Par exemple, si nous cherchons à comprendre la vie d'un homme, d'une cultureou d'une institution, il nous faut saisir le sens des moments de leur histoire.

Cette saisie d'un sens n'a plus riende commun avec la démarche explicative consistant à vérifier expérimentalement une succession de causes etd'effets : elle a précisément le statut d'une interprétation.

Les phénomènes historiques, tout en étantdéterminés, sont des phénomènes signifiants.

Ils supposent une causalité intentionnelle, celle des acteurs quichoisissent d'agir de telle ou telle manière, et accordent à leurs actions des significations.

L'explication doitdonc être complétée par la compréhension.

Sciences de la nature et sciences de l'esprit Il convient de séparernettement les sciences qui ont pour objet l'homme et celles qui prennent en charge les phénomènes naturels.Outre les sciences historiques, la sociologie ou la psychologie font partie de ce que Dilthey appelle les «sciences de l'esprit » pour les distinguer des « sciences de la nature ».

« Nous expliquons la nature, nous. »

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