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L'invitation au voyage, Charles BAUDELAIRE ( commentaire ) .

Publié le 27/02/2008

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baudelaire

Nous allons étudier une poésie de Charles Baudelaire, « l’invitation au voyage ». Ce poème est tiré des Fleurs du mal, « spleen et idéal ». En tant que poète héritier du romantisme, Baudelaire dans ces vers nous dévoile sa vision du monde avec une grande connotation tragique. Il tente de nous faire partager sa vision idéale de l’amour. Nous savons que les trois femmes qui ont marqué sa vie furent Marie Daubrun, Jeanne Duval et Madame de Sabatier.  L’invitation au voyage fait référence à Marie Daubrun.

Dans le but d’étudier cette poésie nous tenterons de répondre à la problématique suivante, en quoi ce poème décrit il une vision idéale de l’amour inspirée par la femme ?  Pour répondre à notre problématique d’ensemble, nous verrons dans une première partie comment le pouvoir de la femme s’exprime sur le poète avec la correspondance de la vue et de l’odorat puis en second lieu, le pouvoir de la femme et l’évasion vers l’idéal qu’elle suscite.

     I - Correspondance de la vue et de l’odorat

     Nous constatons la présence d’une correspondance à dominante urbaine, il s’agit du miroir  où se reflète la beauté qui invite au voyage. Elle se situe dans le deuxième sizain des vers 7 à 12. « Dans les ciels brouillés », comme les yeux de Marie Daubrun, nous retrouvons les éléments authentiques comme le feu, l’eau, dans l’oxymore, « les soleils mouillés ». « Les yeux brillants » des vers 11 et 12 connotent l’éclat, le feu à travers les larmes suggérées par « les soleils mouillés » d’une contrée mystérieuse. On retrouve cette même correspondance du feu et de l’eau dans la dernière strophe, « soleil couchant », « canaux. Nous avons également une correspondance entre le regard et le paysage qui exerce la même fascination sur le poète. Cela est renforcé par l’adverbe d’intensité « si mystérieux », thème du regard associé au sentiment d’amour. La femme est l’inspiratrice du voyage « idéal », « virtuel. On retrouve le thème du bonheur en harmonie avec la profusion des sensations des vers 18 et 19, 21 et 22. Le raffinement  des sens s’exprime par l’association entre les reflets et les parfums. Le champ lexical de la vue domine, « les yeux brillants » au vers 12, « les meubles luisants », au vers 15, « poli par les ans », au vers 16 et « les miroirs profonds », au vers 22.

La correspondance entre la vue et l’odorat amène le poète à suggérer la puissance de la femme au sens d’une évasion vers l’idéal.

     II - Le pouvoir de la femme : l’évasion vers l’idéal

     La femme joue un rôle unificateur car le voyage part d’elle, le pays évoqué est un pays idéal. Il est créé par l’imagination ainsi que le connotent les vers 2, « songe » et 37 avec « canaux » qui nous ramène au pays du Nord, comme Amsterdam. Le poète qui menait une vie de bohème était un dandy, il est parti dans les îles, cela justifie très certainement l’ambiance exotique du poème. On le retrouve dans le titre. Il parle d’un pays qu’il connaît. Le souvenir est embelli, idéalisé, tout est beau, les plaisirs des sens sont sollicités. La femme est l’inspiratrice de ce lieu idéal. C’est aussi pour le poète, un enfant  à protéger, « mon enfant », et l’âme sœur, son double « ma soeur ». L’adjectif possessif connote l’affectif, au sens de la tendresse et de la douceur. Il la tutoie, « songe ». L’invitation à la rêverie amoureuse se passe dans un moment de grande intimité, la femme reste cependant mystérieuse et attirante, « les charmes », strophe 1, les sens se mélangent et il y a communication des âmes, strophe 2. Dans la strophe 3, la femme aimée est considérée comme le centre du monde, une princesse. La femme est la promesse d’une relation harmonieuse à l’image de l’intérieur évoqué dans la deuxième strophe. Elle est également menaçante, sa duplicité est soulignée par « tes traîtres yeux » au vers 11, la femme est donc dangereuse. Par  l’allusion au vers 26 « langue natale », Baudelaire évoque les origines, le paradis édénique et réaffirme sa conception du paradis, celle d’un paradis antérieur au péché originel : un ailleurs, vers 2 »songe », vers 3 « là-bas ». Le refrain définit l’idéal, « là » qui traduit le lieu général qui n’est pas nommé. Nous avons le conditionnel dans la deuxième strophe. Nous pouvons parler d’originalité car derrière une forme régulière et classique de poésie, l’auteur innove à deux niveaux, l’alternance vers courts et longs et le refrain qui comme une chanson marque l’incantation et donne un aspect mélodique. L’univers utopique transparaît dans la troisième strophe « du bout du monde ». La structure restrictive « ne que » et le pronom indéfini « tout » mettent en évidence la volonté du poète à donner une définition de l’idéal : le bonheur repose sur une vie. Il y a exaltation des sentiments amoureux La première strophe comprend des points d’exclamations et la troisième, le tiret, l’apaisement. La beauté et la volupté sont associées à des effets d’harmonie, le calme renvoie à la volupté, l’ordre à la beauté.

     Conclusion

    Nous voyons donc à travers cette poésie comment le pouvoir de la femme s’exprime à travers le poète par la correspondance des sens, synesthésies, et quel idéal d’évasion elle suscite. Nous ressentons à la lecture de cette poésie une impression de plénitude contrairement à la majorité des poésies du « spleen et idéal » qui reflètent le mal de vivre du poète . Les « miroirs profonds » évoqués ici contribuent à libérer Baudelaire de la contrainte du temps. Le thème du regard est essentiel dans la poésie baudelairienne et il connote le pouvoir fascinant de la femme en général, thème que l’on retrouve dans les hymnes à la femme, ainsi Eluard dans sa poésie intitulée, « la courbe de tes yeux ».

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