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L'IRRATIONNEL ET LA SCIENCE

Publié le 27/02/2008

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L'IRRATIONNEL ET LA SCIENCE \"L'histoire des sciences est l'histoire des défaites de l'irrationalisme.\" Bachelard, L'Activité rationaliste de la physique contemporaine, 1951.

Certes, pour le rationaliste radical, la croyance ne constitue qu'un objet d'étude parmi tant d'autres. Mais cette vision objective la croyance et ne la prend pas pour ce qu'elle est. Or, la meilleure raison pour laquelle on peut affirmer que foi et raison ne s'opposent pas nécessairement réside dans l'idée que chacune couvre un domaine différent du rapport de l'homme au monde. La foi est une attitude portée vers des domaines non prouvables, mais qui constituent pourtant un intérêt majeur pour l'homme. C'est pourquoi, si l'intérêt de la rationalité est évident, il ne faut pas négliger l'intérêt de la foi qui ouvre l'homme à des horizons supérieurs.

« classique.

L'auteur de livres scientifiques doit toujours se situer par rapport au pouvoir...

Bachelard pense quece n'est plus le cas aujourd'hui et que les progrès de l'esprit scientifique ont été tels depuis cette époque que« la distance est moins grande de Pli à Bacon que de Bacon aux savants contemporains », notamment en cequi concerne l'autonomisation du discours scientifique' par rapport aux autres discours sociaux.Si la pensée pré-scientifique est dans le siècle au XVIIe siècle, elle n'est pas « régulière » comme la penséescientifique à l'oeuvre dans les laboratoires officiels et codifiée dans les livres scolaires.Le problème du XVIIIe siècle,- c'est qu'en faisant de la science à partir d'anecdotes, on s'écarte du sens duproblème qui se pose à la pensée scientifique, donc on s'écarte du nerf du progrès.

Bachelard illustre sonpropos de l'exemple de l'électricité au XVIIIe siècle.

Il réfléchit sur la difficulté que l'on a eu « à abandonner lepittoresque de l'observation première, à décolorer le phénomène électrique, à débarrasser l'expérience de sestraits parasites, de ses aspects irréguliers ».

Ces doctrines étaient la marque d'un empirisme évident et foncier: il est doux « à la paresse intellectuelle d'être cantonnée dans l'empirisme, d'appeler un fait un fait etd'interdire la recherche d'une loi ».La pensée pré-scientifique ne s'acharne pas à étudier un phénomène bien circonscrit.

Elle cherche non pas lavariation, mais la variété.

Cela entraîne un manque de méthode.

En même temps, tout le monde s'intéresse à lascience.

On en parle dans le monde.

Il faut que chacun fasse ses expériences.

Mais si la science est mondaine,cela ne transforme pas le monde en cité savante.

La mondanité ne sied pas à une saine formation de l'espritscientifique, pense Bachelard.Le public du XVIIIe siècle se passionne pour la mise en scène des expériences, les explosions, les phénomènesplus que pour leurs causes.

Les élèves de l'enseignement d'aujourd'hui également.

Ils ont tendance à vivre leroman de la science plus que ses lois. « Sans la mise en forme rationnelle de l'expérience que détermine la position d'un problème, sans ce recoursconstant à une construction rationnelle bien explicite, on laissera se constituer une sorte d'inconscient del'esprit scientifique qui demandera ensuite une lente et pénible psychanalyse pour être exorcisé.

» Et ce risque d'inconscience peut saisir aussi des pensées scientifiques : Il faut alors réanimer la critique et ramener la connaissance au contact des conditions qui lui ont donnénaissance, revenir sans cesse à cet 'état naissant' qui est l'état de vigueur psychique, au moment même où laréponse est sortie du problème.

» Pour être rationalisée, une expérience doit s'insérer dans un « jeu de raisons multiples ».

Il ne suffit pas quel'on trouve une raison à un fait pour tout expliquer.

Bachelard invite à se méfier des faits et de la dictature deleurs interprétations simplistes.Il illustre sa réflexion d'un long développement sur l'alchimie.

Comment expliquer que cette discipline ait pusurvivre du XI° au XIX` siècle ? Bachelard l'explique en disant que l'objectif scientifique était moins au coeur decette pratique que la perspective morale et éducative qui la sous-tend.

L'alchimie n'est d'ailleurs pas si loin denous. « Ainsi, dans la classe de chimie moderne comme dans l'atelier de l'Alchimiste, l'élève et l'adepte ne seprésentent pas deprime abord comme de purs esprits.

La matière elle-même ne leur est pas une raison suffisante de calmeobjectivité.

Au spectacle des phénomènes les plus intéressants, les plus frappants, l'homme va naturellementavec tous ses désirs, avec toutes ses passions, avec toute son âme.

On ne doit donc pas s'étonner que lapremière connaissance objective soit une première erreur.

» La connaissance générale comme obstacle à la connaissance scientifique La philosophie, dit Bachelard, revendique la science de la généralité.

Or, cette science du général, dans lamesure où elle est toujours un arrêt de :l'expérience, est un échec de l'empirisme inventif.

Bachelard se méfiede cette jouissance intellectuelle dangereuse que certains éprouvent en généralisant de façon hâtive et facile.L'esprit scientifique doit se méfier des séductions de la facilité.Bachelard s'appuie, pour le prouver, sur une étude de l'Académie en 1699 sur la coagulation.

Le conceptdevient si général qu'on parle de coagulation du sang, du lait, de l'huile, de l'eau...

On glisse insensiblement dela coagulation à la congélation.

Bachelard observe, en cette circonstance, les ravages produits par uneapplication trop rapide du principe d'identité :« Il est loisible de dire que l'Académie, en appliquant si aisémentle principe d'identité à des faits disparates plus ou moins bienprécisés, comprenait le phénomène de la coagulation.

Mais ilfaut ajouter tout de suite que cette manière de comprendre estantiscientifique.

» Bachelard s'appuie encore sur l'exemple de la fermentation chez Macbride (1766).

Il montre les sauts de l'espritscientifique qui se sont opérés avec Pasteur, où l'étude de la fermentation s'intéresse aux conditions de sonopposé : la stérilisation.

Il conclut : « L'objectivité se détermine dans la précision et dans la cohérence desattributs, non pas dans la collection des objets plus ou moins analogues [...) Aujourd'hui, l'idéal de limitationprime tout : une connaissance qui n'est pas donnée avec ses conditions de détermination précise n'est pas. »

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