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italienne, littérature.

Publié le 06/05/2013

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italienne, littérature. 1 PRÉSENTATION italienne, littérature, littérature produite en Italie du XIIIe siècle environ jusqu'à nos jours. 2 LE MOYEN ÂGE Le concile de Tours, dès 813, avait imposé la langue vulgaire locale pour les prêches, l'usage du latin étant réservé à la liturgie. L'Italie cultivée reste cependant fidèle au latin, langue liturgique de l'Église, donc langue commune contre la très grande disparité des langues parlées. Quelques documents de cette époque en langue vulgaire ont été conservés : textes juridiques, inventaires, sermons. Quand la France, déjà, produit poésie épique en langue d'oïl et poésie lyrique des troubadours en langue d'oc, l'italien doit attendre la fin du Duecento pour voir apparaître une poésie populaire dans le style des jongleurs, une poésie morale en dialecte lombard, une poésie civique intercalée dans des chroniques communales en latin. 2.1 Le XIIIe siècle, ou Duecento À la cour de Sicile, Frédéric II s'est entouré d'érudits, qui développent « le sicilien illustre «, langue pour une poésie lyrique de haut niveau modelée sur le provençal et le latin de chancellerie : Rinaldo d'Aquino, Giacomo Pugliese chantent des canzone et des sonnets à la gloire de leur Dame. La pratique poétique s'implante en Romagne et en Toscane, abandonnant la cour pour le milieu communal. Au Nord, la structure politique émiettée est le lieu d'un réveil culturel et artistique ; un nouveau type d'intellectuel apparaît. L'université de Bologne, dès 1088, a fait refleurir la tradition du droit romain : les communes, ou cités-états, rivalisent avec le pouvoir intellectuel des clercs en créant des universités aux XIIe et XIIIe siècles, quand Thomas d'Aquin, par sa Somme théologique (1266-1273), fait de l'aristotélisme la philosophie dominante de l'Église. À l'élan culturel du royaume de Sicile sous Frédéric II, à l'essor des communes au centre et au nord du pays, se superpose la vitalité des ordres mendiants, autorisés en 1215, prédicateurs populaires propageant les thèses « guelfes « : les dominicains bientôt traqueront les hérétiques, les franciscains, eux, développent le « chant de joie «, inspiré de la liturgie clunisienne, glorifiant la Vierge et la Trinité. Saint François d'Assise compose en Ombrie le Cantique du soleil (1225), qui chante la beauté et l'égalité de toutes les créatures de Dieu. Le franciscain Jacopone da Todi (Pleurs de la Vierge Marie), qui utilise la louange du monde céleste pour dénoncer violemment la corruption ecclésiastique et mondaine, est excommunié par Boniface VIII ; emprisonné en 1298, il est libéré par Benoît XI en 1303. Cette forme poétique de la lauda, adoptant la structure de la ballade profane, puis celle, dialoguée, du drame, gagne toute la péninsule, perdurant jusqu'au XVe siècle : plus de deux cents recueils nous sont parvenus. Culturellement essentiel, le dominicain Jacques de Voragine donne une compilation de traditions orales, légendes organisées selon l'année liturgique : cette Légende dorée (1260) aura une influence jusqu'au XXe siècle. Temporalité répétitive du sacré, floraison d'images : l'Église propose ses cantiques et ses fresques au peuple chrétien qui ne sait et ne doit pas lire. La diffusion du savoir se fait dans un climat de controverses théologico-juridiques entre guelfes et gibelins, dont Dante subira les conséquences. Le Florentin Francesco Balducci-Pegolotti écrit une Pratique du commerce, le Vénitien Marco Polo relatera bientôt en français son immense périple en Extrême-Orient dans le Livre des merveilles du monde (v. 1298). 2.2 Le XIVe siècle, ou Trecento Guittone d'Arezzo (v. 1235-1294) perfectionne les innovations métriques, intégrant à ses canzoni les réalités municipales. Son disciple Chiaro Davanzati, imitant les troubadours provençaux, crée l'image de la Dame aimée rédemptrice, se faisant ainsi le précurseur de la première avant-garde poétique, le Dolce stil nuovo (le « doux style nouveau «). Dante attribuera la paternité de ce septuor poétique au Bolonais Guido Guinizelli (Purgatoire, XXVI, 91-114) qui comprend quatre autres Florentins -- Guido Cavalcanti, Lapo Gianni, Dino Frescobaldi, Gianni Alfani -- et un Toscan, Cino da Pistoia. Tous adhèrent à une conception de l'amour empreinte de spiritualité religieuse ou profane, célébrant dans des formes poétiques très élaborées la vertu de la femme aimée qui élève l'âme de l'amant à la compréhension de la beauté divine. Cette conception déjà platonicienne de l'amour inspirera fortement la poésie lyrique ultérieure, l'européenne comme l'italienne avec Pétrarque, Laurent de Médicis, Politien. 2.2.1 Dante, « florentin de naissance mais non de moeurs « Né un an avant la bataille de Bénévent (1266), Dante Alighieri subit les effets de la lutte entre guelfes et gibelins puis, après l'élimination de ces derniers, des rivalités internes au camp guelfe : il se retrouve ainsi du côté des guelfes « blancs « (partisans de l'autonomie communale) quand les « noirs « prennent le pouvoir à Florence. Banni de sa ville pour cette raison en 1302, il mourra en exil à Ravenne (1321). Ce fondateur de la poésie et de la culture italienne s'affirme contre le pouvoir temporel du pape dans la Monarchie universelle (v. 1313). Dans De l'éloquence en langue vulgaire (1304-1305), enquête géographico-linguistique, il part à la chasse de la langue italienne : ce sera, non le Toscan, mais ce « vulgaire italien qui appartient à chaque ville italienne et ne semble en même temps appartenir à aucune en particulier «. Il écrit le Banquet (v. 1304-1307), première oeuvre philosophique en langue vulgaire. Avec la Divine Comédie (1307-1321), épopée chrétienne qui prolonge et absorbe l'Énéide, Dante, guidé par sa Dame Béatrice, met en place dans une oeuvre totale l'histoire de la liberté de l'homme et de l'accomplissement de la justice divine. Le Moyen Âge considérera comme un livre sacré cet immense poème, où se retrouvent des échos de la Légende dorée. 2.2.2 Pétrarque et Boccace : deux contemporains, deux options Deux autres Toscans illuminent le XIVe siècle ; chacun à sa façon se montre homme de la Renaissance : Pétrarque innove dans la tradition aristocratique cultivée, Boccace et ses nouvelles fondent le genre de la bourgeoisie commerçante. Ils sont, avec Dante, les fondateurs de la littérature italienne. Pétrarque grandit à Avignon quand la papauté y réside et que des élections contestées opposent papes et antipapes. Il y rencontre Laure de Noves, dont la mort prématurée inspire le Canzoniere. Revenant explicitement à la tradition antique, il rêve de la résurrection de la latinité, « magistère latin « qui pèsera lourd sur la première Renaissance italienne. Son Canzoniere devient, par la perfection de sa langue, le raffinement de son lexique, le modèle international de la poésie lyrique du XVIIIe XVIe au siècle. Boccace est conscient, comme Pétrarque avec lequel il entretient des relations amicales et culturelles, d'appartenir à un âge nouveau, marqué par une prospérité économique cependant remise en question par des guerres, des disettes et d'effroyables épidémies de peste noire : à partir de 1360, les campagnes ravagées perdent de 40 à 60 p. 100 de leurs paysans. Le Décaméron (1348-1353), ces « cent nouvelles, dites en dix jours, par sept dames et trois jeunes hommes «, montre sa foi dans la vitalité de la grande bourgeoisie urbaine, commerçants et banquiers, qui saura, dans l'utopie d'une vie raffinée, concilier pratique amoureuse et usage de l'esprit. Boccace, contre le Moyen Âge, prend ainsi acte de l'importance des femmes. Devenu religieux, il écrira une palinodie misogyne, le Corbacchio, propageant l'italien de Dante et de Pétrarque dans ses Nouvelles, mais confiant au latin ses oeuvres plus ambitieuses, sa Genealogia deorum gentilium. De son long séjour à Naples, Boccace a retenu l'importance de l'oral et la tradition des contes populaires : son Décaméron innove, forme système, invente des techniques de narration en prose. Ces histoires en grande faveur chez les marchandsvoyageurs, désormais typiques de leur tradition, circulent immédiatement dans toute l'Europe, ouvrant une voie littéraire qu'emprunteront nombre d'écrivains pendant près de deux siècles : le recueil de « contes «, ou « novelline «, où sont dépeintes toutes les façons de parler, toutes les classes sociales. Geoffrey Chaucer (Contes de Cantorbéry), Marguerite de Navarre (Heptaméron), Franco Sacchetti, Giovanni Sercambi (1348-1438) ou même Machiavel (l'Archidiable Belphégor), pour n'en citer que quelques-uns, s'inspireront du Décaméron. Mais, en se répandant, ce nouveau genre s'imprègne d'un merveilleux païen vaguement christianisé, par contamination avec des traditions orales régionales. Quand l'Italie cultivée se met au latin, Boccace reste un « pont « pour la re-floraison de l'écriture en Italien vulgaire. 3 LE DÉBUT DE LA PÉRIODE MODERNE 3.1 La première Renaissance : de la mort de Pétrarque et de Boccace jusqu'à 1450 De 1309 à 1378, voire à 1417, période d'affaiblissement de la papauté (papauté en Avignon et Grand Schisme d'Occident) sur fond de guerre de Cent Ans, le pape n'a pu résider à Rome : la légende veut que sainte Catherine de Sienne ait ramené le pape d'Avignon à Rome. Florence est la cité phare, la capitale intellectuelle où se constitue « l'humanisme civique «. Les marchands et négociants, découvrant avec Cicéron ou Tite-Live les valeurs de la République romaine, théorisent -- contre les thèses de l'Église médiévale -- les vertus de la praxis commerçante : vie active contre vie contemplative, socialité contre retrait du monde, liberté contre résignation humble, dignité et autonomie de l'homme. Ainsi apparaît le genre historique de la chronique dans chaque grande cité. La lecture-traduction latine des Politiques d'Aristote, distinguant l'économique et la chrématistique (« art d'acquérir des richesses pour elles-mêmes «), leur suggère, contre le refus chrétien de l'enrichissement, la réhabilitation de l'argent. Dès 1360, Paolo da Certaldo, dans son Livre des bonnes moeurs, donne comme but à l'activité humaine l'accumulation des richesses. Même des prédicateurs aussi vénérés que Bernardin de Sienne reconnaîtront l'utilité des marchands et des commerçants. 3.2 La seconde Renaissance Cet humanisme civique entre en crise au milieu du XVe siècle, avec l'affirmation des principautés et des familles de banquiers qui prennent le pouvoir dans les « cités-États «. Preuve de ce « féodalisme «, les douze papes qui se succèdent de 1447 à 1534 sont avant tout des « princes de la Renaissance « (issus d'illustres familles comme les Della Rovere et les Borgia), à la réputation souvent sulfureuse. Mais ce sont aussi de prodigieux esthètes et mécènes. L'Italie, en rapport direct avec les Grecs d'Orient chrétien par les croisades, accueille après la prise de Constantinople (1453) l'émigration de l'hellénisme, tandis qu'à la cour de Laurent le Magnifique, Marsile Ficin, maître du néoplatonisme à Florence, traduit en latin et annote les oeuvres de Platon, Plotin, Denys l'Aréopagite, Porphyre, Jamblique, donne une Théologie platonicienne en dix-huit volumes (1469-1474, publié en 1482). Philologue émérite, Politien discourt sur les poètes grecs et latins, Virgile, Horace, Hésiode, Homère. Ses Stances pour le tournoi (1475-1478) et son drame lyrique Orphée (1480) illustrent son néoplatonisme. Les poèmes bucoliques et élégiaques prennent une importance culturelle particulière ; le Napolitain Iacopo Sannazzaro inaugure avec l'Arcadie (achevée vers 1486, publiée en 1504) le roman pastoral, destiné à une grande fortune dans l'Europe entière. La mode féodalo-aristocratique du tournoi fait renaître à Ferrare le roman de chevalerie -- le Roland amoureux de Matteo Maria Boiardo (1487, inachevé), premier de ces chefs-d'oeuvre épiques, inspirera le Roland furieux de l'Arioste (1516 et 1532) --, tout en donnant lieu à des parodies burlesques dans le style populaire, dont Morgant le géant de Luigi Pulci (1483), au parler coloré, savoureux, dans la tradition du barbier Domenico di Giovanni, « Il Burchiello «. Jusqu'au milieu du XVe siècle, la littérature en langue vulgaire connaît donc une véritable éclipse. La connaissance précise de la littérature antique entraîne un désir d'observance des règles poétiques et rhétoriques reprises d'Aristote ou d'Horace, annonçant le classicisme au formalisme stérilisant des XVIIe et XVIIIe siècles. Cependant, liés au phénomène communal persistent les genres populaires et bourgeois de la chronique et des contes (Zachetti à Florence, Sercambi à Lucques), que saint Bernardin de Sienne intègre dans la forme religieuse du sermon. Les lettres écrites par Alessandra Massinghi, femme de Matteo Strozzi, à ses fils exilés, sont un précieux témoignage des préoccupations quotidiennes entre 1447 et 1470. Cette seconde moitié du XVe siècle est marquée par l'événement culturel majeur de l'invention et la diffusion de l'imprimerie ; en 1469, un premier privilège est accordé à un typographe allemand par Venise, qui devient au XVIe siècle l'un des plus grands centres éditoriaux du monde. 3.3 Vers l'humanisme courtisan À Ferrare, l'Arioste, qui est issu de la vieille noblesse, produit l'épopée du Roland Furieux (1516, 1532 pour la version définitive). Son contenu archaïsant, écho de la réaction féodale, contraste avec sa forme, structure ouverte, novatrice. À la cour de Naples, le noble lombard Iacopo Sannanzaro écrit l'Arcadie (1504), qui ressuscite en prose et en vers l'univers idyllique de Théocrite et de Virgile. À Florence, Politien contribue par ses poèmes à célébrer la magnificence des Médicis. La volonté encyclopédique de savoir, avec Pic de la Mirandole et Leon Battista Alberti, devient désir d'expérimenter. Le génie universel de Léonard de Vinci s'exprime dans ses machines, ses Carnets, et un Traité de la peinture qui, dispersé, ne sera édité qu'au XVIIe siècle. Dès 1450, le théâtre, avec la traduction et l'adaptation des comédies latines, est un élément essentiel du divertissement de cour. À Ferrare, Venise, Florence, Sienne et Rome, parmi d'innombrables écrivains, s'illustrent l'Arioste, Bibiena ou Machiavel (avec la Mandragore). 3.4 Les guerres d'Italie (1494-1559) Le mécénat a induit la figure de l'artiste-valet, qui doit distraire la cour et ordonnancer les fêtes et les jeux, marque de la munificence du Prince : Piero della Francesca à Urbino, Léonard de Vinci à Milan, Michel-Ange à Rome. Dans l'émiettement de la péninsule, tous les régimes politiques depuis l'an mil sont représentés. Baldassare Castiglione, à Venise, théorise le modèle de l'honnête homme dans le Parfait Courtisan (1513-1518, publié en 1528), vite traduit dans toutes les langues européennes, et se fait le défenseur d'une langue italienne « courtoise «, pluridialectale mais à prédominance toscane. Pietro Bembo, dans ses Proses sur la langue vulgaire (1525) définit pour sa part les canons de la langue littéraire, en se référant à Dante, Pétrarque et Boccace. Machiavel, dans ses Histoires florentines, continue la tradition « municipale «, production typique d'un Florentin démocrate. Quant au Prince (1513, publié à titre posthume en 1532), manuel de gouvernement explicitement antiplatonicien, il fonde la théorie du politico-historique en distinguant la « vertu « de la virtù, montrant que la verità effettuale s'organise autour du triangle conceptuel Force-Virtù-Fortune. Refusant l'idée d'États pontificaux, prenant l'exemple étatique français, il en appelle à l'unification politique de la péninsule. Rappelons pour le théâtre sa Mandragore et sa « nouvelle-conte «, l'Archidiable Belphégor. L'historien François Guichardin, son ami, est son opposé politique : représentant de la haute aristocratie florentine, partisan de l'oligarchie (et donc chassé de Florence après la proclamation de la république), il écrit ses Souvenirs d'exil et laisse, principalement, une Histoire d'Italie (posth., 1561-1564). L'Arétin, à Venise, use du nouveau moyen de l'imprimerie pour diffuser ses nouvelles d'une étonnante liberté de moeurs, quand le masque permet toutes les audaces et que les gens d'Église s'adonnent à la débauche. Ses Ragionamenti, dialogues satiriques d'un réalisme cru et d'une rare liberté de ton, fournissent une somme d'informations exceptionnelle sur la prostitution à Venise, à l'âge d'or de la Sérénissime, illustré en peinture par Titien. Sa Correspondance (1537-1557) livre de même un étonnant témoignage culturel sur la société italienne. Cette génération assiste à la naissance de la Réforme luthérienne, dont les effets provoquent des ravages dans l'Europe du Nord durant tout le XVIe siècle. L'humanisme rationnel d'Érasme se diffuse chez les intellectuels italiens, jusqu'à la mise en place du dispositif de terreur par la papauté, aidée des Espagnols. L'éblouissante efflorescence des arts visuels (peinture, sculpture, architecture) produit -- outre la théorisation de Léonard de Vinci et l'autobiographie de Benvenuto Cellini (connue seulement en 1727, plus tard traduite par Goethe) -- le monument inestimable, modèle de rhétorique et de critique, de Giorgio Vasari, les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens (1550). L'Italie devient la référence obligée des peintres européens et surtout français, les guerres d'Italie puis l'installation des Médicis à la cour de France donnant naissance à une mode italianisante durable. Le Théâtre des Italiens à Paris popularise les personnages de la commedia dell'arte, fondée sur l'improvisation libre à partir d'un canevas de situations. L'arlequinade fait rire l'Europe. 3.5 L'ère de la domination espagnole et de la Contre-Réforme Dès le milieu du XVIe siècle, la tâche explicitement idéologique des artistes est d'exalter l'exubérance catholique contre l'austérité et la rigueur protestante, au moyen de solutions maniéristes et baroques rendues visibles, notamment, dans l'art des jardins. Une solution « classique «, ou repli vers le conformisme, convient aussi aux maîtres espagnols. Clôturant le foisonnement libre des images, Cesare Ripa en théorise et codifie la signification allégorique dans une oeuvre essentielle, Iconologia (1593). Celle-ci résume l'importance de l'allégorie aristotélicienne, écho d'une pensée symbolique et alchimique où microcosme et macrocosme sont en corrélation, où l'astrologie interprète les observations astronomiques. L'hégémonie culturelle italienne est alors indéniable. De 1559 à 1713, l'état territorial de l'Italie reste pratiquement inchangé, la domination espagnole bloquant toute évolution vers un État national unitaire. Avec l'ouverture du concile de Trente (1545-1563), l'Italie devient le foyer de la ContreRéforme. L'Inquisition romaine, confiée aux dominicains et réorganisée en 1542 par Paul III Farnèse, poursuit et persécute les suspects d'hérésie, entraînant l'émigration de l'élite cultivée acquise aux thèses d'Érasme et à la Réforme. L'imprimerie est mise sous la tutelle du Saint-Office et la première liste de livres prohibés portant le nom d'Index paraît en 1557. Le Tasse, génial et fou cherchant un sujet « vraiment épique «, écrit l'épopée enthousiaste de la première croisade (1096), se souvenant des classiques (Homère, Virgile, Lucain, Stace...), de Dante et de Pétrarque. Cette Jérusalem délivrée, publiée par ses amis en 1580 et 1581, mécontente le Tasse qui, avec la Jérusalem conquise (1593), donne une nouvelle version, mutilée, dépouillée de tout ce qui en faisait le charme et la beauté, et annonçant par son formalisme exacerbé les excès de la poésie baroque. Cette effroyable autocensure, effet d'une lutte incessante contre la folie, symbolise « l'agonie même de la civilisation italienne «. Le dominicain Giordano Bruno, originaire de Naples, s'affirme panthéiste, anti-aristotélicien et partisan de la théorie de Copernic ; sa comédie le Chandelier (1582) est une violente satire de l'obscurantisme. Après une vie errante d'homme traqué, dénoncé à Venise, il est brûlé vif sur le Campo dei Fiori à Rome. Tommaso Campanella, lui aussi dominicain et méridional, propose une explication laïcisée du monde excluant toute métaphysique. Condamné pour conspiration anti-espagnole, il doit feindre la folie, et recherche dans l'utopie de la Cité du Soleil (1623), la justice, la raison et la liberté inexistantes dans le monde réel. Gracié par Urbain VIII mais de nouveau persécuté, il doit s'enfuir, et meurt à Paris. 3.6 Période 1630-1650 La littérature d'évasion, romanesque, utopique, historique, est le genre approprié à cette époque d'oppression qui voit fleurir les romans édifiants, libertins, ou « marinistes «. La parodie, la littérature en dialecte montrent la persistance d'une opposition populaire souterraine. Un premier recueil de Fables, compilation de traditions orales, est publié à cette époque par Giambattista Basile. Directement inspiré par la Contre-Réforme, le style baroque veut lutter par l'exubérance et la volute verbale conte l'austère dépouillement protestant. De surprenantes expérimentations rhétoriques caractérisent l'oeuvre de Giambattista Marino, dit le Cavalier Marin, qui entend susciter « l'émerveillement « par la recherche du bizarre et du monstrueux. La tradition scientifique des arts mécaniques, déjà ancienne, la curiosité insatiable d'un Léonard de Vinci, la théorisation astronomique de Copernic ont préparé l'irruption du savant, l'intellectuel nouveau. Galilée inaugure le genre de la littérature scientifique, caractérisé par une prose précise, dépouillée de toute rhétorique, modèle de polémique rationnelle (l'Essayeur, 1623 ; Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, 1632). Il est contraint à la rétractation publique de l'hypothèse héliocentrique, ce qui oblige les Galiléens d'Europe à la dissimulation : Descartes gardera secret son Traité du monde (v. 1633). Cette tradition d'écrits scientifiques, perpétuée notamment par Evangelista Torricelli, contribuera néanmoins à l'essor des Lumières au siècle suivant. 3.7 Le tournant des XVIIe et XVIIIe siècles L'opposition entre le Nord et le Sud s'accentue politiquement, la France de Louis XIV supplante progressivement l'Espagne dans l'hégémonie européenne, et l'influence espagnole décroît dans le Nord. Les académies littéraires comme scientifiques se sont multipliées, devenant les foyers de l'illuminisme futur. Protectrice des arts et des lettres, la reine Christine de Suède, ayant abdiqué en 1654 et s'étant converti au catholicisme, fonde une académie dans son palais de Rome (palais Riario, aujourd'hui palais Corsini), qui donne naissance en 1690 (au lendemain de la mort de la reine Christine) à l'académie de l'Arcadie. Renvoyant aux pastorales idylliques de Théocrite et de Virgile, cette école littéraire néoclassique fait des émules dans toute la péninsule. Giovanni Mario Crescimbeni l'anime un temps, puis cède la place au juriste et lettré Gian Vincenzo Gravina, plus critique, dont les ouvrages Raison et Poétique (1708) et De la Tragédie entendent sortir la production littéraire des fadeurs et du cloisonnement des genres. Le poète et librettiste Pierre Métastase, protégé de Gravina, est la plus grande découverte des Arcadiens. Grand improvisateur poétique et musical, il assure la popularité du mélodrame lyrique ( Didon abandonnée, 1724) à Rome et en Italie puis, dès 1730, à la cour de Vienne, où il devient bientôt le « poète-courtisan « de l'impératrice Marie-Thérèse. Mais, dès 1762, le primat de la musique sur le texte l'emporte avec Gluck. L'oeuvre du philosophe et historiographe Giambattista Vico illustre la richesse de la vie intellectuelle dans le royaume de Naples. Ses Principes d'une science nouvelle (1725) élaborent une nouvelle théorie -- cyclique -- de l'histoire, méconnue par ses contemporains (à l'exception de Montesquieu) mais redécouverte par l'histoire romantique du XIXe siècle, en particulier par Jules Michelet. Intégrant l'archéologie, l'ethnologie, la mythologie, sa méthode annonce celle du XXe siècle. La réforme de la comédie est l'oeuvre du Vénitien Carlo Goldoni. Dans le contexte polémique où s'opposent la commedia dell'arte et le théâtre larmoyant de son rival Pietro Chiari, tenant de la tradition baroque, Goldoni réduit peu à peu la part de l'improvisation bouffonne au profit d'un texte rédigé (en italien ou en dialecte vénitien) ; l'art du comédien peut se dégager de la gesticulation, et la comédie se démarquer de la pantalonnade. Arlequin serviteur de deux maîtres constitue à cet égard une sorte de manifeste de l'ambition réformatrice de Goldoni : simple canevas servant de support à l'improvisation dans sa version initiale (1745), la pièce est entièrement réécrite en 1753, bénéficiant dès lors d'une véritable construction. À Mantoue, Rimini, Venise, Rome, Goldoni impose sa force comique et sa critique de la noblesse (la Locandiera, 1753 ; la Villégiature, 1761 ; Barouf à Chioggia, 1762). Invité à Versailles, précepteur d'italien des enfants de la famille royale, il écrira aussi en français (le Bourru bienfaisant, 1771 ; l'Avare fastueux, 1772). Ce succès indispose l'aristocrate Carlo Gozzi, farouche défenseur de la tradition théâtrale italienne qui, par défi, met en scène des Fables, ou « contes de nourrice «, entendant démontrer que le public ne se soucie pas du sujet. Entre 1761 et 1765, il crée ainsi l'Amour des trois oranges et Turandot, qui enthousiasment les romantiques allemands et connaîtront, grâce à Prokofiev et Puccini notamment, une belle fortune musicale (voir l'Amour des trois oranges, Turandot). 3.8 L'illuminisme, les réactions à la Révolution française et aux guerres napoléoniennes L'Europe cultivée parle français (Giacomo Casanova rédige dans cette langue ses Mémoires, Histoire de ma vie), le comte de Cagliostro défraie la chronique, l'illuminismo -- ou mouvement italien des Lumières -- prend son essor, caractérisé par son cosmopolitisme, son intérêt pour la pensée et le système politique et juridique anglais. Le centre intellectuel et principal foyer de diffusion des Lumières italiennes se trouve alors à Milan, réputée pour ses publicistes regroupés au sein de la Société des Poings et de sa revue il Caffè, tout au moins jusqu'à la reprise en main de Joseph II. Influencé par les encyclopédistes, le marquis de Beccaria, économiste et juriste, entreprend de dénoncer, dans Des délits et des peines (1764), le fonctionnement et l'institution même de la justice criminelle, qu'il qualifie de « monstrueuse production des siècles les plus barbares «. Réclamant l'abolition de la torture et de la peine de mort, il inspirera la réforme du droit pénal dans de nombreux pays européens. Un mouvement de réaction à la francisation de la culture italienne et à l'hégémonie politique française -- exacerbé en 1796 avec l'arrivée des troupes révolutionnaires -- voit cependant le jour. Ce mouvement, qui entend dépasser l'illuminisme, prend la double forme du néoclassicisme et du romantisme. Pour l'Italie comme pour l'Europe entière, la France révolutionnaire exporte l'idée de nation. Cette mouvance préromantique est influencée par le romantisme anglais « du sépulcre «, comme par les thèses kantiennes sur le goût, le génie et le sublime. L'occupation française conduit certains animateurs du Caffè (en particulier Alessandro et Beccaria) à une radicale mutation politique, du libéralisme à l'autoritarisme et au désir d'ordre. L'expérience de cette première République italienne unifiée inspirera néanmoins les hommes du Risorgimento. Giuseppe Parini, prêtre et précepteur, indigné par le mode de vie de l'aristocratie milanaise, dont il critique la francophilie et le cosmopolitisme mondain, suscite le rire amer devant des existences vides, dont témoigne l'ironie âpre des Odes (publiées à partir de 1791) et du poème satirique en quatre parties le Jour (1763, 1765, posth. 1801). Vincenzo Monti devient pour sa part le poète officiel de l'Empire napoléonien au-delà des Alpes et le porte-parole du néoclassicisme, dont Rome est le centre. Sa Prosopopée de Périclès (1779) est suivie des Pensées d'amour (1783), inspirées de Goethe. Werthérien, maître en palinodies politiques, il est d'abord anti- puis pro-révolutionnaire à Milan, saluant ensuite avec le même zèle, après la chute de Napoléon, l'arrivée des Autrichiens. Opportuniste sans morale, il sera un contre-exemple pour les moralistes enthousiastes du Risorgimento. 4 XIXE SIÈCLE : ROMANTISME ET RISORGIMENTO 4.1 Les romantiques 1815-1830 Le poète et dramaturge Vittorio Alfieri écrit « l'histoire de sa rédemption morale par la poésie «. Francophone comme toute l'aristocratie de Turin, il doit apprendre à maîtriser la langue italienne, et se « dépiémontise «. Voulant « doter l'Italie du théâtre tragique qui lui manquait «, et inciter à la haine des tyrans, il écrit Brutus (1789) ; son modèle est le drame selon Schiller. Le pamphlet il Misogallo (« le Francophobe «, 1798) traduit son rejet des débordements de la Révolution et son refus de l'occupation française. Éprise d'idéal et de liberté, son oeuvre contribue de façon déterminante à l'essor du Risorgimento. Né à Zante, dans les îles Ioniennes (Grèce), Ugo Foscolo se sent Vénitien-Italien. Engagé en 1799 aux côtés des Français contre les Autrichiens, il doit fuir la Restauration et meurt en exil près de Londres. Ses Dernières Lettres de Jacopo Ortis (1802) -- roman inaugural de la modernité romantique italienne --, son fameux poème les Tombeaux (1806) et ses engagements héroïques en font un modèle pour les révolutionnaires « risorgimentistes «. Son idéal patriotique s'incarnera dans la figure épique et légendaire de Garibaldi et de ses Chemises rouges (voir expédition des Mille). Dans cette Italie opprimée et livrée à la réaction d'après le congrès de Vienne (1814-1815), émergent les figures tutélaires de Virgile -- dont les Italiens retiennent les leçons de grandeur et de nationalisme -- et de Dante, le grand fondateur de la langue italienne. Le modèle politique de la Rome augustéenne double la tradition romantique des « itinéraires virgiliens «. 4.2 Leopardi, « l'inclassable « Giacomo Leopardi, né à Recanati, petite enclave princière à la fois aristocratique et populaire des Marches, reste l'inclassable dans ce romantisme. Précocement érudit et philologue, de santé fragile, amoureux d'Homère et de Virgile, Leopardi donne en 1831 ses Chants (ou Canti), qui déclinent les thèmes des illusions perdues et de l'accroissement du malheur. Ses Petites pièces morales en prose (1824), antérieures aux Canti, mettent en scène les marionnettes d'un théâtre philosophique, dont le Tasse ; leur ironie tragique les apparente aux premiers romantiques allemands (comme Kleist), dont Leopardi partage l'obsession du suicide. Par sa façon d'écrire, dense et ennemie de toute rhétorique, Leopardi franchit d'un bond la distance entre le classicisme et la fin du XXe siècle (Italo Calvino voit, dans la littérature italienne, un fil conducteur qui relierait l'Arioste, Galilée et Leopardi). Son Ode à Angelo Mai exalte cependant la grandeur italienne ; il sera l'exemple pour la « prosa d'arte « sous Mussolini. 4.3 La restauration autrichienne Avec la Restauration, conduite par l'Autriche de Metternich après 1815, la critique acerbe de Parini inspire les libéraux et leur désir de reconstituer dans les coeurs nostalgiques de la République parthénopéenne (instaurée par les Français à Naples en janvier 1799), leur nation supprimée de la carte. Les insurrections de Naples, puis du Piémont, durement réprimées, imposent la dure expérience de la prison ou de l'exil. Le récit par l'écrivain et patriote Silvio Pellico de ses dix ans de captivité dans les geôles autrichiennes gagne l'Europe à la cause italienne (Mes prisons, 1832) et inaugure le martyrologue des révolutionnaires. 4.4 Le romantisme du Risorgimento Poète des Hymnes sacrés (1812-1822), à l'inspiration démocratique, dramaturge (Marzo, 1821), Alessandro Manzoni (qui est le petit-fils de Cesare Beccaria) est aussi l'auteur de travaux théoriques dont l'influence sera considérable sur la littérature italienne (le Romantisme en Italie, 1823, publié en 1846). Son roman les Fiancés (1821-1842, publié en 1840-1842), « chronique milanaise du XVIIe siècle « contant les amours contrariées de deux amants sur fond d'oppression sociale et politique, marque une étape fondamentale dans l'évolution du genre romanesque et inaugure, en Italie, la floraison du genre historique. Manzoni, qui meurt en 1873, a survécu presque cinquante ans à son oeuvre emblématique. Patriote exalté, personnage officiel de l'Italie unifiée, il propose, en 1868, le toscan parlé comme langue de la nation italienne (Sur la langue italienne, 1845). Fervent catholique, il accepte cependant la perte du pouvoir temporel du pape. À sa mort, le jeune État italien lui fait des funérailles nationales et Verdi compose à sa mémoire son Requiem (1874). Ce « romantisme littéraire « vaut pour la période qui s'étend de 1815 à 1830 ; il se confond ensuite avec l'Italie révolutionnaire. L'opposition aux iniquités autrichiennes provoque un foisonnement de sociétés secrètes (les fameux carbonari) et de conspirations. De 1815 à 1870, l'histoire de la péninsule est l'histoire des insurrections manquées, des répressions féroces, du mode d'être héroïque, du pathétique. En 1836, avec le poème lo Stivale, Giuseppe Giusti popularise la métaphore de la péninsule italienne comme botte : dans une fière prosopopée, celui-ci raconte l'histoire de tous ceux qui tentèrent en vain de l'enfiler. Cette « politique du poignard «, où s'opposent les républicains avec le révolutionnaire Giuseppe Mazzini, les « néoguelfes « du philosophe Vincenzo Gioberti ( De la supériorité civile et morale des Italiens, 1843) et Cavour avec son journal il Risorgimento (1847), prévaut jusqu'en 1850. Cavour et le Piémont-Sardaigne industrialisé conduiront l'Italie à l'unité. L'identité de cette nouvelle Italie s'appuie sur le fondateur culturel, Dante ; le genre littéraire privilégié est le roman historique, dont des écrivains comme Tomaso Grossi (auteur d'une fiction sur l'histoire des Lombards à la première croisade) ou Massimo D'Azeglio (Ettore Fieramosca, 1833) se servent pour exalter le sentiment national. Carlo Collodi, le créateur de l'immortel Pinocchio, républicain mazzinien, fonde en 1848 le périodique satirique il Lampione (interdit dès 1849) et participe à toutes les guerres de libération contre l'Autriche, rejoignant en 1859 les forces militaires de Garibaldi. Collodi égaiera plus tard la vie des enfants avec les Aventures de Pinocchio (1883), histoire d'une petite marionnette de bois qui ne rêve que d'escapades. Acquis lui aussi aux idéaux patriotiques de Mazzini et compagnon de lutte de Garibaldi, Ippolito Nievo (1831-1860) laisse, après sa mort prématurée dans un naufrage, plusieurs recueils de poèmes (dont les Amours garibaldiennes, 1860) et les Mémoires d'un octogénaire (posth., 1867), vaste fresque historique et chef-d'oeuvre romanesque. À la seconde génération romantique appartiennent les poètes Giovani Prati (Incantesimo) et Aleardo Aleardi, emprisonné pour patriotisme, et dont les Canti (1864), par leur pathétique et les qualités sonores de la langue, annoncent le décadentisme. La poésie dialectale restitue la vie et les réactions des petites gens. Le Toscan Giuseppe Giusti exerce sa verve critique à l'égard des mythes du Risorgimento dans ses satires, de la Guillotine à vapeur (1833) à la Guerra (1847). Le Milanais Carlo Porta, quelques années plus tôt, avait déjà donné la parole aux petites gens dans les Malheurs de Giovannin Bongee, qui décrivent dans le langage du peuple le désarroi des humbles. Les deux mille Sonnets du Romain Giuseppe Belli, enfin, expriment l'amertume de la plèbe romaine face à l'immobilisme de la ville des papes. Cette inspiration dialectale annonce le vérisme, et met en scène, déjà, les futurs exclus de l'unité italienne. Comme Renzo et Lucia, les amants des Fiancés de Manzoni, le peuple, dans sa grande majorité, ne sait pas lire. C'est donc la musique (celle de Rossini, de Donizetti), mais surtout les opéras de Verdi qui, dans le sentiment d'appartenance nationale, jouent le rôle fondamental, comme autant de signes de connivence politique. L'opéra est bien, en ce milieu du 4.5 XIXe siècle, la forme artistique nationale et populaire italienne. En 1901, Verdi recevra, à son tour, les honneurs de funérailles nationales. L'Italie unifiée : 1860-1870 En contrepoint, la littérature de propagande catholique se développe : ainsi, l'Hébreu de Rome, du Père Bresciani. Après 1850, l'essor du mouvement national dirigé par le Piémont et soutenu par Napoléon III conduit à la crispation catholique, que la question du pouvoir temporel du pape exacerbe. Dans l'Italie unifiée, l'université est réorganisée en 1860, et l'éducation -- principalement dans les mains des jésuites -- devient une préoccupation prioritaire. Florence est capitale, jusqu'à la prise de Rome. C'est à cette même époque que Cesare Lombroso, fondateur de l'anthropologie criminelle, entame ses recherches criminologiques (l'Homme criminel, 1875-1876). L'oeuvre de Manzoni, subversive et critique en 184O, s'est affadie en devenant « officielle «, et le triomphe de la vertu (qui caractérisait le dénouement des Fiancés) a dégénéré en littérature édifiante et de bons sentiments. Le « manzonisme « domine cependant la production littéraire de 1840 à 1895 environ. Ainsi, Edmondo De Amicis entend édifier la jeunesse (Grands Coeurs, 1886), à l'opposé du Pinocchio de Collodi, qui se situe du côté des pauvres, des exclus de la nouvelle prospérité, très loin de la bonne conscience scientiste et bourgeoise. Vingt ans plus tard, Maria Montessori créera une méthode pédagogique proprement révolutionnaire. Par haine de cette sentimentalité, qu'elle soit romantique ou dévote, Giosuè Carducci, premier lauréat italien du prix Nobel en 1906 et adversaire acharné du gouvernement de l'unité italienne, se veut païen, naturaliste à l'antique ( Hymne à Satan, 1863 ; Odes barbares, 1877-1889). Le Carducci poète, devenu royaliste fervent, occupera parallèlement la chaire de littérature à l'université de Bologne pendant quarante-quatre ans (1860-1904), imposant la méthode « historico-critique « et peuplant les universités de « professeurs poètes « carducciens. Cependant, par son talent à marier formes classiques et propos révolutionnaires, il fonde la poésie moderne italienne. Contre l'embourgeoisement qui caractérise l'époque, la jeunesse milanaise et ses « échevelés « (ou scapigliati, qui forment la Scapigliatura, l'avant-garde artistique milanaise, 1860-1880) rejoue la bohème française de 1830, et rêve, avec les Trois Arts (essai, 1874) de Giuseppe Rovani, d'un accord entre poésie, musique et peinture. Fascinée par le fantastique à la Théophile Gautier, elle se délecte d'épouvante. Arrigo Boito signe l'un de ses manifestes, Dualismo (1864), puis tente le mélodrame wagnérien avec Mefistofele (1868-1881), est librettiste de Verdi pour Otello (1887) et Falstaff (1893). Aux scapigliati succèdent les symbolistes, ou « décadentistes «. 4.6 Le vérisme Dans une Italie fortement influencée par le réalisme, le naturalisme et le positivisme français se répand le vérisme, dont Luigi Capuana est le théoricien. Ce mouvement essentiellement méridional, voire sicilien, entend rappeler aux Italiens du Nord l'affreuse réalité sociale, la misère psychologique du Mezzogiorno. Terre de légendes et de superstitions, de rites et de traditions populaires (que Giuseppe Pitré rassemble en une monumentale compilation de vingt-cinq volumes, Biblioteca delle tradizioni popolari siciliane, 1870-1913), la Sicile a vécu l'épopée garibaldienne comme l'irruption de sauvages envahisseurs. Du Sicilien Giovanni Verga, scapigliato dans sa jeunesse, les romans véristes les Malavoglia (1881) puis Maître Don Gesualdo (1889) rencontrent peu de succès. Déçu, Verga se retire dans sa Catane natale. Sa nouvelle Cavalleria rusticana, extraite du recueil la Vie des champs, inspire un opéra populaire à Pietro Mascagni (Cavalleria rusticana, 1890), et il connaîtra une tardive célébrité à partir de 1920. Plus régionalistes que véristes, deux femmes, Grazia Deledda (lauréate du prix Nobel en 1926) et Matilde Serao, retracent leur réalité particulière, sarde et napolitaine, en y mêlant une certaine nostalgie des traditions perdues. Le Napolitain Francisco De Sanctis fonde, dans une oeuvre monumentale, la tradition de l'histoire littéraire italienne (Histoire de la littérature italienne, 1871), cependant qu'Antonio Labriola, professeur à Rome, traduit et diffuse l'oeuvre de Karl Marx. Errico Malatesta théorise, lui, l'anarchisme. 5 LE XXE SIÈCLE 5.1 Le tournant de 1900-1915 Le philosophe napolitain Benedetto Croce fonde en 1903 la revue la Critica avec Giovanni Gentile : contre le positivisme, il retourne à la philosophie allemande et, critiquant Marx, revient à l'idéalisme hégélien. Son Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale (1902) lui assure une influence dominante dans le premier quart du siècle. La revue florentine d'avant-garde la Voce (1908-1916) diffuse le « crocisme « qui, comme critique du laïcisme démocratique et de ses carences, a inévitablement des effets idéologiques contradictoires, inspirant l'antifascisme (d'un Piero Gobetti), comme l'irrationalisme, l'anti-intellectualisme et jusqu'à l'idéalisme activiste, baptisé « actualisme « par Giovanni Gentile, futur philosophe et idéologue officiel du fascisme. Au tournant du siècle, une génération désabusée, déçue par l'échec des ambitions coloniales et « irrédentiste « se reconnaît dans deux romans emblématiques : Un homme fini de Giovanni Papini (1912) et les Vieux et les Jeunes de Luigi Pirandello (1913). La Bicyclette ou la Révolte idéale d'Alfredo Oriani illustrent bien cette désillusion historique. Gabriele D'Annunzio, autre figure clé de l'époque et futur poète-idole du fascisme, donne l'Enfant de volupté en 1889. Héritier du décadentisme, étonnamment prolifique, il prônera le Surhomme nietzschéen dans le Triomphe de la mort (1894) et surtout le Feu (1900), exaltation du « quadrige impérial « : volonté, orgueil, sensualité, instinct. Sa rhétorique d'emphase et d'enflure, ses attitudes théâtrales, ses tentatives nationalistes « héroïco-spectaculaires « (Fiume) en font un véritable évangéliste du fascisme. 5.2 Le futurisme, doctrine artistique du premier fascisme Filippo Tommaso Marinetti, « Italien de l'étranger «, fonde en 1909 la première avant-garde européenne. Dans le Roi Bombance, il critiquait déjà (en français) la démocratie et le parlementarisme. Le Manifeste de fondation du futurisme (1909) exalte la vitesse, même si elle mène droit au mur, à la violence, à la guerre. La syntaxe abolie, des « paroles en liberté « s'étalent dans une typographie dispersée. De la guerre comme seule hygiène du monde (1915) préfigure tous les « Vive la mort « des fascismes ultérieurs. Influencés par les symbolistes français et belges, se réclamant de D'Annunzio pour en rejeter l'héritage, les poètes crépusculaires (Sergio Corazzini, Guido Gozzano, Marino Moretti, Corrado Govani) chantent entre 1903 et 1914 leurs désillusions devant le politique et l'histoire. Aldo Palazzeschi, futuriste en 1909, connaîtra le succès dans l'entre-deux-guerres avec ses romans (les Soeurs Materassi, 1934), relus par l'avant-garde des années soixante. D'annunziens, crépusculaires, futuristes haïssent « l'Italietta « du ministre libéral Giolitti et le « giliottisme «, comme une bonne partie des militants du mouvement ouvrier, socialistes ou anarchistes. Ils sont bellicistes. Italo Svevo, triestin donc citoyen autrichien jusqu'en 1918, publie sans succès Une vie (1892) et Sénilité (1898) qui mettent en scène des héros « inaptes «. Après un silence de près de vingt ans, la Conscience de Zeno (1923) relate ses déboires dans une cure psychanalytique. Ironiste marginal dans la vie littéraire italienne, Svevo ne sera découvert que deux ans avant sa mort par l'intermédiaire de James Joyce. Ses innovations formelles conduiront à sa redécouverte et à son succès dans les années soixante. 5.3 La Première Guerre mondiale et l'avènement du fascisme Les intellectuels italiens font, dans l'expérience de la guerre, la connaissance du « peuple «, donnant naissance à une littérature « populiste « qui ne sera pas étrangère à la diffusion des thèses fascistes. Mussolini publie son Journal de guerre, Curzio Malaparte, engagé volontaire à dix-sept ans, écrit, déjà provocant, la Révolte des saints maudits, sur le désastre de Caporetto (1917). Giuseppe Ungaretti produit le stéréotype de « l'homme de la souffrance «, petit soldat parmi des milliers. La Pietà (1928) puis l'Allégresse (1931) poétisent cette expérience, créant un climat favorable à l'évasion « hermétique « (la jeune génération des poètes hermétiques le reconnaît comme maître). « Fasciste révolutionnaire «, Ungaretti journaliste rassemble des témoignages d'anciens combattants. Longtemps à l'étranger, mais contraint par la guerre à rentrer en Italie en 1942, il est nommé à la chaire de littérature italienne de l'université de Rome, où il enseigne jusqu'en 1959. Antonio Gramsci, journaliste militant dès 1916, cofonde et dirige quelques années plus tard la revue Ordine Nuovo (1919-1920), et contribue à la fondation du Parti communiste italien (1921). Député en 1924, il est arrêté et jugé en 1926-1927. Condamné à plus de vingt ans de prison, il meurt en 1937, laissant des Lettres de prison et des Carnets dont la publication sera déterminante pour la vie intellectuelle de l'après-guerre, y compris hors d'Italie. Benedetto Croce se démarque en 1924 de ses disciples, dont Gentile, devenu ministre de l'Instruction publique du régime mussolinien. Pirandello, lui, adhère au Parti national fasciste (1925) et le restera jusqu'à sa mort en 1936. Après la signature du concordat avec le Vatican et, à l'étranger, l'accession de Hitler au pouvoir, le régime devient dictatorial : censure, procès, relégations au Sud se succèdent, contraignant les intellectuels opposants à l'exil (Piero Gobetti, Ignazio Silone, Giuseppe Prezzolini...), à la lutte clandestine ou à la hautaine parole hermétique. Toutefois, les revues jouissent d'une liberté relative -- Gentile prônant la liberté de création artistique -- et diffusent les littératures étrangères. Ainsi Piero Gobetti avec Energia Nove (1918), puis Rivoluzione liberale et il Baretti. Mais ce dernier doit finalement s'enfuir à Londres, où il meurt à vingt-cinq ans, en 1926, des suites des sévices fascistes (1926). Croce, intouchable, mourra en 1952. 5.4 Le néoclassicisme et l'hermétisme La revue romaine la Ronda (1919-1923), que dirigent Cecchi, Bacchelli et Carderelli, réclame le « retour à l'ordre « contre le désordre futuriste, prône une littérature désengagée et recherche la prosa d'arte (« prose d'art «), jetant ainsi les bases du « culte de la parole «, caractéristique de l'école hermétique. Fondée par Massimo Bontempelli et Curzio Malaparte, Novecento (1926-1929), qui paraît d'abord en français, affirme son ouverture à la culture européenne, en particulier aux mouvements expressionniste et surréaliste. Florence reste cependant la capitale culturelle jusqu'en 1940. Le poète Eugenio Montale, futur lauréat du prix Nobel (1975), écrit notamment Os de seiche (1925) et les Occasions (1939) ; comme en écho à son engagement dans la résistance antifasciste, ses poèmes décrivent l'éloignement. Adepte, comme Montale, de l'hermétisme, Alfonso Gatto publie Isola (1932) ; arrêté en 1936, il entre dans la résistance (Morto ai paesi, 1939). Représentant de la nouvelle poésie, Umberto Saba (1883-1957) élabore en marge du courant hermétique son Canzoniere, chantant sa ville de Trieste, sa femme Lina et son amour pour tous les animaux. Avec le premier psychanalyste italien, Edoardo Weiss, il entreprend une analyse, comme le Zeno de Svevo. Juif, il doit fuir ses persécuteurs. Une place à part doit être faite à Dino Buzzati ; journaliste au Corriere della Sera, organe quasi officiel du fascisme, il se réfugie dans un monde fantastique, politiquement indécidable. Le Désert des Tartares (1940) est son chef-d'oeuvre. 5.5 Le théâtre de l'entre-deux-guerres : la « révolution Pirandello « Sa famille sicilienne étant ruinée, Luigi Pirandello doit vivre de ses cours et de sa plume. Le relatif insuccès de Feu Mathias Pascal (1904) et de ses nouvelles véristes (Nouvelles pour une année, colligées entre 1922 et 1937) le conduisent à la forme théâtrale après 1917. Lauréat du prix Nobel en 1934, il révolutionne le théâtre contemporain avec des pièces comme Chacun sa vérité (1917) ou Six personnages en quête d'auteur (1921), dans laquelle il se livre au jeu du « théâtre dans le théâtre «, constituant ce faisant l'illusion théâtrale en sujet dramatique. Ce théâtre de la perte d'identité et de la dépossession de soi influencera durablement la culture européenne. Entre son oeuvre et la creuse et suffisante rhétorique fasciste, la distance est, on le voit, véritablement schizophrénique. Ugo Betti, lui, analyse des relations existentielles : la descente aux enfers de ses « drames-enquêtes « participe du « théâtre-procès « des années trente, écho de procès politiques bien réels ( Nuit dans la maison du riche, 1938 ; Vent nocturne, 1941). Ses pièces ultérieures reflèteront le tournant politique de 1943. Eduardo De Filippo, napolitain, continue avec talent la veine dialectale de la farce, perpétuant la tradition de l'auteur-acteur-directeur de troupe, que reprendra Dario Fo. 5.6 Après 1943 Après le renversement de Mussolini, en 1943, une deuxième génération hermétique se met à l'oeuvre, marquée par la fracture de la guerre. Alfonso Gatto, proche de Salvatore Quasimodo, enracine d'abord son oeuvre dans les mythes grecs et méridionaux (Poèmes), puis dans son expérience de résistant (l'Histoire des victimes, 1966). Mario Luzi, de la Barque (1935) au Cahier Gothique (1947), célèbre -- dans l'angoisse, bien souvent -- la dignité chrétienne de l'homme. Vittorio Sereni préface ses Poésies (1942) de l'aveu qu'une époque est révolue, tandis que Journal d'Algérie (1947) rend compte de sa captivité comme soldat. Proche de Montale et de Saba, Sereni interroge l'histoire et ses déchirures. La guerre également induit dans la production de Salvatore Quasimodo, beau-frère d'Elio Vittorini, une rupture radicale, de Erato e Apollo (1936) à Jour après jour (1947), ressuscitant les horreurs de l'occupation allemande. Technique du coup d'État (1931) avait valu à Curzio Malaparte, à son retour de France, une relégation aux îles Lipari pour menées antifascistes ; le silence qui, au lendemain de la chute du fascisme, accueille Kaputt (1944) -- description apocalyptique de la désolation apportée par la guerre -- et la Peau (1949) sanctionne probablement une incompréhension du public italien à l'égard d'un parcours politiquement très erratique. 5.7 Le néoréalisme En 1945, Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini acte la naissance du néoréalisme, qui constituera, tant au cinéma qu'en littérature, une forme d'art majeure pour l'Italie, depuis l'effervescence des années d'après-guerre jusqu'aux années quatrevingt (voir néoréalisme (cinéma) ; néoréalisme (littérature)). Tes pays de Cesare Pavese, écrit quelques années plus tôt, tout comme Conversation en Sicile d'Elio Vittorini (1941) deviennent les romans de référence du néoréalisme littéraire. Celui-ci se livre dans un premier temps à un examen critique des lettres italiennes et de l'attitude des intellectuels sous le fascisme, et se caractérise par le refus de la « prose d'art «. Le poids politique des résistants et du Parti communiste italien est alors culturellement déterminant, cependant que la Démocratie chrétienne tient le pouvoir politique. Cette bipolarisation de la vie politique inspire à Giovanni Guareschi les figures très populaires de Peppone et de Don Camillo ( Don Camillo, 1948-1963). La chance historique des communistes italiens est d'avoir eu en Antonio Gramsci un dirigeant de grande culture littéraire, capable de reprendre les questions de De Sanctis sur la littérature nationale ; en prison dans les années trente, il lui a été épargné, à la différence de György Lukács, le théoricien du « grand réalisme «, de composer avec le sectarisme stalinien. La publication posthume de ses Carnets et Lettres de prison est décisive. L'immédiat après-guerre déplace le pôle de la littérature italienne vers le nord, siège de la mutation économique des années cinquante. Les Hommes et les Autres d'Elio Vittorini (1945), Le Christ s'est arrêté à Eboli de Carlo Levi (1945), Le Monde est une prison de Guglielmo Petroni ont pour objet la Résistance. La guerre à l'Est des soldats italiens mobilisés dans la Wehrmacht est relatée par Mario Rigoni Stern (le Sergent dans la neige, 1953) et Eugenio Corti (La plupart ne reviennent pas). Si c'est un homme de Primo Levi (1947) est le bouleversant témoignage d'un Juif turinois sur l'épouvante des camps d'extermination nazis. Dans son retour par la Russie, il se souvient d'Ulysse et de l'Enfer de Dante (la Trêve, 1963). Un an avant son suicide, et quarante ans après Auschwitz, les Naufragés et les Rescapés (1986) témoigne de l'irrépressible culpabilité des survivants. Elio Vittorini, aux Éditions Einaudi (d'où sortiront la plupart des grands romans néoréalistes), domine cette période. Ses oeuvres suggèrent une réelle tension entre l'idéologue communiste et le romancier ( les Villes du monde, posth., 1969). Vitaliano Brancati dans le Bel Antonio (1949), Cesare Pavese avec le Bel été (1949) et La mort viendra et elle aura tes yeux (1951) travaillent leurs obsessions intimes. Corrado Alvaro entame avec la Brève Enfance (1946) une trilogie autobiographique. Alberto Moravia rappelle toujours la dominance du sexe (Agostino, 1944 ; le Conformiste, 1951 ; le Mépris, 1954), passant, avec les Nouvelles romaines et la Ciociara (1954 et 1957), aux milieux populaires. Mais il se montrera de plus en plus décalé par rapport aux nouveaux modes de narration. Mario Soldati, écrivain et cinéaste, écrit Amérique, premier amour (1935) et l'Affaire Motta (1937), compare Turin et Rome dans les Deux Villes (1965). Les trois récits du Festin du commandeur (1952) lui valent la notoriété. Auteur de romans de facture classique (la Novice, 1941), Guido Piovene publie également des essais ou des recueils de réflexions ; Voyage en Italie (1957) enquête sur la modernisation et les réalités nouvelles de l'Italie des années cinquante, tandis que la Coda di paglia (Mauvaise conscience, 1962), largement autobiographique, renvoie bien des intellectuels à leur attitude sous le fascisme. 5.8 À côté du néoréalisme, une nouvelle génération Une nouvelle génération vient à l'écriture. En marge du néoréalisme, Elsa Morante, épouse d'Alberto Moravia, explore le réalisme du rêve (Mensonge et Sortilège, 1948 ; l'Île d'Arturo, 1957), ou met en scène la Rome populaire (la Storia, 1974). Natalia Ginzburg, veuve du dirigeant antifasciste assassiné Leone Ginzburg, poursuit ses recherches sur le langage, des Mots de la tribu (1963) au roman autobiographique Je t'écris pour te dire (1970). Lalla Romano donne en 1951 les Métamorphoses, cependant qu'Anna Banti, épouse du critique d'art Roberto Longhi, propose une méditation sur la condition de la femme en Italie (Artemisia, 1947) jusqu'à Un cri déchirant (1982). Écrivain, militant au Parti communiste italien puis au Parti radical de Marco Panella (1975), Leonardo Sciasca invente, pour dénoncer la main mise de la Mafia sur la Sicile, la forme du « roman-enquête « (le Jour de la chouette, 1961 ; À chacun son dû, 1974) ; il décrit aussi, plus généralement, la dérive des institutions politiques italiennes (l'Affaire Moro, 1979). Vasco Pratolini donne pour sa part une peinture engagée de la vie de tous les jours du prolétariat florentin (Chronique des pauvres amants, 1947). Après un détour par le fascisme, il adhère au PCI au tournant de 1943. La Constance de la raison et Allégorie et Dérision posent le problème du héros positif, du rapport histoire et vérité. Carlo Cassola, résistant dans le maquis de Volterra en Toscane, tire sa théorie de la mémoire « subliminaire « de Proust et de Joyce. Les romans Fausto et Anna (1952) et la Ragazza (1960) décrivent une Résistance non mythifiée. Un coeur aride (1961) rompt avec la « contamination « politique-littérature. Giorgio Bassani (1916-2000), dans les Lunettes d'or (1958) et le Jardin des Finzi-Contini (1963), restitue l'atmosphère de la bourgeoisie juive cultivée, et le tragique démantèlement de ce monde de Ferrare, dont il est originaire et qui subit, à partir des années trente, les persécutions antisémites du régime fasciste. Arrêté en 1943 pour activités antifascistes, il échappe miraculeusement au pire. La tradition italienne de femmes écrivains, dans une culture où les femmes subissent la dictature masculine, amplifiée par la misogynie de l'Église, le culte de la « Mamma « et les pesanteurs archaïques du Sud, explique l'explosion du féminisme après 1968. Le théâtre, stimulé par les oeuvres de Brecht, rénove le spectacle. Des « Piccoli Teatri « se fondent un peu partout ; l'ambition de ce théâtre est de renouer avec le public populaire, grâce à un répertoire lui permettant d'aborder les grands sujets de société : Giorgio Strehler à Milan (voir Piccolo Teatro), Edoardo Sanguineti, le fondateur de la « néo-avant-garde «, Luca Ronconi, dont le Roland furieux étonnera à Spolète (1968) puis à Paris (1969). Dario Fo, lauréat du prix Nobel en 1997, entend lutter contre le théâtre bourgeois, celui de Diego Fabri par exemple, de 1952 à 1967. Le Mystère Bouffe (1969) de ce « jongleur du peuple « fera date. Pier Paolo Pasolini, qui a célébré Gramsci, fonde à Bologne en 1955 la revue poétique Officina, d'inspiration gramscienne, dont l'ambition est de dépasser l'opposition entre hermétisme et néoréalisme. Poète, cinéaste, journaliste polémique, il est, véritablement, la grande figure de cette époque. Son oeuvre entière est partagée entre trois dominantes -- le marxisme, le sexe et la religion --, mais Pasolini les décline avec un souci constant de modernité poétique qui en fait un auteur unique. En marxiste, Franco Fortini (Une fois pour toutes, 1963) résumera les problèmes poético-politiques d'un demi-siècle lourd d'histoire. Eugenio Montale, lauréat du prix Nobel en 1975, conjuguant hermétisme et regard acéré sur l'histoire, poursuit une oeuvre exigeante avec la Tourmente et autres poèmes (1956). Autodafe (1966) et Sur la poésie (1976) rassemblent ses réflexions esthétiques. Deux autres noms majeurs apparaissent dans le paysage poétique de cette époque. Giorgio Caproni chante simplement les situations humaines fondamentales, explorant les limites du « langage-silence « dans la solitude de la présence-absence de Dieu (Comme une allégorie, 1936 ; Stances du Funiculaire, 1952 ; le Comte de Kevenhüller, 1986). Andrea Zanzotto suggère, aux limites du langage déconstruit, la disparition de lieux, de paysages irrémédiablement privés de leur sens par le néocapitalisme. La Beauté (1968), son recueil essentiel, en des mots éclatés en syllabes et phonèmes mêlant dialectes et jargon enfantin, tend au résidu inanalysable de toute analyse. 5.9 La crise du néoréalisme et l'explosion des années soixante L'insurrection de Budapest (1956), l'atténuation de la guerre froide, le processus de déstalinisation engagé en URSS ou encore, en Italie, l'insolent succès du Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (posth., 1958), font sortir les écrivains italiens de la problématique du réalisme socialiste. Bientôt, le « compromis historique « du PCI avec la Démocratie chrétienne et le traité de Rome établissant la CEE (1957) font entrer l'Italie dans l'ère de l'Europe et de la modernisation accélérée, que décrit C'était l'année du soleil tranquille de Carlo Bernari (1964). Une nouvelle génération, mieux formée théoriquement, s'ouvre aux sciences humaines françaises -- structuralisme, ethnologie, linguistique, psychanalyse lacanienne -- comme à la problématique de l'école de Francfort. La relecture de Dino Campana (mort en 1932) par Alberto Savinio et Tommaso Landolfi en est la conséquence. L'action critique d'Italo Calvino puis l'OEuvre ouverte du sémiologue Umberto Eco (1962) recentrent la théorie littéraire, objectif du Groupe 63 : l'écriture « chaotique « et expérimentale contre le néocapitalisme. L'Affreux Pastis de la rue des Merles de Carlo Emilio Gadda (1957), étonnante recherche sur la contamination dialectale, est suivie de la Connaissance de la douleur (commencé en 1938, laissé inachevé en 1970), modèle pour la « génération des petits-fils de l'ingénieur « : ainsi Edoardo Sanguineti, Antonio Porta. Giorgio Manganelli qui, dans Hilarotragédie (1964), à l'écriture baroque et aux formes chaotiques, fait l'expérience de la « lévitation descenditive «, affirme la « littérature comme mensonge « (essai éponyme publié en 1967), même vériste, et décrit son pays littéraire dans Voyage en Italie (1983). Alberto Arbasino poursuit pastiches et bricolage structural, avec la volonté de « déprovincialiser « la littérature (Super-Héliogabale [1969, réécrit en 1978] et Fantasmes italiens). Umberto Eco, dans son Diario (I, II), s'amuse aussi dans la contrefaçon, cependant qu'avec Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (1996), il théorise la sémiologie. Son premier roman, le Nom de la rose (1980), a de surcroît contribué, par son succès mondial, à la diffusion accélérée des textes italiens. 5.10 La fin du « tout-politique « et l'invention de formes nouvelles Italo Calvino est exemplaire des rapports qu'entretiennent la littérature et la politique en Italie. Résistant, militant du PCI et collaborateur de l'Unità jusqu'en 1956, il donne d'abord de courts récits néoréalistes puis invente un nouveau genre, entre la fable et le fantastique, qu'illustrent le Vicomte pourfendu (1952), le Baron perché (1957), le Chevalier inexistant (1959). Dans la Journée d'un scrutateur (1963), il règle son compte à la Démocratie chrétienne, cependant que son édition des Contes populaires italiens lui a donné le goût de la narrativité combinatoire, cette « méta-narrativité «, théorisée dans la Machine littérature et mise en pratique dans le roman Si par une nuit d'hiver un voyageur (1979). Le « Mai rampant « de 1968, l'explosion de l'extrême gauche comme l'émergence d'un néofascisme montrent le malaise de la société italienne, qui en éprouve aujourd'hui encore les contrecoups. Sur fond de scandales politiques et mafieux, les tensions exacerbées mènent à la dérive terroriste, et cette génération du « tout-politique « se détourne de l'écriture, ou en fait une arme de provocation, comme les Écrits corsaires de Pasolini (1975). Suscitant le scandale par ses films, ce dernier entend lutter contre l'ère télévisuelle aseptisée, la « civilisation berlusconienne « aujourd'hui dominante. Cependant, les recherches théoriques de qualité dominent, avec la nouvelle histoire : Piero Camporesi, dans la Chair impassible, ou Carlo Ginzburg (le Fromage et les Vers, 1976) repèrent dans de nouveaux objets les sources de l'imaginaire populaire et sa réglementation par l'Église. Par sa « méthode indicière « Ginzburg cherche le vrai, pour Piero della Francesca comme pour Adriano Sofri, militant de l'organisation d'extrême gauche Lotta continua, emprisonné sur des déclarations de « repentis «. Les essais philosophiques de Giorgio Agamben tentent de cerner l'inhumain politique, et les moyens langagiers de les conceptualiser. Dans un identique désir de vrai, Rosetta Loy ressuscite son enfance sous l'antisémitisme comme l'anti-judaïsme catholique de Pie XII dans Madame Della Seta aussi est juive (1997). Ce goût pour l'enquête se retrouve chez le père du roman noir italien, Giorgio Scerbanenco (Vénus privée, 1966), puis chez Fruttero & Luccentini dans la Femme du dimanche, qui pratiquent aussi le pamphlet acerbe contre « la crétinisation des masses «. Marcello Fois, fondateur du Groupe 13 et animateur du renouveau du roman noir italien, poursuit sa quête du vrai historique et politique (Sheol). La tradition de la Vénétie et de Trieste, illustrée par les Années aveugles (posth., 1970) de Pier Antonio Quarantotti-Gambini, se perpétue avec Fulvio Tomizza (la Vie meilleure) et Claudio Magris (Microcosmes, 1997) : histoire déchirée, entre slaves et italiens, difficile coexistence avec les communautés germanophones. Ferdinando Camon, délaissant ses descriptions du monde paysan vénitien, décrit, dans la Maladie humaine le désarroi produit par une psychanalyse. Le baroque napolitain trouve une expression exacerbée dans l'immense Horcynus Orca de Stefano D'Arrigo. Avec Gesualdo Bufalino, le Catanais Giuseppe Bonaviri et le Sarde Giuseppe Dessi se perpétue cette littérature du Sud. Le Jour du Jugement (posth., 1979), chronique sarde du juriste Salvatore Satta, est une révélation à sa sortie. Proche de Sciascia, Andrea Camilleri, mêlant enquête sur la mafia et jeux sur la langue, réinvente « l'Italien illustre « dans la Forme de l'eau (1994). Du même auteur, le Jeu de la mouche (1995) analyse cette prégnance du dialecte, comme l'Opéra de Vigàta restitue la Sicile des notables du XIXe siècle. Au carrefour de l'essai, du roman et de la bibliographie, Pietro Citati poursuit le genre de la monographie, dans des ouvrages dédiés aux grandes figures de la littérature mondiale (Goethe, Mansfield, Tolstoï, Kafka, Proust), comme Stefano Vassali avec la Nuit de la comète (sur Dino Campana). Dépassant la mode des années 1990 de la « littérature cannibale « ou du « Salinger italien « Enrico Prizzi, une nouvelle génération apparaît sur le devant de la scène littéraire avec le picaresque Aldo Busi, Stefano Benni (Hélianthe, 1996), le Palermitain Gianni Riotta. Andrea De Carlo, Daniele Del Giudice, Sandro De Fe, Pier Vittorio Tondelli, Antonio Tabucchi sont désormais des classiques. L'oeuvre de Tabucchi, passionné par Fernando Pessõa, est emblématique de l'ouverture au monde des écrivains italiens, de leur passion pour la langue ; ses lettres à Adriano Sofri (la Gastrite de Platon), ancien leader emprisonné de Lotta Continua, posent une nouvelle fois la question du rôle de l'intellectuel, de son devoir d'intervention, et illustrent leur combat commun pour la justice. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Pétrarque grandit à Avignon quand la papauté y réside et que des élections contestées opposent papes et antipapes.

Il y rencontre Laure de Noves, dont la mort prématurée inspire le Canzoniere. Revenant explicitement à la tradition antique, il rêve de la résurrection de la latinité, « magistère latin » qui pèsera lourd sur la première Renaissance italienne.

Son Canzoniere devient, par la perfection de sa langue, le raffinement de son lexique, le modèle international de la poésie lyrique du XVIe au XVIII e siècle. Boccace est conscient, comme Pétrarque avec lequel il entretient des relations amicales et culturelles, d’appartenir à un âge nouveau, marqué par une prospérité économique cependant remise en question par des guerres, des disettes et d’effroyables épidémies de peste noire : à partir de 1360, les campagnes ravagées perdent de 40 à 60 p.

100 de leurs paysans.

Le Décaméron (1348-1353), ces « cent nouvelles, dites en dix jours, par sept dames et trois jeunes hommes », montre sa foi dans la vitalité de la grande bourgeoisie urbaine, commerçants et banquiers, qui saura, dans l’utopie d’une vie raffinée, concilier pratique amoureuse et usage de l’esprit.

Boccace, contre le Moyen Âge, prend ainsi acte de l’importance des femmes.

Devenu religieux, il écrira une palinodie misogyne, le Corbacchio, propageant l’italien de Dante et de Pétrarque dans ses Nouvelles, mais confiant au latin ses œuvres plus ambitieuses, sa Genealogia deorum gentilium. De son long séjour à Naples, Boccace a retenu l’importance de l’oral et la tradition des contes populaires : son Décaméron innove, forme système, invente des techniques de narration en prose.

Ces histoires en grande faveur chez les marchands- voyageurs, désormais typiques de leur tradition, circulent immédiatement dans toute l’Europe, ouvrant une voie littéraire qu’emprunteront nombre d’écrivains pendant près de deux siècles : le recueil de « contes », ou « novelline », où sont dépeintes toutes les façons de parler, toutes les classes sociales.

Geoffrey Chaucer (Contes de Cantorbéry), Marguerite de Navarre (Heptaméron), Franco Sacchetti, Giovanni Sercambi (1348-1438) ou même Machiavel (l’Archidiable Belphégor), pour n’en citer que quelques-uns, s’inspireront du Décaméron. Mais, en se répandant, ce nouveau genre s’imprègne d’un merveilleux païen vaguement christianisé, par contamination avec des traditions orales régionales. Quand l’Italie cultivée se met au latin, Boccace reste un « pont » pour la re-floraison de l’écriture en Italien vulgaire. 3 LE DÉBUT DE LA PÉRIODE MODERNE 3. 1 La première Renaissance : de la mort de Pétrarque et de Boccace jusqu’à 1450 De 1309 à 1378, voire à 1417, période d’affaiblissement de la papauté (papauté en Avignon et Grand Schisme d’Occident) sur fond de guerre de Cent Ans, le pape n’a pu résider à Rome : la légende veut que sainte Catherine de Sienne ait ramené le pape d’Avignon à Rome. Florence est la cité phare, la capitale intellectuelle où se constitue « l’humanisme civique ».

Les marchands et négociants, découvrant avec Cicéron ou Tite-Live les valeurs de la République romaine, théorisent — contre les thèses de l’Église médiévale — les vertus de la praxis commerçante : vie active contre vie contemplative, socialité contre retrait du monde, liberté contre résignation humble, dignité et autonomie de l’homme.

Ainsi apparaît le genre historique de la chronique dans chaque grande cité.

La lecture-traduction latine des Politiques d’Aristote, distinguant l’économique et la chrématistique (« art d’acquérir des richesses pour elles-mêmes »), leur suggère, contre le refus chrétien de l’enrichissement, la réhabilitation de l’argent.

Dès 1360, Paolo da Certaldo, dans son Livre des bonnes mœurs, donne comme but à l’activité humaine l’accumulation des richesses.

Même des prédicateurs aussi vénérés que Bernardin de Sienne reconnaîtront l’utilité des marchands et des commerçants. 3. 2 La seconde Renaissance Cet humanisme civique entre en crise au milieu du XVe siècle, avec l’affirmation des principautés et des familles de banquiers qui prennent le pouvoir dans les « cités-États ».

Preuve de ce « féodalisme », les douze papes qui se succèdent de 1447 à 1534 sont avant tout des « princes de la Renaissance » (issus d’illustres familles comme les Della Rovere et les Borgia), à la réputation souvent sulfureuse.

Mais ce sont aussi de prodigieux esthètes et mécènes. L’Italie, en rapport direct avec les Grecs d’Orient chrétien par les croisades, accueille après la prise de Constantinople (1453) l’émigration de l’hellénisme, tandis qu’à la cour de Laurent le Magnifique, Marsile Ficin, maître du néoplatonisme à Florence, traduit en latin et annote les œuvres de Platon, Plotin, Denys l’Aréopagite, Porphyre, Jamblique, donne une Théologie platonicienne en dix-huit volumes (1469-1474, publié en 1482). Philologue émérite, Politien discourt sur les poètes grecs et latins, Virgile, Horace, Hésiode, Homère.

Ses Stances pour le tournoi (1475-1478) et son drame lyrique Orphée (1480) illustrent son néoplatonisme.

Les poèmes bucoliques et élégiaques prennent une importance culturelle particulière ; le Napolitain Iacopo Sannazzaro inaugure avec l’Arcadie (achevée vers 1486, publiée en 1504) le roman pastoral, destiné à une grande fortune dans l’Europe entière. La mode féodalo-aristocratique du tournoi fait renaître à Ferrare le roman de chevalerie — le Roland amoureux de Matteo Maria Boiardo (1487, inachevé), premier de ces chefs-d’œuvre épiques, inspirera le Roland furieux de l’Arioste (1516 et 1532) —, tout en donnant lieu à des parodies burlesques dans le style populaire, dont Morgant le géant de Luigi Pulci (1483), au parler coloré, savoureux, dans la tradition du barbier Domenico di Giovanni, « Il Burchiello ». Jusqu’au milieu du XVe siècle, la littérature en langue vulgaire connaît donc une véritable éclipse.

La connaissance précise de la littérature antique entraîne un désir d’observance des règles poétiques et rhétoriques reprises d’Aristote ou d’Horace, annonçant le classicisme au formalisme stérilisant des XVII e et XVIII e siècles. Cependant, liés au phénomène communal persistent les genres populaires et bourgeois de la chronique et des contes (Zachetti à Florence, Sercambi à Lucques), que saint Bernardin de Sienne intègre dans la forme religieuse du sermon.

Les lettres écrites par Alessandra Massinghi, femme de Matteo Strozzi, à ses fils exilés, sont un précieux témoignage des préoccupations quotidiennes entre 1447 et 1470. Cette seconde moitié du XVe siècle est marquée par l’événement culturel majeur de l’invention et la diffusion de l’imprimerie ; en 1469, un premier privilège est accordé à un typographe allemand par Venise, qui devient au XVIe siècle l’un des plus grands centres éditoriaux du monde. 3. 3 Vers l’humanisme courtisan À Ferrare, l’Arioste, qui est issu de la vieille noblesse, produit l’épopée du Roland Furieux (1516, 1532 pour la version définitive).

Son contenu archaïsant, écho de la réaction féodale, contraste avec sa forme, structure ouverte, novatrice.

À la cour de Naples, le noble lombard Iacopo Sannanzaro écrit l’Arcadie (1504), qui ressuscite en prose et en vers l’univers idyllique de Théocrite et de Virgile.. »

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