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Italo Svevo

Publié le 23/04/2012

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Fils d'un vitrier juif allemand et d'une mère italienne, Italo Svevo ­ de son vrai nom Ettore Schmitz ­ fut envoyé à douze ans dans un collège de Bavière, où il étudia cinq années avant de rentrer dans sa ville natale de Trieste. La faillite de son père en 1880 l'obligea à prendre un travail d'employé de banque. Il poursuivit néanmoins sa formation culturelle et commença à écrire. En 1892, il publia son premier roman Une vie, abondant d'anecdotes autobiographiques. L'ouvrage, malgré la puissance du récit et du style construit sur un monologue intérieur d'une force révolutionnaire, passa inaperçu, tout comme son second roman Sénilité  (1898). Désappointé, Svevo abandonna la littérature pour s'associer dans l'affaire de son beau-père. Cette nouvelle situation l'amena à voyager en Angleterre ; en 1907, il engagea un jeune homme du nom de James Joyce pour apprendre l'anglais. Les deux écrivains alors méconnus lièrent une profonde amitié et échangèrent respectivement leurs manuscrits inédits. Encouragé par l'admiration inconditionnelle du jeune irlandais, Svevo reprit la plume, sans toutefois trouver d'éditeur. Joyce qui était devenu un auteur influent et reconnu, présenta son œuvre à deux critiques français. Publié grâce à leurs articles élogieux, le romancier italien gagna enfin dans toute l'Europe un succès longuement attendu. Alors qu'il travaillait à la suite de son roman le plus célèbre, La conscience de Zeno, Svevo mourut en 1928 des suites d'un accident de voiture. Sa gloire posthume sera immense.      

 

« logique progresse inexorablement jusqu'à la mort dramatique de la sœur d' Émilio et au départ d'Angiolina, qui quitte Trieste en compagnie d'un rival du héros.

Les personnages, les paysages, la ville elle-même constituent les éléments d'une représentation déjà fortement intériorisée.

Ici encore, l'analyse critique et ironique domine; mais elle est mise en valeur par la peinture, vivante et colorée, de certains personnages secondaires et de certaines scènes ou situations, peinture qui forme une sorte de contrepoint à l'introspection du héros.

La critique observa, à la parution de ce livre, un mutisme plus profond encore qu'à celle du précédent.

Et bien des années devaient encore s'écouler avant que les écrivains de la nouvelle génération - les romanciers florentins du groupe de « Solaria », le jeune Moravia, le jeune Vittorini - prissent conscience de l'influence exercée par cette œuvre sur leurs propres travaux.

Svevo cependant, vraisemblablement déçu par l'accueil négatif réservé à son second roman, et toujours plus absorbé par la direction de son entreprise, vécut une très longue période de silence créateur.

Les loisirs forcés auxquels le contraignit à Trieste la guerre de 1914, puis la lecture de Freud, l'incitèrent à reprendre son activité littéraire.

C'est ainsi que naquit son chef-d'œuvre, la Conscience de :(,éno, dont le héros relate sa vie à la première personne et qui constitue, dans le cadre de la poétique de Svevo, une œuvre un peu analogue à la Recherche proustienne.

La Conscience de :(,éno, qui se subdivise en plusieurs parties, a une structure très libre.

Son héros, Zéno Cosini, fait à un psychanalyste le récit de sa vie.

Personnage apparemment inadapté, neurasthénique et tourmenté, il commence par relater comment il a été amené à entrer en clinique dans l'espoir de perdre l'habitude invétérée de fumer; de cet épisode récent, il remonte à la période dramatique de la mort de son père; puis, élargissant et approfondissant son récit, il en vient à reconstituer l'histoire de son mariage.

Tout d'abord épris de la belle Ada, sa future belle­ sœur, il a néanmoins courtisé et fini par épouser la laide, mais aimante Augusta.

Suit une aventure extra-conjugale avec une jeune chanteuse, Carla.

Des affaires entreprises avec son beau-frère Guido mènent celui-ci au suicide et auront la curieuse conséquence d'enrichir Zéno.

Le patient évoque enfin le souvenir récent des journées qui précédèrent et suivirent, dans la campagne triestine, la déclaration de guerre.

Svevo construit ainsi, par couches successives, une histoire contée à posteriori dont les divers éléments remontent graduellement au niveau de la conscience, et qui est chargée d'ironie, de sens social et dramatique.

Par son intériorité, l'autonomie déli­ bérée de son langage et sa dimension structurale, ce livre s'inscrit parmi les grandes œuvres de la première moitié du xxe siècle, celles de Proust, de Joyce et de Kafka.

James Joyce, qui l'avait lu au moment où il avait fait, à Trieste, la connaissance de Svevo, en saisit aussitôt l'importance.

Il fallut toutefois près de deux ans pour que la Conscience de :(,éno, publié en 1923, commençât à remporter un succès d'estime.

Le célèbre article d'Eugenio Montale, qui « découvrait » Svevo en 1925, et, en France, les efforts de Valery Larbaud et de B.

Crémieux marquèrent le début de la notoriété de Svevo, qui n'a cessé dès lors de s'affirmer.

Le grand romancier triestin devait mourir quelques années plus tard à l'âge de soixante­ huit ans, des suites d'un accident d'auto.

Il laissait plusieurs œuvres inachevées.

Ses dernières productions toutefois - des récits de l'Histoire du bon vieux et de la belle fille et de Une farce réussie aux ébauches du Court voyage sentimental et de le Vieillard - témoignent de l'inquiétude et de l'insatisfaction de l'auteur, qui continua jusqu'à la fin à s'aventurer au-delà de soi-même.

On ignore quelle aurait été la forme définitive de son dernier roman, le Vieillard, que l'on peut imaginer comme une suite à la Conscience de .:(,éno.

Mais l'unique fragment que l'on en possède (et dans lequel on retrouve le sourire bienveillant et la tolérance d'un Zéno vieilli) frappe par une forme de narration (extrêmement libre, analytique, attachée au présent de la découverte immédiate) en laquelle on pourrait déceler les toutes premières manifestations de ce que l'on nomme aujourd'hui l' « antiroman ».

En tout état de cause, Svevo a été un précurseur.

Grâce à sa lutte solitaire et opiniâtre en vue d'explorer la réalité complexe de l'âme humaine, il a ouvert la voie au nouveau roman italien - voire, et même au nouveau roman tout court.

373. »

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