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Jean Fourastié, Pourquoi nous travaillons

Publié le 28/03/2011

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Parties du programme abordées: - Le progrès et la nature. - Le travail. Conseils pratiques: Le résumé est relativement simple; la discussion, très classique, pose le problème de la finalité du travail : on dépassera bien sûr la définition de l'auteur qui n'envisage que le travail des secteurs dits primaire et secondaire... quitte à se demander ensuite si le travail dit «intellectuel« n'a pas non plus, en profondeur, les mêmes finalités de transformation de la nature. Difficulté du sujet: ** Une certaine conception du monde place dans le passé l'âge d'or de l'humanité. Tout aurait été donné gratuitement à l'homme dans le paradis terrestre, et tout serait au contraire pénible et vicié de nos jours. Jean-Jacques Rousseau a donné une couleur populaire et révolutionnaire à cette croyance qui est restée vive au cœur de l'homme moyen : ainsi l'on entend parler de la vertu des produits «naturels« et bien des Français croient que la vie d'autrefois était plus «saine« qu'aujourd'hui. En réalité, tous les progrès actuels de l'histoire et de la préhistoire confirment que la nature naturelle est une dure marâtre pour l'humanité. Le lait «naturel« des vaches «naturelles« donne la tuberculose et la vie «saine« d'autrefois faisait mourir un enfant sur trois avant son premier anniversaire. Et des deux qui restaient, dans les classes pauvres, un seul dépassait en France, encore vers 1800, l'âge de vingt-cinq ans [...]. Toutes les choses que nous consommons sont en effet des créations du travail humain, et même celles que nous jugeons en général les plus «naturelles« comme le blé, les pommes de terre ou les fruits. Le blé a été créé par une lente sélection de certaines graminées ; il est si peu «naturel« que si nous le livrons à la concurrence des vraies plantes naturelles il est immédiatement battu et chassé ; si l'humanité disparaissait de la surface du sol, le blé disparaîtrait moins d'un quart de siècle après elle; et il en serait de même de toutes nos plantes «cultivées«, de nos arbres fruitiers et de nos bêtes de boucherie: toutes ces créations de l'homme ne subsistent que parce que nous les défendons contre la nature ; elles valent pour l'homme ; mais elles ne valent que par l'homme. À plus forte raison, les objets manufacturés, des textiles au papier et des montres aux postes de radio, sont des produits artificiels, créés par le seul travail de l'homme. Qu'en conclure sinon que l'homme est un être vivant étrange, dont les besoins sont en total désaccord avec la planète où il vit? Pour le bien comprendre, il faut d'abord comparer l'homme aux animaux, et même les plus évolués dans la hiérarchie biologique : un mammifère, cheval, chien ou chat, peut se satisfaire des seuls produits naturels... Et dès qu'ils sont rassasiés de nourriture, aucun d'eux ne cherchera à se procurer un vêtement, une montre, une pipe ou un poste de radio. L'homme seul a des besoins non naturels. Et ces besoins sont immenses. Imaginons ce que devrait être le globe terrestre pour que l'homme y trouve, par croît naturel, tous les types de produits qu'il désire consommer : non seulement il faudrait que le blé, les pêchers et les vaches grasses y prospèrent sans soins, mais il faudrait que des maisons y poussent et s'y reproduisent comme des arbres, avec chauffage central et salle de bains ; et qu'à chaque printemps des postes de télévision arrivent à maturité sur d'étranges légumes. [...]

En réalité, la seule planète que nous connaissons, celle sur laquelle nous sommes, sans trop savoir pourquoi ni même s'il y en a d'autres moins inhumaines, est assez peu adaptée à nos aspirations, à nos facultés d'agir, à nos besoins. Elle satisfait libéralement et sans travail à un seul de nos besoins essentiels : la respiration. L'oxygène est le seul produit naturel qui satisfasse entièrement et parfaitement l'un des besoins de l'homme. Pour que l'humanité puisse subsister sans travail, il faudrait donc que la nature donne à l'homme tout ce dont il éprouve le besoin comme elle lui donne l'oxygène. L'eau, il faut déjà la puiser, la pomper et souvent la filtrer. Cela étant, nous voyons bien pourquoi nous travaillons: nous travaillons pour transformer la nature naturelle qui satisfait mal ou pas du tout les besoins humains en éléments artificiels qui satisfassent ces besoins ; nous travaillons pour transformer l'herbe folle en blé puis en pain, les merises en cerises et les cailloux en acier puis en automobiles. On appelle économiques toutes les activités humaines qui ont pour objet de rendre la nature ainsi consommable par l'homme.   

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