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Jean Giono, Que ma joie demeure

Publié le 22/02/2011

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Dans les premières pages du roman, Jourdan, un paysan de la Haute-Provence, se réveille par une nuit «extraordinaire « avec le désir obscur d'aller labourer son champ sans attendre le jour. Il espère confusément la venue d'un inconnu. « Si vraiment je l'attends parce qu'il doit venir, se dit Jourdan, il arrivera par une nuit comme celle-là «. Il avait enfoncé le tranchant du coutre au commencement du champ, en tournant le dos à la ferme de Fra-Joséphine et en direction de la forêt Grémone. Il aimait mieux labourer dans ce sens parce qu'il recevait en plein nez l'odeur des arbres. C'est le cheval qui, de lui-même, s'était placé de ce côté. Il y avait tant de lumière qu'on voyait le monde dans sa vraie vérité, non plus décharné de jour mais engraissé d'ombre et d'une couleur bien plus fine. L'œil s'en réjouissait. L'apparence des choses n'avait plus de cruauté mais tout racontait une histoire, tout parlait doucement aux sens. La forêt là-bas était couchée dans le tiède des combes comme une grosse pintade aux plumes luisantes. « Et, se dit Jourdan, j'aimerais bien qu'il me trouve en train de labourer. « Depuis longtemps il attendait la venue d'un homme. Il ne savait pas qui. Il ne savait pas d'où il viendrait. Il le désirait seulement. C'est comme ça que parfois les choses se font et l'espérance humaine est un tel miracle qu'il ne faut pas s'étonner si parfois elle s'allume dans une tête sans savoir ni pourquoi ni comment. Le tout c'est qu'après elle continue à soulever la vie avec ses grandes ailes de velours. « Moi je crois qu'il viendra «, se dit Jourdan. Et puis, c'est bien vrai, la nuit était extraordinaire. Tout pouvait arriver dans une nuit pareille. Nous aurions beau temps que l'homme vienne.

Jean Giono, Que ma joie demeure.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé qui pourra mettre en lumière le sentiment de l'attente, l'accord avec la nuit et leur expression poétique.

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« des preuves ne détruise pas la foi.

Il suffît de croire pour que les choses arrivent «il le désirait seulement».L'adverbe peut marquer une restriction, mais il souligne surtout la condition nécessaire et suffisante.

Giono sortd'ailleurs du récit pour formuler une loi : «C'est comme ça que parfois les choses se font et l'espérance humaine estun tel miracle ».

Abandonnant le temps passé du récit, l'écrivain généralise sa réflexion par le présent (13).

Mais riend'abstrait dans cette féerie : il lui faut des conditions particulières, réalisées, dans le passage, par la nuit : «Toutpouvait arriver par une nuit pareille».

(14) Deuxième partie : l'accord avec la nuit. Description de la nuit.

Elle s'oppose au jour : « décharné/engraissé » — « cruauté/doucement ».Le soleil de la Haute-Provence déverse une lumière crue et vive.

La nuit et ses nuances est bien plus riche.

Elle sedistingue des ténèbres : « Il y avait tant de lumière...

» Une autre façon de voir.Le reste de la description est imprécis : « une nuit comme celle-là », « une nuit pareille ».

Il suggère l'exceptionnelde ce moment.

L'homme et la nature :— le rôle des sensations : l'odeur des arbres, «tout parlait doucement aux sens», «l'œil s'en repaissait» ;— le dialogue : dans la nuit tout parle à l'homme.

Ce ne sont pas de vagues balbutiements, des signes indistincts,mais «une histoire » qui est racontée. Troisième partie : la poésie de la nuit et de l'attente. Simplicité de l'expression : «c'est comme ça que parfois les choses se font».

Le démonstratif suggère surtout lemystère de l'opération.

De même, la deuxième partie de la phrase traduit le miracle d'un univers où les événementsagissent d'eux-mêmes.

Il suffit de le désirer fortement.

L'homme n'a pas d'action directe, mais indirectement, par la«prière», il rend possible l'extraordinaire.

Les images : «engraissé d'ombre» avec l'emploi d'un mot appliqué à un autre registre que celui auquel il appartientordinairement.

Souligne la richesse, l'opulence.

«Elle s'allume dans une tête » exprime l'embrasement de l'espoir.

« Letiède des combes» : la substantivation de l'adjectif met en relief la qualité; «dans les combes tièdes» faisait porterl'accent sur les combes ; « la tiédeur des combes » mettait l'accent sur la qualité, mais d'une façon plus abstraiteque le «tiède».

En effet, le nom tiédeur, du fait de sa catégorie grammaticale, renvoie à une notion.

Dans «letiède», le nom, nouvellement formé, conserve les qualités de l'adjectif et les met en évidence par un emploi inusité.Les comparaisons : «la forêt ...

comme une grosse pintade aux plumes luisantes», comparaison qui ne sort pas ducadre campagnard.

Ici encore, une certaine opulence et la lumière. «Le tout c'est qu'après elle continue à soulever la vie avec ses grandes ailes de velours ».

La simplicité du débutmet en valeur la comparaison finale.

Idée importante : ne pas laisser s'éteindre ce fol espoir, cette vertud'espérance.

Le velours suggère la douceur — mais aussi une noble solidité qui porte, qui soulève — douceur del'espoir amené sans doute par le calme et la tendresse de la nuit.

Le rythme croissant de la phrase donne bienl'impression d'une envolée ample et solennelle.

Remarquer aussi dans cette phrase la reprise du son « ou », lesallitérations en «v» qui contribuent à créer une harmonie poétique.. »

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