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JOFFO: Un sac de billes

Publié le 02/03/2011

Extrait du document

Dans la zone non occupée, le gouvernement de Vichy définit comme Juif, dès octobre 1940, quiconque est de confession israélite ou a plus de deux grands-parents juifs. Après l'interdiction faite aux Juifs d'exercer diverses professions, de nombreux Juifs étrangers sont internés dans des camps de travail. Les nazis font pression pour que leur soient livrés les Juifs de la zone libre et le gouvernement de Vichy, qui entend garder sous sa juridiction les Juifs français, commence à obtempérer en ce qui concerne les étrangers. Bientôt la discrimination entre ces deux catégories (différentes bien souvent par leur statut social et leur degré d'intégration) n'a plus cours : la France est entièrement occupée en novembre 1942.    Pendant presque un an, alors, jusqu'en septembre 1943, de nombreux Juifs vont se réfugier dans le Sud-Est, en partie occupé par l'Italie qui n'avait pas de tradition antisémite et ne déportait pas les Juifs, malgré quelques décrets discriminatoires. Lorsque Mussolini, emprisonné le 25 juillet 1943, est remplacé par Badoglio (p. 214) et que le Sud de l'Italie commence à être libéré par les Alliés, les Allemands remplacent les Italiens dans l'occupation du Sud-Est de la France et poursuivent leurs persécutions.     

« 3.

Le rythme Le rythme est enlevé et le récit obéit à une loi des contrastes propre au récit d'aventures, qui fait alterner lesmoments d'émotion intense avec les moments de répit.

La progression générale est savamment orchestrée etl'intérêt angoissé atteint son apogée au chapitre IX.

Les deux derniers chapitres s'attachent davantage à montrer lavie de la France profonde avec le problème des délations, de la collaboration ou de la résistance : le suspense y estmoins fort, l'intérêt sociologique plus prégnant. 4.

La tonalité Le ton est original, car il évite l'écueil facile du pathétique : aucun attendrissement, ou très fugitif (Mlle Hauser, p.285).

La pudeur l'emporte au contraire : «Je sentais une boule monter dans ma gorge mais je savais que je nepleurerais pas », dit Joseph avant de partir, et son père se force à rire lors de la séparation (pp.

50 et 53).

Unecertaine désapprobation s'attache même à ceux qui cèdent au découragement : les larmes de Ferdinand, giflé parun S.S., coulent (p.

261) et c'est la mort pour lui, ce qui n'a rien d'étonnant dans la logique interne d'un récit dontl'une des leçons est qu'abandonner la lutte équivaut à un suicide. Le tragique même est éludé : les morts ne sont pas montrées.

Impératif de bienséance comme dans la tragédieclassique ? simple vision des enfants ? ou regard français (dans la vision officielle) sur le drame (une arrestation, undépart pour Drancy, puis rien) ? Quand le tragique est imminent, comme lors de l'arrestation du résistant par lesmiliciens (p.

357), l'issue évidente est retardée. Ainsi, paradoxalement, sur ce décor dramatique se déploie une tonalité optimiste ; toujours le bien terrasse le mal ;l'enfant persécuté fait en le quittant une pirouette devant son bourreau (p.

299) et la vie triomphe de la mort.L'humour est donc souvent présent, par petites touches généralement, un humour sans raffinement excessif maissans grossièreté, et Ton ne trouvera pas une notion aiguë du,, génocide, une conscience déchirée des survivants,comme chez Elie Wiesel par exemple.

Le récit ne se veut exemplaire qu'au niveau d'une mise en valeur de l'énergie.L'instinct de vie y est glorifié d'autant plus qu'il sait mettre l'intelligence à son service. Les personnages Le narrateur.

Le personnage principal est aussi le narrateur : le point de vue sera donc celui d'un enfant (à la fin dela guerre il a près de douze ans), un regard pur mais non pas naïf, avisé, observateur, scrutateur même, mais jamaisdésabusé.

De là la fraîcheur du récit. Comme dans les contes de fées, c'est le cadet qui est le héros, le plus faible qui est soumis aux plus grandesépreuves (otage, p.

288) ; il est éminemment sympathique parce qu'il ne se considère pas comme un héros etn'éprouve aucune rivalité envers son frère. Maurice est plus fier que son cadet, car il arbore l'étoile jaune au lieu de la dissimuler (p.

31), plus ombrageux car ilse bat à l'école, et plus responsable : il songe à l'avenir en gagnant de l'argent et en élaborant d'avance un fauxpassé à Alger (p.

238). Les aînés.

La psychologie des deux frères est le reflet de celle de leurs aînés, le milieu familial s'avérant soudé etaffectueux.

Aussi les personnages secondaires présentent-ils peu de caractéristiques différentes et leurs traitsprincipaux sont le courage et l'intelligence ; M.

Joffo, un moment aveuglé par son trop grand amour pour la France,mais qui a inculqué à ses enfants le respect de l'histoire familiale (chap.

II) et qui possède en outre un sens de ladignité non dépourvu d'humour (p.

21), prend vite la décision de faire partir ses enfants.

Les deux aînés ont héritéde sa prudence, de sa capacité à réagir vite (leur emploi de coiffeur est vite retrouvé), de sa sagesse (ils renvoientles enfants à l'école), de sa volonté d'initiative (ils vont le sauver de la déportation).

Cette figure paternelle résistedonc à la mort du père. 3.

Remarque sur le style Le récit est ponctué de dialogues et utilise parfois, comme eux, un registre familier, sans vulgarité cependant.

Leniveau de langue est en règle générale assez courant, la recherche stylistique absente : donc, peu de difficultésd'ordre lexical ou syntaxique. 4.

Les thèmes principaux 1.

Le judaïsme Un thème omniprésent, quoique sous-jacent, parcourt le texte, celui du judaïsme.

Aucune définition n'en est donnéeet le père ne répond pas à la question directe de son enfant (p.

52).

Les nazis le définissaient racialement alorsqu'on considère comme Juif toute personne de religion juive.

Cette omission du judaïsme dans le livre tient donc toutnaturellement à ce que la famille Joffo, qui n'a pas encore abandonné toutes ses traditions car elle vient de fuir laRussie et ses pogroms, qui les conserve peut-être même pieusement (Joseph est circoncis, p.

265 ; il connaît leyiddish, p.

68, et le Yom Kippour, p.

347), ne semble plus pratiquer la religion des ancêtres.

« Moi, dit Joseph (p.. »

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