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LA JOIE REND ELLE LE BONHEUR INUTILE

Publié le 09/04/2005

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joie
e notre point de vue, les choses ne sont pas toujours comme elles pourraient être, et notre esprit veille en imaginant des possibles, un avenir qui supprimerait le malheur. Mais si nous pouvions nous élever au point de vue du Tout, de l'Univers, vers quoi celui-ci pourrait-il se prolonger? L'Univers n'est-il pas tout ce qu'il peut être en étant précisément tout ce qui peut être? Il semble que la joie, même éphémère, nous donne ce sentiment de plénitude. 1. Le bonheur contraire à l'esprit * Hegel souligne, dans son interprétation du récit de la Genèse, qu'Adam et Ève ne pouvaient rester dans le jardin d'Eden, symbole de la vie naturelle sans souci mais aussi de l'absence de pensée : l'esprit prend son essor dans la scission, la perte de l'innocence première. L'image du bonheur poursuivi par les hommes n'est-elle pas l'expression d'une nostalgie, ce «vague à l'âme» ou désir de retour dans un foyer à jamais perdu? Le malheur est un moment nécessaire à la formation de l'esprit. * L'esprit qui se nourrit de son inquiétude, de ce que Sartre appelle sa force de « néantisation » - ne pouvant se contenter d'aucun état définitif du monde -, cet esprit-là peut-il trouver le bonheur autrement que sous une forme contradictoire, en un état qui signifierait sa propre disparition? L'oiseau sur la branche n'est-il pas l'image du bonheur insouciant parce que l'homme y projette son désir d'une nature dont il s'est séparé, en passant sous silence la nécessité implacable à laquelle l'oiseau est soumis?
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« • Rousseau écrit : «malheur à qui n'a plus rien à désirer».Contre l'ascétisme des philosophies rationalistes, Rousseau fait dire à Julie (lepersonnage de son roman) la beauté et la force du désir amoureux: le désirest paradoxal, car d'un côté il consiste à tendre vers un but, mais de l'autre,il se suffit à lui-même.

En effet, celui qui accomplit son désir connaît en mêmetemps que la satisfaction une sorte de déception.L'affirmation de Julie («Malheur à qui...») est radicale: pour elle, le vraibonheur consiste dans le désir lui-même, qui est une forme d'intensification dela vie.

Ne rien désirer, ce n'est pas la sagesse, c'est la mort. "Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'ilpossède.

On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, etl'on n'est heureux qu'avant d'être heureux.

En effet, l'homme avide etborné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une forceconsolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à sonimagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre enquelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce,le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige disparaît devantl'objet même; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ;on ne se figure point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plus rien de cequ'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance.

Le pays deschimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néantdes choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas.Si cet effet n'a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans lesentiment commun qui les comprend toutes.

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme; vivre ainsi c'estêtre mort.

Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir dedésirer ; toute autre privation serait plus supportable." ROUSSEAU La représentation ordinaire du désir nous amène à penser que le désir est un manque, et donc une souffrance : toutau moins un état qui tend à la jouissance, mais ne la contient pas et l'exclut.

Car la jouissance suppose lapossession qui doit marquer en même temps la disparition du désir.

On devrait alors dire : tantôt je désire, tantôt jesuis heureux.

Or ce texte de Rousseau repose sur le paradoxe suivant : ce n'est pas celui qui n'a plus rien à désirerqui est heureux, ne plus désirer est au contraire un malheur.

Celui qui a obtenu ce qu'il désire ne désire plus ; ilsemble alors qu'il possède, et pourtant Rousseau affirme qu'avec la disparition du désir il a en vérité tout perdu : ilest dépossédé au moment même où il possède ce qu'il désire.Le désir désire possession et jouissance : la possession me permet de goûter ce que je possède.

Mais si l'onpossède sans être heureux, posséder n'est rien, je possède un objet du désir, mais je ne possède plus mon bien oumon bonheur en lui.

Or ce n'est que dans le désir même que mon bonheur est lié, adhérent à l'objet.

La seulejouissance dont l'homme soit capable est donc une jouissance in absentia.

Alors que le besoin ne peut être satisfaitqu'in proesentia.

L'imagination, qui étend pour nous la mesure des possibles, et creuse par là notre désir, est aussiune force consolante puisqu'elle nous donne non seulement la représentation mais comme l'équivalent imaginaired'une présence effective.

Elle me fait désirer, mais elle me livre imaginairement ce que je désire.

Je ne me contentepas d'y penser ; c'est comme si c'était là.

Il y a un bonheur de l'imaginaire, une jouissance de l'objet dansl'imagination et donc en son absence que ne viennent pas ternir les vicissitudes liées à l'objet réel (la servitude dupouvoir, les caprices de la femme, la puanteur de Venise).

Au contraire, dans l'imagination, la chose est soumise àma puissance ; elle ne peut me décevoir.

C'est la raison pour laquelle l'imagination se nourrit de l'absence.

L'objetdevient ce que je veux qu'il soit.En fait, la jouissance suppose ce que Rousseau nomme beauté de l'objet.

Mais la présence est exclusive de labeauté ; pour nous, seule l'absence et donc le désir « embellissent » l'objet.

La vraie jouissance est pour nous unejouissance dans l'illusion, dans la présence illusoire de l'imaginaire.. »

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