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Y a-t-il un plaisir à gouverner ?

Publié le 18/03/2004

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• Définissons, tout d'abord, la notion de plaisir: il désigne, généralement, un état affectif agréable, d'essence soit sensuelle ou sensible (les « plaisirs de la table « ou « de la chair «), soit beaucoup plus générale et globale. Il représente, dans ce dernier cas, un sentiment de satisfaction naissant d'une activité. En ces deux significations, et même lorsque le plaisir exprime une activité supérieure de l'esprit (le « plaisir de la musique «, par exemple) il est nécessaire de le distinguer de la joie, beaucoup plus dynamique (elle représente un état affectif plus essentiel, un passage à une perfection supérieure), mais aussi du bonheur, sentiment de plénitude et de complet repos.  Il faut aussi préciser le sens du terme gouverner. Ce verbe vient du latin « gubernare «, tenir le gouvernail (gubernum), diriger un navire, une embarcation. En une signification seconde, un peu archaïque, gouverner quelqu'un, c'est exercer sur cette personne une influence déterminante (par exemple : se laisser « gouverner par sa femme «). Enfin, en un troisième sens, gouverner, c'est exercer le pouvoir politique, diriger les affaires publiques d'un État, posséder le pouvoir exécutif, tel celui d'un chef d'État et des ministres. Bien entendu, gouverner, ce n'est pas régner : le roi règne, mais il ne gouverne pas.  • Il faut noter que l'intitulé du sujet nous laisse extrêmement libres ; on nous interroge pour savoir s'il existe un plaisir particulier quelconque à gouverner, en laissant même entendre qu'il pourrait (éventuellement) ne pas y en avoir. La signification précise du sujet est donc la suivante : existe-t-il quelque état affectif agréable, d'ordre sensuel ou non, dans l'acte d'exercer un pouvoir (politique) et de diriger les affaires publiques d'un État ou d'un ensemble administratif puissant ?  • Ce sujet pose le problème essentiel de la racine de la volonté de gouverner : recherche-t-on du plaisir, de l'argent, la satisfaction d'un besoin de puissance, les intérêts universels d'une nation, etc., etc. A souligner, cependant — comme on le fait, si souvent, de nos jours — les racines psychologiques du pouvoir ainsi que le plaisir qui lui est inhérent, ne risque-t-on pas de dissoudre la problématique du pouvoir dans une myriade d'événements psychologiques et de perdre de vue et la spécificité des problèmes politiques et leur dimension économique ? Tel est le problème qui se pose à nous.  

THÈSE Il y a un plaisir profond à gouverner

ANTITHÈSE L'acte de gouverner s'oppose au plaisir En effet, comment analyser un acte politique complexe ?

SYNTHÈSE L'unité de l'acte et du plaisir  

« les hommes, puisque cela implique la possibilité de commander, de décider pour la multitude.

Mais il importe aussi desouligner que gouverner nécessite une écoute du peuple gouverné, puisque l'on gouverne pour le maintien d'un paysdans son essor tant social qu'économique.

Toutefois l'histoire a montré que certains gouvernements pouvaient êtreillégitimes puisqu'ils favorisaient les désirs d'un seul ou de quelques uns (la tyrannie).

Dès lors la place du gouvernantrenvoyait au plaisir arbitraire et égoïste qui ne tenait pas compte du bonheur des sujets constitutifs de toutenation.

Peut-on alors concevoir un plaisir de gouverner qui marque un progrès total, c'est-à-dire qui se fonde surdes principes républicains inébranlables ? I.

l'équivocité du « plaisir » de gouverner À l'encontre de ce qu'enseigne la loi des hommes, la Nature exige que le pouvoir appartienne aux meilleurs, à ceshommes supérieurs qui sont nés pour le commandement, c'est-à-dire qui sont, par nature, au-dessus des lois :« Comment serait-on heureux quand on est esclave de quelqu'un d'autre » (Platon, Gorgias , 491 e), esclave du pouvoir de la masse des médiocres, esclave d'une loi castratrice, esclave des faibles, des incapables, des envieux ?Contre « ces manières et ces conventions faites par les hommes à l'encontre de la nature » (492 c), la vérité est aucontraire de dire que « si la facilité de la vie, le dérèglement, la liberté de faire ce qu'on veut demeurent dansl'impunité, ils font la vertu et le bonheur » (492 c).

Or s'assurer de l'impunité, c'est s'emparer du pouvoir, du pouvoirabsolu qui n'a de compte à rendre à personne.

Le modèle de Calliclès, c'est dès lors le tyran.

Celui pour qui les loisn'existent pas, car il n'y a pour lui, comme pour les autres, aucune autre loi que celle de son bon plaisir, et celle dela force pour la faire respecter.

Comme Archélaos le tyran qu'enviait Polos dans l'entretien précédent : « il a lepouvoir de faire ce qu'il veut, il peut exiler, tuer et faire tout ce dont il a envie » (469 c).

Il n'y a d'autre droitrespectable que celui qui triomphe par la force, il n'y a pas d'autre raison que celle qui parvient à s'imposer.

Rien nepeut justifier que l'on renonce à exercer une force que l'on est capable d'exercer ; rien ne justifie que l'on renonce àun plaisir que l'on peut se procurer.

Seule la peur du châtiment pourrait conduire à un tel renoncement, et c'est bienpourquoi il faut se placer au-dessus de tout châtiment possible en étant soi-même celui qui punit. A l'encontre d'une telle conception d'un gouvernement basé sur la satisfaction des désirs inessentiels vient laconception platonicienne du gouvernement du philosophe.

C'est l'idéal du philosophe-roi.

Le philosophe, extrêmeantithèse du tyran, est le plus heureux puisque sa conduite est renseignée par la seule raison, faculté insigne enl'homme lui permettant un bonheur suprême.

Platon montrera qu'il y a un plaisir essentiel à gouverner chez le philosophe puisque celui-ci s'efforce de régler la vie sociale selon la raison.Dès lors, le citoyen juste ne sera possible que dans le cadre d'une cité juste,ou idéale.

Mais il n'en reste pas moins qu'au travers de cette théorie utopiquePlaton a laissé entendre un gouvernement régi par une forme de dictaturephilosophique.

De fait, le philosophe-roi s'arroge le droit de mentir, demanipuler le peuple, et ce afin de satisfaire un désir issu du pouvoir, désir dèslors déjà perverti, et qui ne peut prétendre à un plaisir total (cf.

LaRépublique ).

L'exercice du pouvoir est certainement source de plaisir. L'exemple idéal en est le tyran dont parle Platon dans le "Gorgias".

Mais,l'ivresse du pouvoir est en contradiction avec les charges de l'homme politiqueen démocratie.

Cependant, pour qu'une action soit bien menée, il faut quenous y trouvions du plaisir. II.

Gouverner : une stratégie politique pour une place hautementsollicitée.. »

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