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Juge-t-on du beau ou le perçoit-on ?

Publié le 24/01/2004

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Sont-ce les sens qui nous font percevoir la beauté ? Ou bien, notre intelligence, notre entendement ?

Si le beau est perçu par les sens, peut-on encore parler d'objectivité du jugement de goût ? La perception est relative alors que le jugement lui est objectif.

« B.

Supériorité du beau artistique sur le beau naturelLe beau engage donc autant les sens que l'intelligence.

Il faut admettre en conséquence que ce que produitl'homme est beaucoup plus susceptible de beauté que ce qu'engendre la nature.

Un objet naturel peut certes avoirdu sens et faire l'objet d'une identification conceptuelle.

C'est ce qui se passe quand je vois une fleur et que je dis :« c'est une fleur ».

Mais la notion de perfection naturelle pose problème.

Qu'est-ce qu'une fleur parfaite ? Ce n'estjamais qu'un végétal dont l'apparence est conforme à l'image moyenne des fleurs.

Ce n'est pas la fleurexceptionnelle, particulièrement admirable, c'est au contraire celle normale.

En revanche, ce que les hommesproduisent est en règle générale la réalisation d'un projet.

Or là où il y a intention, norme, on peut plus facilementparler de perfection : le degré de perfection mesure le rapport de conformité d'un objet à sa norme.

La belle églisen'est pas l'église moyenne mais celle qui se rapproche le plus d'un certain projet architectural.

C'est une réussiteexceptionnelle.Ainsi, faire de la beauté une affaire de jugement, c'est tendre à confondre beauté et perfection technique.

Juger dubeau revient toujours à juger de la qualité d'une exécution, par exemple de la simplicité de moyens qui donnent unmaximum d'effets.

Et ce raisonnement peut s'appliquer également aux beautés naturelles.

Elles s'apparentent à labeauté des produits humains dès lors que l'on voit dans la nature la manifestation d'un art divin.

On est enclin àjuger que le monde est beau quand on postule à son origine un dieu créateur.Beauté esthétique ou beauté intellectuelle ? Ces deux problématiques s'opposent radicalement.

Faut-ilnécessairement choisir entre elles ? Ou bien peut-on envisager d'une autre façon l'expérience de la beauté ? "L'esthétique a pour objet le vaste empire du beau...

et pour employerl'expression qui convient le mieux à cette science, c'est la philosophiede l'art ou, plus précisément, la philosophie des beaux-arts.Mais cette définition, qui exclut de la science du beau le beau dans lanature, pour ne considérer que le beau dans l'art, ne peut-elle paraîtrearbitraire ? (...) Dans la vie courante, on a coutume, il est vrai, deparler de belles couleurs, d'un beau ciel, d'un beau torrent, et encorede belles fleurs, de beaux animaux et même de beaux hommes.

Nousne voulons pas ici nous embarquer dans la question de savoir dansquelle mesure laqualité de beauté peut être attribuée légitimement à de tels objets etsi, en général, le beau naturel peut être mis en parallèle avec le beauartistique.

Mais il est permis de soutenir dès maintenant que le beauartistique est plus élevé que le beau dans la nature.

Car la beautéartistique est la beauté née et comme deux fois née de l'esprit.

Or,autant l'esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et sesmanifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que labeauté de la nature." Georg W.

E Hegel, Esthétique (1829), trad.

V.

Jankelevitch, Aubier Ce texte de Hegel nous amène à distinguer deux types de beauté : celle de la nature et celle de l'art.

Il est vraique, dans la vie courante, nous n'hésitons pas à qualifier de belles certaines réalités naturelles (de belles fleurs, debeaux animaux, etc.).Or, Hegel remet en question ce genre de jugements en constatant que l'esthétique qui, en philosophie, désigne laréflexion sur le beau, ne s'applique qu'aux productions artistiques.

Pourquoi l'esthétique se limite-t-elle à la beautéde l'art, c'est-à-dire à la beauté manifestée par des oeuvres créées par l'homme et par le travail de l'artiste ? Unedes réponses possibles consisterait à dire que seules méritent le nom de belles les oeuvres d'art et non pas lesréalités naturelles.Hegel ne va pas si loin et préfère ne pas se prononcer sur la question : «Nous ne voulons pas ici nous embarquerdans la question de savoir dans quelle mesure la qualité de beauté peut être attribuée légitimement à de tels objets» (sous-entendu : objets naturels).

Sans aller donc jusqu'à affirmer que le beau naturel n'existe pas, Hegel posetoutefois une hiérarchie dont l'annonce constitue la thèse principale de ce texte : « Mais il est permis de soutenirdès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature ».Sur quel argument s'appuie la position d'une telle supériorité ? La beauté artistique, nous dit Hegel, naît de l'espritde l'artiste, or l'esprit est supérieur à la nature.

Il nous faut alors nous demander pourquoi l'esprit et ses créationspossèdent une supériorité sur la nature et ses manifestations.

La réponse sera donnée par Hegel à la suite de cetextrait : l'esprit est le domaine de la liberté, ce qui sous-entend que la nature et ses lois décrivent le domaine de lanécessité.

En effet, les beautés naturelles dépendent strictement des lois de la nature.

Ainsi, les formes vivantes nefont que dérouler des cycles, toujours les mêmes, de production, de génération et de corruption.

Ce qui signifie quela nature répète indéfiniment les mêmes formes, qui possèdent ainsi un caractère de fixité absolue.La beauté artistique, au contraire, définit le domaine de la création et non plus de la répétition, c'est-à-dire le lieud'une innovation permanente, où les anciennes règles de production sont remises en question à travers l'apparitiond'un nouveau style.

En tant que manifestation de la conscience et de l'esprit, la beauté artistique exprime donccette capacité purement humaine d'échapper à la nécessité de la production naturelle, capacité qui est celle d'unvéritable pouvoir de création.Cette interprétation résolument moderne du sens de l'art permet de comprendre pourquoi Hegel refuse de réduire letravail de l'artiste à une imitation des beautés de la nature.

En effet, si l'art n'avait pour but que d'imiter la nature, ilserait lui-même soumis à la nécessité qui anime la production des formes naturelles, à travers la reproduction de leur. »

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