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Juge-t-on le beau ou le perçoit-on ?

Publié le 29/01/2004

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C'est ce qui se passe quand je vois une fleur et que je dis : « c'est une fleur ». Mais la notion de perfection naturelle pose problème. Qu'est-ce qu'une fleur parfaite ? Ce n'est jamais qu'un végétal dont l'apparence est conforme à l'image moyenne des fleurs. Ce n'est pas la fleur exceptionnelle, particulièrement admirable, c'est au contraire celle normale. En revanche, ce que les hommes produisent est en règle générale la réalisation d'un projet. Or là où il y a intention, norme, on peut plus facilement parler de perfection : le degré de perfection mesure le rapport de conformité d'un objet à sa norme. La belle église n'est pas l'église moyenne mais celle qui se rapproche le plus d'un certain projet architectural. C'est une réussite exceptionnelle.Ainsi, faire de la beauté une affaire de jugement, c'est tendre à confondre beauté et perfection technique.

« effet la perception parviendrait-elle à elle seule à susciter cette expérience ? Les sens discernent des formes, c'estun fait.

Mais ce discernement serait-il possible sans l'intelligence ? Distinguer une forme, belle ou non, c'est en effettoujours reconnaître quelque chose, c'est-à-dire retrouver un concept dans le perçu, identifier.

Quand je passedevant n'importe quelle église par exemple, je peux me dire : « c'est une église ».

Mais de quelle reconnaissances'agit-il en face du beau ? Quand je passe devant une église que je trouve belle, je ne me contente pas dereconnaître une église : j'ai l'impression d'être en face de l'église par excellence, l'église parfaite, exemplaire.

Onretrouve donc encore ici l'idée de perfection mais cette fois elle n'est plus exclusivement formelle ; il s'agit de laperfection du rapport entre un concept et un des objets auxquels il se réfère.

L'église parfaite est en réalitétotalement conforme à une certaine idée que je me fait des églises.

Pour être sensible à la beauté des églises, il nesuffit donc pas d'avoir l'idée générale de ce qu'est une église, il faut aussi etsurtout savoir reconnaître cette idée dans le perçu.

La beauté n'est pas une affaire de connaissance mais dejugement. B.

Supériorité du beau artistique sur le beau naturelLe beau engage donc autant les sens que l'intelligence.

Il faut admettre en conséquence que ce que produitl'homme est beaucoup plus susceptible de beauté que ce qu'engendre la nature.

Un objet naturel peut certes avoirdu sens et faire l'objet d'une identification conceptuelle.

C'est ce qui se passe quand je vois une fleur et que je dis :« c'est une fleur ».

Mais la notion de perfection naturelle pose problème.

Qu'est-ce qu'une fleur parfaite ? Ce n'estjamais qu'un végétal dont l'apparence est conforme à l'image moyenne des fleurs.

Ce n'est pas la fleurexceptionnelle, particulièrement admirable, c'est au contraire celle normale.

En revanche, ce que les hommesproduisent est en règle générale la réalisation d'un projet.

Or là où il y a intention, norme, on peut plus facilementparler de perfection : le degré de perfection mesure le rapport de conformité d'un objet à sa norme.

La belle églisen'est pas l'église moyenne mais celle qui se rapproche le plus d'un certain projet architectural.

C'est une réussiteexceptionnelle.Ainsi, faire de la beauté une affaire de jugement, c'est tendre à confondre beauté et perfection technique.

Juger dubeau revient toujours à juger de la qualité d'une exécution, par exemple de la simplicité de moyens qui donnent unmaximum d'effets.

Et ce raisonnement peut s'appliquer également aux beautés naturelles.

Elles s'apparentent à labeauté des produits humains dès lors que l'on voit dans la nature la manifestation d'un art divin.

On est enclin àjuger que le monde est beau quand on postule à son origine un dieu créateur.Beauté esthétique ou beauté intellectuelle ? Ces deux problématiques s'opposent radicalement.

Faut-ilnécessairement choisir entre elles ? Ou bien peut-on envisager d'une autre façon l'expérience de la beauté ? 3.

La beauté comme libre jeu entre les sens et le sens ? A.

La beauté libère notre imaginationEn quoi l'expérience de la beauté pourrait-elle consister si elle n'est ni la perception d'une forme ni la reconnaissanced'un concept ? Elle pourrait correspondre à un éveil de l'imagination par un perçu suggérant la reconnaissance d'unepluralité de formes.

Dans ces conditions, la beauté ne tient pas tant à la forme perceptible qu'à celles imaginairesqu'elle suggère, qui se profilent à travers elle.

Le beau ne donnerait ainsi ni à voir ni à comprendre mais à rêver.

Il nenous ferait plus voir le monde tel qu'il est, ou plus exactement tel que notre intelligence le reconnaît, à travers sesconcepts ; il nous libérerait de la perception usuelle pour laquelle « un chat est un chat » et laisserait le soin ànotre imagination de redessiner les contours des choses.

Cette beauté serait ainsi à la fois esthétique puisqu'elleréside dans un jeu sur la forme sensible et intellectuelle parce que ce libre jeu conduit à un acte de reconnaissance.Mais l'agent de cette dynamique qui engage autant les sens que le sens serait l'imagination : il s'agit d'un libre jeuentre des formes et des reconnaissances qui sont imaginaires.

La beauté ne tient plus à la perfection d'une formeparfaite, objective, perceptible par tous ; elle est l'effet subjectif de toute chose qui, par sa forme, sollicite l'éveilde l'imagination.

Ainsi le beau se rencontre-t-il davantage dans ce qui suggère, dans l'indéfini, l'à-peu-près,l'ébauche.

Les ruines du temple romain ne sont-elles pas plus belles que n'importe quel temple dressé ? Ellesesquissent une infinité de temples possibles. B.

Beauté ou poésie ?Mais s'agit-il encore de beauté ? Ne conviendrait-il pas mieux de reconnaître dans l'éveil de l'imaginaire uneexpérience esthétique spécifique, distincte de la beauté, qu'on pourrait appeler le poétique ? Le poétique n'est pasla qualité esthétique propre à la poésie mais à tout ce qui donne à rêver.

Il n'y a plus là expérience perceptive d'uneforme mais va-et-vient permanent entre ce qu'on perçoit et ce qu'on s'en dit.

Il n'y a donc pas captivationesthétique du regard mais éveil critique d'un esprit qui interroge et qui découvre, par ce questionnement, unemultiplicité de manières de percevoir.

On est donc loin, avec le poétique, de la réceptivité contemplative : le regardn'est pas fasciné par l'objet ; il lui échappe toujours au contraire, puisqu'il donne à penser, à rêver.

Mais cettedivagation poétique est toujours reconduite à l'objet qui est son foyer, son impulsion intarissable.

L'expériencepoétique n'est pas muette : elle s'exprime par des mots, elle donne lieu à un discours. Conclusion Sans doute juge-t-on la beauté quand ce que l'on vise par ce terme est l'idée de perfection.

Mais si on fait du beauune expérience esthétique,alors c'est semble-t-il du côté de la forme perçue qu'il faut aller chercher son origine.

Le beau se perçoit.

Quant aulibre jeu entre le jugement et la perception, dans l'imagination, il conviendrait sans doute d'y voir la définition du. »

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