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jugement (philosophie) - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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jugement (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION jugement (philosophie), du latin judicium (« jugement, opinion «), énoncé ou proposition qui a pour objet un rapport entre deux ou plusieurs termes, ce rapport (et chacun des termes) étant investi d'une valeur de bien ou de mal, de vrai ou faux. 2 L'ACTION DE JUGER ET LA PORTÉE DU JUGEMENT Juger, c'est donc comparer, évaluer et légiférer selon la vérité. C'est une opération mentale de vérification discursive ou logique, s'il faut du moins en croire la théorie classique du jugement. Celle-ci distingue : le jugement prédicatif qui exprime le rapport entre un sujet et un attribut (A est B) ; le jugement comparatif qui décrit une relation entre deux termes, indépendamment de leurs propriétés (A < B). Le jugement peut également porter sur des jugements ou des faits. La proposition « si A est vrai, B est vrai « est dite hypothétique ; « une porte est, ou ouverte ou fermée « est un jugement disjonctif ou hypothétique au second degré. Bref, « on appelle juger, l'action de notre esprit, par laquelle joignant ensemble diverses idées, il affirme de l'une qu'elle est l'autre ou nie de l'une qu'elle soit l'autre ; comme lorsqu'ayant l'idée de la Terre, et l'idée de rond, j'affirme de la Terre qu'elle est ronde, ou je nie qu'elle soit ronde «. Telle est la définition que donne du jugement la Logique ou l'art de penser dite aussi Logique de Port-Royal (1662). Au caractère réflexif de ces considérations, notons qu'une application transitive du jugement est possible comme l'atteste, en psychologie contemporaine par exemple, la docimologie ou technique d'évaluation susceptible d'orienter un choix ou de motiver une décision. Pourtant, il est des jugements impersonnels tels que, par exemple : « il pleut, il fait jour « ; ces propositions n'énoncent pas à proprement parler un rapport entre deux choses, en tant qu'elles affirment ou nient du sujet ou de l'attribut qu'ils soient tels et / ou tels ; si le jugement est, selon la tradition classique, l'accord de la pensée avec son objet, alors elle pose un sujet d'emblée défini d'un point de vue métaphysique ou absolu, auquel correspondrait d'autre part un objet artificiellement tiré ou abstrait du réel. Or « dire que ce moi dont le centre m'échappe aussi bien que les contours, affirme son accord avec un objet, est, sinon un pur non-sens, du moins une définition beaucoup plus obscure que le défini « (T. Ruyssen). Quoi qu'il en soit, cet accord ou cette adéquation de la chose pensée (objet) à la chose pensante (sujet) aura été interprété de diverses manières. Pour Condillac et les sensualistes par exemple, le jugement ne fait rien de plus que rapporter dans l'esprit deux sensations. Énoncer que « la table est noire «, c'est juxtaposer dans la représentation la table matérielle et la couleur noire. Le pendant temporel de cette conception spatiale du jugement est la théorie associationniste pour laquelle juger, c'est toujours déjà préjuger, puisque c'est associer des idées selon des habitudes mentales acquises. 3 SUJET, VOLONTÉ ET FACULTÉ DE JUGER 3.1 Cogito Les philosophies du sujet, dont Descartes est le fondateur, supposent une théorie du jugement moins schématique, dans la mesure où la limite du sujet n'est pas l'objet, mais le cogito. Le jugement fait alors intervenir un troisième terme entre l'instance qui l'effectue et la chose jugée. D'où, chez Descartes, le rôle dévolu à la volonté, car « il n'y a que la seule volonté, que j'expérimente en moi être si grande, que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue «. Pourvu que la connaissance de l'entendement précède la détermination de la volonté, la validité d'un jugement dépend d'un acte d'adhésion volontaire à la vérité, soit d'un acte d'autodétermination du sujet. 3.2 Jugements analytiques et jugements synthétiques Si la volonté est chez Descartes le médium du jugement, chez Kant, il revient à l'entendement en général, lequel « peut être représenté comme une faculté de juger : en effet, il est une faculté de penser. Penser, c'est connaître par concepts «. Or « les concepts s'appuient [...] sur la spontanéité de la pensée, de même que les intuitions sensibles sur la réceptivité des impressions «. Mais, écrit par ailleurs Kant, « je n'ai jamais pu être satisfait de l'explication que donnent les logiciens d'un jugement en général et qui est, à ce qu'ils disent, la représentation d'un rapport entre deux concepts «. Si le jugement est la liaison d'un prédicat et d'un sujet, reste encore à savoir en quoi consiste ce rapport : il consiste à « ramener des connaissances données à l'unité objective de l'aperception (ou cogito). C'est là ce à quoi tend dans ces jugements le petit mot 'est' qui fait le rapport «, conclut Kant, et qui permet de distinguer l'objectivité de la subjectivité de l'unité des représentations données. On ne le confondra donc pas avec l'association d'idées qui procède de l'imagination qui décalque les choses. En effet, sentir par exemple la pesanteur de son corps (subjectivement) n'est pas encore en déduire que le corps lui-même est pesant (objectivement), comme seul l'entendement le peut. Dès lors, le jugement est autant une proposition logique (du point de vue de l'entendement), qu'une position (du point de vue de la conscience transcendantale, ou aperception). D'où l'importance que revêt, dans la Critique de la raison pure, « un certain mystère «, à savoir les jugements dits synthétiques « dont il s'agit de découvrir le fondement de la possibilité «. Ce ne sont pas des jugements explicatifs ou analytiques qui n'ajoutent rien au contenu de la connaissance, car ils se fondent sur l'identité du prédicat et du sujet, comme dans « tous les corps sont étendus «. Requis en mathématique et en physique, dépourvus de validité quant aux choses en soi, les jugements synthétiques sont, en revanche, extensifs, et vont au-delà du concept du sujet tout en le posant. Ainsi, juger que « tous les corps sont pesants «, c'est énoncer à propos du corps « plus que ce qui est contenu dans la représentation que j'en ai «, car le prédicat (pesanteur) et le sujet (corps) supposent une synthèse ou liaison intuitive antérieure à toute expérience d'un objet réel quelconque, ce que Kant exprime par l'équation suivante : « Quelle est ici l'inconnu = X sur quoi l'entendement s'appuie quand il croit trouver hors du concept de A un prédicat B qui lui est étranger, et qu'il estime pourtant lui être rattaché «, quand il désigne une représentation B dont l'universalité et la nécessité dépassent celle que n'en peut procurer l'expérience ? C'est le principe a priori ou transcendantal de l'unité de tout le divers de nos représentations ou conscience transcendantale de soi du sujet connaissant. 4 LE JUGEMENT ESTHÉTIQUE Telle est la réponse que l'esthétique transcendantale comme « science de tous les principes de la sensibilité a priori « est dès lors fondée à délivrer. Aussi ne s'étonnera-t-on pas que celle-ci ait conduit Kant, dans la Critique de la faculté de juger, à élaborer une esthétique qui fait encore date. Précédée par celles de l'abbé Du Bos en 1719 puis du leibnizien Baumgarten en 1750, l'esthétique de Kant parvient à opérer la synthèse des multiples théories du beau, en vogue au cours du siècle des Lumières. Elle s'inspire notamment de théoriciens d'Outre-Manche qui, de Hume à Burke en passant par Hutcheson, procèdent à la réhabilitation, sinon à la promotion du sentiment esthétique et de l'art en l'intellectualisant. En Allemagne, Sulzer et Moses Mendelssohn, notamment, participent à ce mouvement. Pour ce dernier, « la beauté de la nature et de l'art [...] est un plaisir de l'âme fort éloigné du désir « -- soit des sens -- contrairement à ce qu'une certaine tradition métaphysique prétendait. Mais, pour ne s'en tenir qu'à l'explicitation de la faculté de sentir, Kant devait paradoxalement mettre un terme à la carrière du beau. En effet, « pour distinguer si quelque chose est beau ou non, nous ne rapportons pas la représentation à l'objet au moyen de l'entendement en vue d'une connaissance «, comme dans le jugement logique ou déterminant, « mais nous la rapportons par l'imagination (peut-être liée à l'entendement) « au sentiment de plaisir et déplaisir du sujet, c'est-àdire à sa faculté de juger réfléchissante, comme plaisir pris « à l'harmonie des facultés de connaître «, lequel précède le plaisir relatif à l'objet (artefactuel ou naturel). Ce jugement, subjectif mais impersonnel, ne « désigne rien dans l'objet « sinon une occasion adventice de s'apprécier comme tel. Par là, le beau ne s'entend plus par rapport à l'objet, mais sous le rapport du sujet à lui-même, autorisant du même coup tout le subjectivisme ou l'individualisme dont se réclameront les artistes par la suite, des romantiques aux artistes contemporains y compris. 5 THÈSES CONTEMPORAINES Les vues kantiennes, notamment au regard de la distinction entre les jugements dits synthétiques et analytiques ont été remises en question par le logicien américain Quine, lequel prend le relais, fut-il critique, du nominalisme logique du Cercle de Vienne dans sa quête positiviste d'une tautologique combinatoire dont le sujet est exclu autant que faire se peut. Or, « dans cette interprétation, écrit Piaget, les structures logico-mathématiques demeurent synthétiques, comme l'étaient les mathématiques dans la tradition kantienne, et il est difficile de voir en quoi la 'tautologie' des positivistes contredit cette supposition «, car elle ne fait jamais, à l'instar de Kant lui-même, que remettre en question le jugement comme « représentation d'un rapport entre deux concepts « ; du reste, un Hintikka aura rappelé au bon souvenir des logiciens la pertinence des vues kantiennes sur le jugement synthétique. D'autre part, si en écrivant par exemple, « juger d'une manière active, c'est engendrer des objets de pensée, des formations catégoriales « Husserl ne fait que développer les attendus du subjectivisme (kantien) impliqués dans toute philosophie du sujet, reste à envisager le cas de Freud notamment, selon qui la « fonction du jugement « s'intègre dans l'économie des pulsions. Ici, la fonction de prédication est assimilée à la prédation (ou conduite appétitive), comme l'attestent les alternatives de l'introjection et de l'expulsion (oralité), de l'incursion et du retrait (territorialité), sur laquelle se décalque celle du conscient et du refoulé au niveau psychique ; les formes logiques (jugements positifs ou négatifs), dès lors, ne seraient que des perlaborations a posteriori d'affects primitifs. C'est là une hypothèse que l'épistémologue contemporain René Thom, par exemple, reprend aujourd'hui à son compte, dans l'exemple de l'oiseau fasciné par le serpent en tant que forme archétypique du ver : « mais la taille du serpent fait de lui le prédateur d'où s'ensuit 'la paralysie du jugement' de l'oiseau... « qu'il compare à la crise en général. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« prétendait.

Mais, pour ne s’en tenir qu’à l’explicitation de la faculté de sentir, Kant devait paradoxalement mettre un terme à la carrière du beau.

En effet, « pour distinguer si quelque chose est beau ou non, nous ne rapportons pas la représentation à l’objet au moyen de l’entendement en vue d’une connaissance », comme dans le jugement logique ou déterminant , « mais nous la rapportons par l’imagination (peut-être liée à l’entendement) » au sentiment de plaisir et déplaisir du sujet, c’est-à- dire à sa faculté de juger réfléchissante, comme plaisir pris « à l’harmonie des facultés de connaître », lequel précède le plaisir relatif à l’objet (artefactuel ou naturel).

Ce jugement, subjectif mais impersonnel, ne « désigne rien dans l’objet » sinon une occasion adventice de s’apprécier comme tel.

Par là, le beau ne s’entend plus par rapport à l’objet, mais sous le rapport du sujet à lui-même, autorisant du même coup tout le subjectivisme ou l’individualisme dont se réclameront les artistes par la suite, des romantiques aux artistes contemporains y compris. 5 THÈSES CONTEMPORAINES Les vues kantiennes, notamment au regard de la distinction entre les jugements dits synthétiques et analytiques ont été remises en question par le logicien américain Quine, lequel prend le relais, fut-il critique, du nominalisme logique du Cercle de Vienne dans sa quête positiviste d’une tautologique combinatoire dont le sujet est exclu autant que faire se peut.

Or, « dans cette interprétation, écrit Piaget, les structures logico-mathématiques demeurent synthétiques, comme l’étaient les mathématiques dans la tradition kantienne, et il est difficile de voir en quoi la 'tautologie' des positivistes contredit cette supposition », car elle ne fait jamais, à l’instar de Kant lui-même, que remettre en question le jugement comme « représentation d’un rapport entre deux concepts » ; du reste, un Hintikka aura rappelé au bon souvenir des logiciens la pertinence des vues kantiennes sur le jugement synthétique. D’autre part, si en écrivant par exemple, « juger d’une manière active, c’est engendrer des objets de pensée, des formations catégoriales » Husserl ne fait que développer les attendus du subjectivisme (kantien) impliqués dans toute philosophie du sujet, reste à envisager le cas de Freud notamment, selon qui la « fonction du jugement » s’intègre dans l’économie des pulsions.

Ici, la fonction de prédication est assimilée à la prédation (ou conduite appétitive), comme l’attestent les alternatives de l’introjection et de l’expulsion (oralité), de l’incursion et du retrait (territorialité), sur laquelle se décalque celle du conscient et du refoulé au niveau psychique ; les formes logiques (jugements positifs ou négatifs), dès lors, ne seraient que des perlaborations a posteriori d’affects primitifs. C’est là une hypothèse que l’épistémologue contemporain René Thom, par exemple, reprend aujourd’hui à son compte, dans l’exemple de l’oiseau fasciné par le serpent en tant que forme archétypique du ver : « mais la taille du serpent fait de lui le prédateur d’où s’ensuit 'la paralysie du jugement' de l’oiseau...

» qu’il compare à la crise en général. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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