Le Juif errant
Publié le 30/03/2013
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Le personnage du juif errant est issu d'une tradition chrétienne millénaire : il s'agit d'un juif destiné à errer éternellement sans aucune chance de pardon. Cette punition divine est justifiée par le fait qu'il refusa de donner à boire au Christ sur le chemin de croix. Dans son récit, Eugène Sue, contrairement à la tradition, accorde à Samuel la rédemption après un long parcours de pénitence. Le Juif errant a été publié en volumes en 1844-1845.
«
EXTRAITS- - -----
« ...
Le soldat,
s'approchant
rapidement de l'alcôve,
(
••• )décrocha de la
p ano plie une paire de
pistolets de guerre ...
»
Djalma représent e la branche indienne
de la famille Rennepont
Que l'on se figure un joli salon rond, tendu
d'étoffe de l'Inde, sobrement rehaussé
de quelques.fils d'or;
le plafond, vers son
milieu, disparaît sous
de pareilles draperies
nouées et réunies par
un cordon de soie.
Le
jour n'arrive dans ce
salon qu'en traversant
une petite serre chaude
que l'on voit à travers
une glace sans tain,
formant porte-fenêtre,
et pouvant disparaître
dans l'épaisseur de la
muraille, en glissant le
long
d'une rainure pra
tiquée au plancher.
Un
store de Chine peut, en
s'abaissant,
cacher ou
remplacer cette glace.
Quelques palmiers nains,
des musas ' et autres végétaux de l'Inde, aux
feuilles épaisses et d'un vert métallique ,
sont disposés en bosquets dans cette serre
chaude.
Dans cette pièce un peu obscure,
tout imprégnée de suaves senteurs mêlées
à
l'odeur aromatique du tabac persan, un
homme à chevelure brune et pendante est
agenouillé sur un magnifique tapis de
Turquie, il attise
avec soin le fourneau d'or
d'un houka ; le flexible et long tuyau de
cette pipe aboutit entre les doigts ronds et
effilés de Djalma, mollement étendu sur le
divan.
La Juiv e errante redevient mortelle
Soudain apparaît une fonne humaine.
C'est
une femme.
Elles' avance lentement vers les
ruines, elle les atteint.
Cette
femme est pâle ,
son regard est triste, sa longue robe flottante
et ses pieds sont poudreux; sa démarche est
NOTES DE L'ÉDITEUR
pénible, chancelante.
Un bloc de pierre
est placé au bord de la source, presque au
dessus de la statue de saint Jean le décapité.
Sur cette pierre, cette femme tombe épuisée,
haletante de fatigue.
Et pourtant, depuis
bien des jours, bien des ans, bien des
siècles, elle marche, marche infatigable.
Mais, pour la première fois elle ressent une
lassitude invincible.
Pour la première fois,
ses pieds sont endoloris.
Ses pieds saignent ,
ses membres sont brisés par la fatigue, une
soif brûlante la dévore.
Elle ressent ces
infinnités, elle souffre, et elle ose à peine y
croire.
Sa joie est trop immense .
Mais son gosier, de
plus en plus desséché,
se contracte ; sa gorge
est enfeu.
Elle aper
çoit la source, et se précipite à genoux pour
se désaltérer à ce courant cristallin et trans
parent comme un miroir.
Que se passe-t-il
donc ? A peine ses lèvres enflammées ont
elles effleuré cette eau fraîche
et pure, que,
toujours agenouillée
au bord du ruisseau, et
appuyée sur ses deux mains, cette
femme cesse brusquement de boire
et se regarde avidement dans la
glace limpide.
Tout
à coup, ou
bliant la
soif qui la dévore en
core, elle
pousse un grand
cri, un cri de joie profonde,
religieuse.
Dans ce miroir
profond, elle vient de
s'apercevoir qu'elle a
vieilli.
En quel-
ques jours,
en quelques
heures, en _
quelques ::.:~~~
minutes , à ,_~· -."...:: --- ~ _,
l ' i n s t a n -; '
peut -être, elle
a atteint la
ma
turité de l'âge.
« ••• Le Juif priait
to ujo u rs, agenouillé
a u p ied du calvaire.
»
~
l
lR .
« Le Juif errant est un modèle de roman
populaire -un roman qui véhicule des
idées élémentaires
et qui s'exprime dans
un langage simple, un roman qui propose
une action directe
et met en scène des
personnages dont
la psychologie traduit
i
« Eugène Sue, dans Le Juif errant, ne
suggère pas
la révolte.
Au contraire, il
condamne la violence
et essaye de susciter
une certaine compréhension entre les
classes en exigeant des
" riches " la charité
et en faisant savoir aux " pauvres " que
les riches ont leurs problèmes aussi.
Dans toutes les intrigues du
Juif errant on
trouve sous une forme ou une autre un
mécanisme
de" fascination", que le lecteur pourra
partager à son gré avec l'auteur.
Parfois cette fascination sert les buts
didactiques
de l'auteur, comme c'est le cas
par exemple quand s'opère dans l'intrigue
des ouvriers une fascination évidente
de la
misère, de
la criminalité, de la méchanceté
de quelques capitalistes, et même du
choléra, qui a des conséquences funestes
pour les classes pauvres, mal nourries.
»
Brynja Svane, Europe, novembre-décembre
1982.
les
pulsions les plus habituelles
de l'être
humain, un roman qui offre une intrigue
vivante, dynamique, plurielle, où tous les
ressorts de la narration sont constamment
déployés.
» Jean-Baptiste Baronian, Le Juif
errant, introduction, Éd.
Oswald, 1978.
l Eugène Sue par Co uveley I Harli ngue-Vio llet 2 , 3 , 4 , 5 gravures de Gavarni, Paris , 1845 SUE03.
»
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