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JUILLET 1975 DANS LE MONDE

Publié le 15/11/2011

Extrait du document

Dans leur grande masse les Américains sont las de jouer les gendarmes de l'univers et ils seraient plutôt portés à rentrer sous la tente, si l'on en croit les sondages; mais dans un discours récent, le président Ford metolait le peuple américain en garde contre un retour à l'isolationnisme : « Les nations Hbres ont besoin des Etats-Unis et nous avons besoin des nations libres. Personne ne peut aller seul son chemin «. Le monde d'aujourd'hui est trop complexe pour être contrôlé par un seul pays, voire même par deux super-puissances.

Il y aura sûrement un recul de l'influence américaine dans le monde, mais surtout une forte poussée du neutralisme. Pourquoi, dès lors, l'Europe, et une Europe tourn~e vers les pays du Tiers Monde, ne comblerait-elle pas le vide laissé par la puissante Amél'ique ?

« avril, le G.R.P.

ne se satisfait pas de cette démission et exige la fin de l'intervention américaine.

Les derniers Américains évacue­ ront le Viêt-nam le 30 avri1.

Les forces corn- .

munistes accentuant l'encei'Clement de la ca­ pitale, M.

Huong transmet - mais bien tard - ses pouvoirs au général Minh (28 avril).

Au matin du 30 avri .l, les foi'Ces révolution­ naires ont pris le contrôle de Saigon qui de­ vient Ville Hô Chi Minh.

Le président Minh venait d'en annoncer la reddition s ·ans condi­ tions, ayimt eu la sagesse d'éviter le pire, un.e bataille crùelle et sans esp ·oir.

En deux mois, les forces du Sud qui, en 1973, tenaient toutes les capitales provinciales les ont pet1().ues, mais cette ultime phase de la guerre d'Indochine aura été la moins meur­ trière : il y a eu écroulement soudain d'un régi •m.e à bout de souffle, qui n'avait plus le soutien populaire et qui était lâché par l'a11- J.i~ américain.

Si le président Thieu avait démissionné dès les ·premiers revers et laissé la place au gé­ néral Minh, une négoci ·ation politique aurait sans doute pu s'engager sur la base des ac­ cords de Paris, ·avec la formation d 'un gouver­ nement comtPrenant le G.R .P .

e t la troisième force non-eommuniste.

Hanoï et le Viêt-cong n'envisageaient certainement pas une si fou­ droyante et facile victoire et se demandaient si les Américains n'interviendraient .pas de nou­ veau : on pouvait raisonnablement envisager une solution politique , les atermoiements de Sai.gon ont tout pei1du.

Cette guerre et son cortège de mal-heurs, trente ans de souffrances iunombrables, de •bombar­ dement s atroces, de destructions irrémédiables, n'·aurait pas dû avoir lieu : dès 1946, les ac­ cords Sainteny-Hô Chi Minh auraient pu tout éviter .

Et, ,par deux fois, des accords auraient pu tout au moins la terminer plus tôt, ceux de Genève en 1954, ceux de Paris en 1973.

Une « troisième composante » existait, dont les atouts fureDJt gâchés parce qu'on ne lui permit pas de les jouer à temps.

Français d'abord, puis Américains ont sous­ estim é la résolution d'hommes décidés à exister par eux-mêmes.

Les vainqueurs ont pu s'appuyer sur une aspiration nationa ,le ardente, exigeant efforts .et sacrifices san ·s précédent, si l'on sait qu'il fut déversé sur le Nord 'Plus de bombes que sur toute l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale ! Leur résultat est atteint, et le cercle des nations communistes s'est élar­ gi.

Au Cambodge, ; l'énigme khmère Le 1 ~• avril, les Khmers Rouges s'emparent de Neak-Luong, dernière position réipublicaine sur le Mékong.

Le même jour, le maréch8:11 Lon Nol quitte Phnom ~Penh dans 'l'eS'poir que ce départ permettra l'ouverture de négociations avec le GRUNG et ceux qui assiègent la capi­ tale.

Le 11 avril , ils sont à trois kilomètres de l'aéroport; les ressortissants américains sant éva cués .

Bientôt, au sud de la capitale les forces républicaines faisaient retraite devant les Khmers Rouges, refoulant des miUiers de réfugi •és dans le centre de la ville.

Les Khmer s Rouges sont entrés, le 17 avril, dans Phnom-Pen · h sans rencontrer de résis­ tance; le Premier ministre du gouvernement républicain, M .

Long Boret avait quitté la capi­ tale .

Dès le 18 avri1, ordre a été donné à la popula­ tion toute entière , y compri s malades et bless'és, d'évacuer Phnom-Penh, sous le prétexte d'une menace de bombat-dement aérien.

La ville a été entièrement vidée de ses deux millions d'ha­ bitants, dont beaucoup de réfugiés, et les au­ tres villes de quelque importance ont été éga­ lement évacuées.

Quel est le sens de cet exode forcé ? Suppri­ mer une cité fondée sur le capitali sme étran­ ger ? Revenir à une civilisation .paysanne ? Effa cer toute trace de l'Oocident et en oublier les mœur s ? Construire un homme nouveau et instaurer un collectivisme rural d'ins .piration maoïste ? Peut être y a-t-il eu aussi des rai­ sons tactiqu e s : les Khmers Rouges se sont senti s trop peu nombreux p our nourrir et con­ trôler une telle pu pu!oation et H était plus facile de la disperser.

M.

Khieu Samphan, vice -Premier ministre a déclaré que le prince Sihanouk demeurait le chef de l'Etat, mais que le Cambodge serait un « Etat démocratique populaire où la pre­ mière pilace appartient aux ouvriers, aux pay­ sans pauvres et aux paysans moyens ».

Si à Saigon un pouvoir révolutionnaire, sûr de lui et en pleine maturité, s'·instaUe, admi­ nistœ et fait fonctionner l'économie, il n'en va pas de même au Cambudge.

Entendant pré­ server leur pays de toute ingérence, les Khmers Rouges se coupent totalement de l'étranger - tous les réfugiés de l'ambassade de France ont été évacués par camions jusqu'à la frontière thaïlandaise .

- , ont interrompu toute com­ munication avec l'extérieur et refusent toute praposition éventuel>le de dédommagement des América .ins.

Cette nouvdle forme de révolution pose une énigme.

La révolution khmère est jeune, recrutée dans une population paysanne sans cadres, jetée sans préparati on dans le combat et le Front du .prince Sihanouk est composé d'él'j\ments très divers.

Dans les maquis il a fallu apprendre à faire la guerre et à ,politiser les paysans, dans la ligne d'un nationa •lisme très pointilleux qui aboutit à une forte rancœur vis-à-vis de tout étranger et porte ce mouv .ement révolution­ naire à s'éloigner même des pays non-alignés.

Du défi américain au repli Les Américains viennent de subir une dé­ faite en Asie et, pour la première fois de leur histoire, leur armée n'a pas réussi à vaincre .

Jusqu'à ce m o ment , rien ni •personne ne .pouvait s'opposer à la puissante Amérique, ni rivaliser avec elle, c'était le temps du défi.. »

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