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Est-il juste de faire des reproches au machinisme ?

Publié le 05/09/2005

Extrait du document

Analyse du sujet :

-         Le machinisme apporte indéniablement des bienfaits : augmentation de la productivité et gain de temps. De ce point de vue, il semble injuste de lui faire des reproches.

-         Toutefois, il faut peut-être tenter de prendre une distance critique par rapport à ce qui apparaît de prime abord comme un bien puisque les apparences sont souvent trompeuses.

-         Ainsi il apparaît que les machines peuvent poser des problèmes : elles prennent le travail des hommes et semblent « standardiser « la société puisque la production de masse impose souvent un modèle unique.

-         On peut cependant encore questionner cette position, et se demander si c’est bien le machinisme qui est ici en cause.

-         En effet, on peut se demander si le chômage n’est pas dû à autre chose qu’aux machines, et s’il n’en serait pas ainsi même s’il n’y avait pas de machines. Par ailleurs, la standardisation de la société sur un modèle unique est-elle vraiment due au machinisme en tant que tel ?

-         Ces interrogations peuvent nous amener à critiquer le modèle social qui est aujourd’hui le nôtre.

-         Ceci fait, il nous serait possible de nous demander si le machinisme ne constituerait pas simplement un bouc émissaire.

Problématisation :

Il semble injuste de faire des reproches au machinisme tant on constate les bienfaits qu’il nous apporte. Néanmoins, n’est-on pas obligé de constater que le machinisme a généré du chômage en remplaçant les hommes qui travaillent par des machines ? N’a-t-il pas fait perdre une grande part de créativité à la société en fournissant à celle-ci des objets standardisés et sans personnalité ? Il nous faudra mettre en avant le fait que le machinisme semble ambivalent et nous demander si les problèmes qu’il éveille en nous doivent lui être imputés, ou bien s’ils trouvent leurs causes ailleurs.

 

« Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel (1).On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuited'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique.Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures derepos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'auxprétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portéede tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi,au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujoursrestreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression dela machine.Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en seraitnégligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi parl'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la cultureintellectuelle et de développer les vraies originalités. BERGSON. (1) Ce grief (ou ce reproche) essentiel, c'est, selon Bergson, d'avoir poussé auluxe. Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme.

Sonthème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et de l'outil, du point de vue del'épanouissement humain. Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement aux idées reçues, une supériorité, dece point de vue, de la machine sur l'outil ? La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la viede l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes. L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et ladignité humaine. Le texte procède selon trois moments. Un premier moment (jusqu'à "sens artistique") détaille les deux reproches que l'on adresse habituellement aumachinisme : d'abord, transformer en machine l'utilisateur d'une machine. Ensuite, briser l'inventivité de l'ouvrier, en lui faisant produire des objets identiques les uns aux autres. Les deuxièmes et troisièmes moments répondent à ces faux reproches.

Le seul vrai reproche en effet, est pourBergson que la production massive d'objets grâce aux machines pousse les hommes à une consommation inutile,c'est-à-dire au luxe. La raison de l'invalidité du premier reproche est la suivante (deuxième moment) : Le temps libre ("heures de repos") permis par le machinisme donne à l'ouvrier la possibilité de libérer son esprit descontraintes de la matière, et ainsi de retrouver au fond de lui-même la faculté de " choix " que le travail sur machinelui a fait oublier. Ce choix se portera spontanément selon Bergson, sur des potentialités de son intelligence autres que cellessollicitées pour faire fonctionner sa machine. De là, Bergson conclut à l'infériorité de la civilisation de l'outil : l'homme est plus inventif quand il use d'outils, mais ily passe plus de temps , et laisse ainsi en friche des potentialités qui pourtant lui appartiennent. Bergson aperçoit cependant les limites de son argument : l'"industrialisme" suscite plutôt l'"amusement", c'est-à-direl'utilisation récréative des objets que l'ouvrier lui-même a produit, plutôt qu'il ne suscite un authentique geste deliberté. Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, quiest "mal dirigée". La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin dutexte) : L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leurtemps libre pour épanouir leur originalité profonde.. »

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