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Y a-t-il de justes inégalités?

Publié le 23/01/2005

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Au livre V, Glaucon, qui est l'un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite que celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité. Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoir de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement la société:  il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie. Socrate déclare : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour. Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune. Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers. « Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que comme un insoutenable paradoxe. Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie. En ce sens, la « République « est autant un traité de la philosophie qu'un traité de la politique. Par là même se marque combien, aux yeux de Platon, sont indissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir. Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes «.

« [Toutes les inégalités ne sont pas injustes.

Les hommes ne disposent pas tous des mêmes aptitudes naturelles.

L'injustice naît d'une égalisation des mérites et des talents.

Il est injuste de ne pas reconnaître aux meilleurs leur supériorité.] Il y a des inégalités naturellesRousseau, qui pourtant défend l'égalité parmi les hommes comme principe politique absolu, ne nie pas qu'ilexiste des inégalités naturelles: la différence d'âge, la santé, la force du corps, les capacités intellectuelles...Ces inégalités ne sont injustes que dans la mesure où elles concernent l'homme.

L'ordre naturel, quant à lui,n'est ni juste ni injuste.

Dire qu'il est injuste que mon voisin soit plus grand que moi est une ineptie. " [...] il est aisé de voir qu'entre les différences qui distinguent leshommes, plusieurs passent pour naturelles qui sont uniquementl'ouvrage de l'habitude et des divers genres de vie que les hommesadoptent dans la société.Ainsi un tempérament robuste ou délicat, la force ou la faiblesse qui endépend, viennent souvent plus de la manière dure ou efféminée dont ona été élevé, que de la constitution primitive des corps.

Il en est demême des forces de l'esprit, et non seulement l'éducation met de ladifférence entre les esprits cultivés et ceux qui ne le sont pas, mais elleaugmente celle qui se trouve entre les premiers à proportion de laculture ; car qu'un géant et un nain marchent sur la même route,chaque pas qu'ils feront l'un et l'autre donnera un nouvel avantage augéant.

Or, si l'on compare la diversité prodigieuse d'éducations et degenres de vie qui règnent dans les différents ordres de l'état civil avecla simplicité et l'uniformité de la vie animale et sauvage, où tous senourrissent des mêmes aliments, vivent de la même manière et fontexactement les mêmes choses, on comprendra combien la différenced'homme à homme doit être moindre dans l'état de nature que danscelui de société, et combien l'inégalité naturelle doit augmenter dansl'espèce humaine par l'inégalité d'institution.

"Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité parmi leshommes (1754) Ce a quoi le texte s'oppose Rousseau conteste, dans cet extrait du Discours sur l'origine de l'inégalité, le préjugé selon lequel la natureest inégalitaire et instaure des différences de constitution entre les hommes, aussi bien sur le plan physiquequ'intellectuel.L'opinion commune affirme, en effet, que la nature a fait les uns plus robustes, les autres plus fragiles, les unsmoins intelligents, les autres plus rusés, etc.

Les sophistes grecs de l'Antiquité s'appuyaient d'ailleurs sur cesdifférences naturelles pour poser que seuls les plus forts doivent commander aux plus faibles.

Ainsi, pour eux,l'inégalité des droits civils devait trouver sa justification dans l'inégalité que la nature avait instituée entre leshommes.

Dans le dialogue qu'il a intitulé Gorgias, Platon nous présente même le sophiste Calliclès soutenant,face à Socrate, la thèse suivante : la véritable justiceest celle qui respecte les inégalités naturelles ; il est donc juste que les plus forts dominent les plus faibles etdeviennent les chefs dans une cité puisqu'ils sont, par nature, les plus forts.Rousseau s'oppose totalement à cette idée et inverse la perspective précédente : l'inégalité civile ne peutêtre, selon lui, légitimée par une prétendue inégalité naturelle puisque, dans l'état de nature, « l'uniformité dela vie animale et sauvage, où tous se nourrissent des mêmes aliments, vivent de la même façon et fontexactement les mêmes choses », rend minimes les différences d'homme à homme.L'auteur déduit de cette constatation la loi selon laquelle l'inégalité naturelle augmente, dans l'espècehumaine, en proportion de l'inégalité d'institution, c'est-à-dire à mesure que les différences culturellesaugmentent entre les hommes.

Ce que défend ce texte: Ce n'est donc pas la nature qui produit de l'inégalité, mais bien la culture.

En civilisant les hommes, la sociétécrée de l'inégalité et, souvent, des différences qui passent pour naturelles « sont uniquement l'ouvrage del'habitude et des divers genres de vie que les hommes adoptent dans la société ».Par cette affirmation, Rousseau accorde à l'éducation toute son importance, en montrant qu'elle n'influencepas uniquement l'épanouissement des esprits, mais aussi des corps.

Un corps robuste ou délicat l'est moins en. »

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