Devoir de Philosophie

La justice est-elle un idéal ?

Publié le 27/01/2004

Extrait du document

justice
PLATON, La République, Garnier-Flammarion. Difficulté du sujet : **Nature du sujet : Classique. I. L'IDÉALITÉ DE LA JUSTICE : RÉALITÉ OU IDÉE RÉGULATRICE A. Le règne des finsPar règne des fins, Kant entend la capacité par des êtres raisonnables de vivre ensemble sous les lois objectives de la raison pratique, et dans le respect mutuel des uns et des autres, les faisant se considérer chacun comme fins en soi, et non comme simples moyens (Les Fondements de la métaphysique des moeurs, IIe section). En tant qu'idéal de la raison pratique, « le règne des fins » est la justice telle qu'elle peut être réalisée par la liberté. La justice trouve ainsi dans la raison pratique et l'idée pratique de « fin en soi son « idéat », un objet réel à sa propre idéalité.Le problème est que la réalisation de ce « règne des fins » ne se propose jamais à la mesure d'un temps humain, sa réalité est pratique non empirique, c'est-à-dire possible par liberté, en tant qu'il relève d'un devoir de la raison mais nullement possible anthropologiquement. B. Le mal radicalIl y a une opposition pour Kant entre le devoir inconditionnel que prescrit la raison pratique, et les penchants de la sensibilité (c'est le mal radical) qui n'en sont pas moins des aspects de l'humaine réalité.
justice

« A.

Préférer l'ordre à la justice ? Le devoir moral kantien est catégorique et inconditionnel dans sa prescription, il est donc coupé de tout souciconcernant l'ordre du monde, et la paix sociale par exemple.

Le devoir-être tourne le dos à l'être et il n'est pasd'infinies possibilités de régler le rapport de la justice comme idéal au réel, que de sacrifier celui-ci à celle-là.

« Faisce que tu dois et périsse le monde », la conscience morale n'est responsable que de son intention droite, nullementdu sort du monde.

Au fond, la radicalité de la morale kantienne se construit autant sur la nature transcendantale dela liberté qu'elle se dégage aussi bien de son désinvestissement mondain.

L'idéal de justice peut-il impunémentdéserter le monde et le sort de la communauté humaine ? B.

En tant qu'idéal de la raison, la justice est un « contre-idéal » humain Cet aspect rappelle entre autres la fin des Mains sales de Jean-Paul Sartre, où Hugo oppose sa puretérévolutionnaire, à « l'épaisseur humaine » de Hoederer, qui sait, lui, qu'on ne pourra jamais réussir une révolutionsans souscrire d'abord à ce que sont les hommes (Hugo : « Je suis entré au Parti parce que sa cause est juste etj'en sortirai quand elle cessera de l'être.

Quant aux hommes, ce n'est pas ce qu'ils sont qui m'intéresse mais ce qu'ilspourront devenir.

» Hoederer : « Et moi, je les aime pour ce qu'ils sont.

[...] Pour moi, ça compte un homme de plusou de moins dans le monde.

C'est précieux.

Toi, je te connais bien mon petit, tu es un destructeur.

Les hommes, tules détestes parce que tu te détestes toi-même ; ta pureté ressemble à la mort et la Révolution dont tu rêves n'estpas la nôtre : tu ne veux pas changer le monde, tu veux le faire sauter.

» Cinquième tableau, scène IV).

Loin d'êtreun principe régulateur et absolu de l'action, la justice dresse l'humanité contre elle-même.

L'idéalité de justice,surtout lorsqu'elle s'efforce d'ordonner à sa mesure le réel, contredit l'idéalité de l'homme.

Y a-t-il moyen deréconcilier humanité et justice que tout oppose et pourtant que tout appelle à se rejoindre ? III.

LA LOI EST FAITE POUR L'HOMME, NON CONTRE LUI A.

L'alternative de mort Qui faut-il tuer ? Le coupable ou la loi ? L'épisode de la femme adultère jetée aux pieds du Christ traduit cettedifficulté, mais en même temps elle en révèle l'intention.

C'est pour tromper que les pharisiens placent Jésus dans lanécessité de condamner (qui ?).

Autrement dit, c'est du « mauvais » seulement que procède cette opposition entrel'humain et la loi, ainsi que, pour Hoederer, c'est de la haine de soi que Hugo voyait construire un idéalrévolutionnaire de justice en y sacrifiant toujours plus d'humains.

Au fond, transgresser la justice comme chercher àl'appliquer en y faisant périr l'homme traduit toujours ce mal profond : l'innocence perdue, nous manquons depercevoir le lien essentiel qui unissait l'homme à la justice.

Comment comprendre la nature de ce lien ? B.

La justice n'est pas un idéal, mais un ordre du réel humain 1.

Le mythe de l'anneau de GygèsL'ignorant revendique l'impunité comme idéal de bonheur et il n'est pas selon lui de maux plus grands que subir uneinjustice.

Bref, ce que l'on tiendrait pour être la justice semble, aux yeux du vulgaire, insensé.

Comment pourrait-on,comme dans le Gorgias, à l'instar de Socrate répondant à Polos, préférer subir une injustice plutôt que la commettre? Commettre l'injusticeest pire que la subir, etj'aimerai mieux quant àmoi, la subir que lacommettre ( Gorgias ) Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer lereste de sa vie en compagnie d'un injuste.

L'assassin estcelui qui perd l'estime de soi.

Cette phrase fonde l'idéemoderne de conscience morale : il n'est pas de crimesans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui mejuge.

A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à quije mens ( Essais ) Platon: l'anneau de Gygès Dans la République, II, Platon relate un mythe qui illustre l'idée qu"'on ne pratique la justice que malgré soi et parimpuissance de commettre l'injustice.

Gygès était berger.

Lors d'un tremblement de terre accompagné d'un orage, laterre se fendit pour laisser apparaître une crevasse.

Il y descendit et trouva un cheval d'airain, creux à l'intérieur,qui recélait le cadavre d'un géant.

Au doigt de ce cadavre était une bague en or que Gygès déroba pour la passer àson doigt.

Puis il remonta et assista au soir à une assemblée de bergers qui faisait au roi un rapport sur l'état destroupeaux, et machinalement tourna la bague autour de son doigt.

Lorsque le chaton de celle-ci était à l'intérieur desa main, il devenait invisible.

S'il le retournait à l'extérieur, il redevenait visible.

Conscient de son pouvoir, ils'introduisit dans le palais du roi, séduisit la reine, tua le roi, et s'empara du royaume.

Tout homme doté d'un telpouvoir miraculeux, qu'il soit d'un naturel juste ou injuste, n'aura pas le tempérament assez fort pour résister à latentation d'en user, pour voler le bien d'autrui, tuer, séduire, "faire comme un dieu parmi les hommes".

Ce récitmontre que nul n'est juste par choix mais par contrainte, que l'on ne tient pas la justice pour un bien individuel, etque chaque fois qu'il est possible de commettre l'injustice, on le fait.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles