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Justification (ou déduction transcendantale) du principe moral — KANT (critique de la raison pratique)

Publié le 21/03/2011

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kant

L'analyse, de quelque façon qu'elle soit conduite, nous met simplement en présence d'un fait. Or, pour être un fait de la raison, une affirmation nécessaire a priori n'en a pas moins besoin d'être justifiée. Justifier un principe théorique, celui-ci, par exemple, que tout fait doit avoir une cause, c'est montrer comment une loi émanant de la raison peut s'appliquer nécessairement aux données de l'expérience. Il faut pour cela faire appel à quelque principe supérieur qui rende l'accord nécessaire. Kant l'a trouvé dans l'aperception transcendantale, dont la nécessité immédiatement certaine rend nécessaire à son tour l'accord de la raison et des faits, qui en est la condition.

kant

« car c'est notre misère de ne pouvoir agir sans un secours sensible.

Seulement notre action ne peut être morale quesi le sentiment qui nous décide naît de la loi seule et non de nos penchants.

Comment un tel sentiment purementmoral est-il possible, c'est ce qui échappe à notre intelligence.

Il suffit que nous en constations la réalité.

Il y acertainement un mobile moral.

La loi morale, écartant du droit à nous déterminer tous nos penchants et avec euxl'amour-propre qui en est le principe, nous rabaisse sévèrement et nous humilie ; par là elle nous dompte en quelquefaçon, en nous obligeant.

Ce n'est encore là qu'un premier effet tout négatif.

Mais par cela même qu'elle nousdomine, elle suscite un sentiment positif qui est le respect, sentiment indéfinissable de son incomparable valeur.C'est un inextricable mélange de plaisir et de peine, où nous sommes attristés du peu que nous sommes et exaltésaussi par notre aptitude à comprendre et à pratiquer la loi qui se révèle à nous.

Par l'effet de ce respect nospassions sont réduites au silence et la loi morale peut alors nous déterminer par sa seule autorité.

Le respect n'estdonc au fond que la loi môme devenue sensible : c'est le signe de son action et le commencement de notreobéissance.

Parla nous prenons, comme êtres sensibles, intérêt à la loi et c'est l'aptitude à éprouver un tel intérêtqui est le vrai sentiment moral.

(R.

Pr., 127-143.) On ne saurait le reconnaître dans le soi-disant amour spontané dubien dont parlent certains moralistes.

Cet amour gratuit, qui no connaîtrait pas la contrainte, suppose une volontétoute sainte, et ne convient pas à la nature sensible de l'homme.

C'est le terme vers lequel il s'achemine en sonprogrès moral; c'est la récompense, non le moyen de la vertu.

(R.

Pr., 146-148.) On voit bien par là comment nous pouvons, aidés du sentiment moral, pratiquer la loi; mais comme nous ne lapratiquons pas toujours, il reste à savoir à quoi cela tient.

Notre bonne ou mauvaise volonté dépend-elleautomatiquement de l'intensité, de la force relative du mobile moral et des penchants, c'est-à-dire en somme denotre constitution que nous n'avons pas faite, ou dépend-elle de notre libre vouloir? On reconnaît là la traditionnellequestion du libre arbitre. Il semble que la réponse de Kant ne soit pas douteuse.

Il affirme la liberté et, par suite, la responsabilité.

Seulementrien n'est moins clair que sa conception de la liberté, car sous ce nom il désigne deux choses différentes, qu'il nesemble pas distinguer et dont, à plus forte raison, il ne songe pas h marquer le rapport.

Elles ne répondent pas aumême problème.

L'une répond à la question de la possibilité d'une loi morale : son vrai nom est l'autonomie : c'estl'aptitude de l'être raisonnable à se donner une loi.

Mais cette autonomie n'est qu'une forme delà spontanéité de laraison.

C'est l'affirmation de l'a priori pratique.

Elle appartient à tout homme de cela seul qu'il est raisonnable.

Maiscomme tous les hommes tout en concevant la loi ne s'y soumettent pas, l'aptitude à la poser est donc tout autrechose que l'aptitude à s'y soumettre ou à s'y dérober.

Et c'est ceci qui est le libre arbitre.

Ce libre arbitre, Kant, quine le distingue pas de l'autonomie, en admet, avec le sens commun, la réalité.

Seulement il lui assigne une placeinattendue.

lise refuse à le mettre, comme principe de contingence, dans le développement de notre vie temporelle :là règnent le mécanisme et la nécessité ; et qui connaîtrait toutes les circonstances internes ou externes danslesquelles un homme est appelé à agir pourrait prédire avec une absolue certitude ses bonnes ou ses mauvaisesactions.

Mais cette nécessité n'est la loi que du moi empirique.

Comme être intelligible, le moi est soustrait au tempset à l'enchaînement nécessaire de ses actions dans le temps.

On peut concevoir alors qu'il se pose lui-même tel qu'ilveut être, librement, et ce qu'il lui a plu d'être.

Voilà ce qu'exprime la suite nécessaire de ses actions représentéedans le temps.

Cette suite nécessaire des actions de chaque homme est le développement dans le temps ducaractère intelligible, c'est-à-dire de la nature, que dans l'absolu de son être il a plu à chacun de se donner.

Telleest la doctrine de la liberté intemporelle qui est nettement affirmée dans la Critique de la raison pure (II, 139-156)et qui se retrouve développée en une riche et complexe étude sur les conditions et les progrès de la moralité dansl'intéressant ouvrage de Kant sur la Religion dans les limites de la raison.

Nous ne pouvons qu'y renvoyer le lecteur.. »

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