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KANT: Beauté libre et beauté adhérente

Publié le 27/02/2008

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Il existe deux espèces de beauté : la beauté libre (pulchritudo vaga) ou la beauté simplement adhérente (pulchritudo adhaerens). La première ne présuppose aucun concept de ce que l'objet doit être ; la seconde suppose un tel concept et la perfection de l'objet d'après lui. Les beautés de la première espèce s'appellent les beautés (existant par elles-mêmes) de telle ou telle chose ; l'autre beauté, en tant que dépendant d'un concept (beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d'une fin particulière. Des fleurs sont de libres beautés naturelles. Ce que doit être une fleur peu le savent hormis le botaniste et même celui-ci, qui reconnaît dans la fleur l'organe de la fécondation de la plante ne prend pas garde à cette fin naturelle quand il en juge suivant le goût. Ainsi au fondement de ce jugement il n'est aucune perfection de quelque sorte, aucune finalité interne, à laquelle se rapporte la composition du divers. Beaucoup d'oiseaux (le perroquet, le colibri, l'oiseau de paradis), une foule de crustacés marins sont en eux-mêmes des beautés, qui ne se rapportent à aucun objet déterminé quant à sa fin par des concepts, mais qui plaisent librement et pour elles-mêmes. Ainsi les dessins à la grecque, des rinceaux pour des encadrements ou sur des papiers peints, etc., ne signifient rien en eux-mêmes ; ils ne représentent rien, aucun objet sous un concept déterminé et sont de libres beautés. On peut encore ranger dans ce genre tout ce que l'on nomme en musique improvisation (sans thème) et même toute la musique sans texte. Dans l'appréciation d'une libre beauté (simplement suivant la forme) le jugement de goût est pur. On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l'objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que la liberté de l'imagination, qui joue en quelque sorte dans la contemplation de la figure, ne saurait qu'être limitée. Mais la beauté de l'homme (et dans cette espèce, celle de l'homme proprement dit, de la femme ou de l'enfant), la beauté d'un cheval, d'un édifice (église, palais arsenal, ou pavillon) suppose un concept d'une fin, qui détermine ce que la chose doit être et par conséquent un concept de sa perfection ; il s'agit donc de beauté adhérente. Tout de même que la liaison de l'agréable (de la sensation) avec la beauté, qui ne concerne véritablement que la forme, était un obstacle à la pureté du jugement de goût, de même la liaison du bon (c'est-à-dire de ce pour quoi la diversité est bonne pour l'objet lui-même selon sa fin) avec la beauté porte préjudice à la pureté de celle-ci. On pourrait adapter à un édifice maintes choses plaisant immédiatement dans l'intuition, si cet édifice ne devait être une église ; on pourrait embellir une figure humaine avec toutes sortes de dessins en spirale et avec des traits légers, bien que réguliers, comme en usent les Néo-Zélandais avec leurs tatouages, s'il ne s'agissait d'un homme ; et celui-ci pourrait avoir des traits plus fins et un visage d'un contour plus gracieux et plus doux, s'il ne devait représenter un homme ou même un guerrier.KANTCet extrait est tiré de la Critique de la faculté de juger de Kant, de 1790. Il s'agit plus explicitement de déterminer le rapport de la beauté, c'est-à-dire ce que je veux dire lorsque je dis « c'est beau ». Ici nous nous situons dans l'Analytique. L'objet du texte est de déterminer les rapports entre la beauté et la perfection dans la mesure où nous croyons souvent et spontanément que le beau représente une perfection. Or la perfection est la représentation d'une fin déterminée par un concept. Dès lors la beauté serait déterminée par autre chose qu'elle-même. Dans ce cas faut-il alors distinguer deux types de beauté ce que fera Kant dans la première partie (du début de l'extrait à «Ainsi au fondement de ce jugement il n'est aucune perfection de quelque sorte, aucune finalité interne, à laquelle se rapporte la composition du divers. »). Il les détaillera dans les deux suivantes : de « Beaucoup d'oiseaux (le perroquet, le colibri, l'oiseau de paradis » à « qui joue en quelque sorte dans la contemplation de la figure, ne saurait qu'être limitée. » ; et de « Mais la beauté de l'homme » à la fin.
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« fleur, si son organisation interne doit être de telle ou telle manière.

La fleur ne suppose pas un rapport d'utilité parcequ'elle n'a pas de rapport au concept.c) On le voit alors le jugement de goût est entièrement indépendant du concept de perfection.

La finalité est le faitpour un concept d'être cause de son objet (autrement dit, c'est la représentation de l'effet qui détermine la cause).On peut observer une finalité formelle même sans considérer une fin déterminée et intelligible dans l'objet.

Le beaucomme supposant une finalité formelle est indépendant du bon comme supposant une finalité objective qu'elle soitexterne comme utilité ou interne comme perfection.

Et c'est notamment sur l'idée de perfection que notre texteinsiste.

La beauté n'est pas nécessairement liée à l'idée de perfection.

En effet, le jugement de goût qui déclare unobjet beau sous la condition d'un concept déterminé n'est pas pur. Le meilleur exemple est celui de la beauté d'une femme, qui suppose un concept de la perfection de l'objet et mêle de ce fait beauté et perfection : il s'agit alorsd'un jugement de goût appliqué.

Et c'est en ce sens que l'on peut définir la beauté comme forme de la finalité d'unobjet, perçue sans représentation d'une fin.

Transition : Ainsi la beauté n'est pas nécessairement liée à l'idée de perfection qui suppose alors un appel au concept c'est-à-dire produit un jugement esthétique qui n'est pas pur.

En ce sens faut-il distinguer nécessairement deux types debeautés : les beautés libres et les beautés adhérentes c'est-à-dire conditionnées par leur finalité interne : leurperfection.

II – La libre beauté a) Ainsi Kant après cet exposé théorique en vient-il à produire de exemples afin d'illustrer son propos.

« Beaucoup d'oiseaux (le perroquet, le colibri, l'oiseau de paradis), une foule de crustacés marins sont en eux-mêmes desbeautés […] les dessins à la grecque, des rinceaux pour des encadrements ou sur des papiers peints, etc., […]enmusique improvisation (sans thème) et même toute la musique sans texte ».

L'intérêt est de considéré ici ladiversité des exemples que produit Kant et leur hiérarchisation qui n'est pas anodine.

En effet, Kant commence parciter des êtres naturelles qui sont des êtres vivants supérieurs aux fleurs du point d'une échelle ontologique etbiologique.

Or justement, nous avons tendance à penser le vivant suivant des concepts, pourtant ce sont desbeautés libres en tant que nous n'avons pas de rapport avec eux relativement au bon ou à l'utile.

C'est-à-dire sansconcept.

Nous ne rapportons pas le chant d'un oiseau ou sa forme à une quelconque utilité.

Et dans ce cas, lejugement esthétique est pur.b) Dès lors Kant produit un saut ontologique vers des objets inanimés.

Avec le cas des dessins, nous sommes ici dans la matière pure, sans vie.

Nous somme dans la pure matérialité.

Et si nous pouvons dire que ces papiers peintssont beaux c'est indépendamment de ce qu'ils représentent puisque justement ils ne sont pas signifiants.

En cesens, il ne serve pas à dire quelque chose.

Ils existent simplement pour la contemplation esthétique et le goût.

Eneffet, il va différemment d'une lettre qui elle a pour but de signifier quelque chose.

On pourra trouver l'écriture de lalettre belle mais là n'est pas son but premier, il est secondaire.

Or de cette matérialité, Kant passe cette fois-ci àl'immatériel et à un autres deux beaux-arts à savoir la musique.

Mais l'essentiel est de remarquer les restrictions quedéveloppent Kant.

La musique doit être ici sans thème et sans parole afin de ne pas servir à signifier quelque chosede spécifique ni d'avoir une finalité interne qui la rendrait utile ou conforme à un concept.

En ce sens, l'improvisationest-elle sans finalité en elle-même mais non pas sans forme.

Et c'est bien ce qui crée une distinction fondamentale.c) En effet, dans les beautés libres, le jugement de goût est pure dans la mesure où il n'est pas soumis à unimpératif autre que lui-même.

Dès lors, cela signifie que Kant n'exclut pas du jugement esthétique pur la finalité.

Eneffet, la finalité est le fait pour un concept d'être cause de son objet et il est possible que considéré une finalitéformelle même sans considérer une fin déterminée et intelligible dans l'objet.

En ce sens, un jugement de goût peutêtre indépendant de toute forme de finalité extérieur à lui-même.

l'objet esthétique peut être autonome n'est pasnécessairement lié à une connaissance ou à une utilité.

Elle ne sert pas à autre chose qu'elle-même.

Elle n'est pasen vue de quelque chose et c'est pour cela qu'elle ne représente pas comme dans le cas des papiers peints.

Le rôlede l'imagination donc la fonction est liée à la contemplation esthétique se trouve donc limitée.

En effet, le goût estla faculté de juger d'un objet en relation à la libre légalité de l'imagination comme spontanée (ce qui définit unelégalité sans loi).

On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l'objetdonné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que la liberté de l'imagination, qui joue en quelquesorte dans la contemplation de la figure, ne saurait qu'être limitée.

La liberté de l'imagination repose précisément surle fait qu'elle schématise sans concepts.

Le goût n'accorde donc pas des intuitions à des concepts.

Le travail del'imagination est faible en tant que l'objet dans le jugement de goût et déjà donné là.

Transition : Ainsi la beauté libre est-elle sans lien avec la perfection en tant qu'elle n'est pas assujettie au concept, c'est-à-direà la détermination d'une représentation qui a pour but de signifier quelque chose.

Or s'il a bien présence d'unefinalité en tant que forme, il ne s'agit pas d'une finalité interne.

III – La beauté adhérente a) Dans ce dernier moment de notre extrait, Kant en vient à la beauté adhérente qui elle suppose l'idée de perfection.

En effet, la fin est la détermination d'un concept en tant qu'idée à atteindre ou but voire utilité de cetobjet comme cela peut être le cas du cheval par exemple.

Plus simplement le cas de l'architecture nous montre bience rapport à l'utilité, au bon et au bien.

Si nous pouvons dire qu'une église est belle c'est relativement à l'idée. »

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