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Kant: connaître, la Critique de la Raison Pure

Publié le 05/01/2004

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kant

Il a cherché à la traduire en multipliant la masse par le carré de la vitesse (MV2). Bien qu'il ignore la véritable solution que vient de trouver d'Alembert

E = MV2/ 2 , Kant comprend que la formule proposée par

Descartes n'est pas fausse, mais légitime uniquement dans le domaine de la force inerte. De même, il comprend la perspective de Leibniz et incline à penser que sa formule est valable dans le cas des forces vives.

En fait, il pense que la vraie méthode, comme le montre Joseph Combès, consisterait à « souligner le caractère limitatif et irréductible de chaque type, en le rapportant au domaine qui est le sien «. La force morte relève des mathématiques. La force vive relève de la physique. Dans les deux domaines, la méthode est spécifique. Il en est de même avec la métaphysique. Elle a un domaine propre et elle doit arrêter d'annexer déductivement d'autres domaines (la mathématique, la physique) qui relèvent d'une autre méthode. On voit comment, dès sa propre formation, Kant était déjà dans une perspective critique, malgré le découpage que l'on fait généralement dans son oeuvre entre période pré-critique et période critique.

La Critique de la raison pure a produit les critères de l'a priori : la nécessité et l'universel. L'expérience ne nous donne jamais rien qui soit nécessaire et universel. C'est notre raison

qui déduit du fait que chaque jour passé le soleil s'est levé et s'est couché que « le soleil se lèvera demain «. Cette notion de « demain « n'est pas donnée par l'expérience, mais par la raison. C'est sur cet écart entre l'expérience et la raison que travaille Kant.

Hume déjà avait perçu que la connaissance était un dépassement de ce qui était donné dans l'expérience. Mais, comme l'a souligné G. Deleuze, si Hume avait bien vu que la connaissance implique des principes subjectifs par lesquels nous dépassons le donné, pour lui, ces principes semblaient seulement des principes de la « nature humaine «, principes psychologiques d'association concernant nos propres représentations.

Kant a transformé le problème. Il montre que ce qui se présente à nous de manière à former une Nature doit nécessairement obéir à des principes du même genre (bien plus, aux mêmes principes) que ceux qui règlent le cours de nos représentations. « Ce sont les mêmes principes qui doivent rendre compte de nos démarches subjectives, et aussi du fait que le donné se soumet à nos démarches « (Deleuze, p. 21). Ainsi, la subjectivité des principes n'est pas empirique ou psychologique, mais transcendantale. C'est l'apport original de Kant dans cette Critique de la raison pure.

kant

« L'universalité et la nécessité relient entre elles une multitude de connaissances empiriques isolées ; elles fontd'un simple agrégat de connaissances empiriques un système.

Toute science est donc système.

C'est une idéede cette science qui en fait l'unité d'ensemble, et la distingue des autres.

L'idée qui préside à ce système détermine le schéma d'ensemble d'une science ; on peut ainsi en devancer lesprogrès sans les réaliser, en marquant de blancs la place de découvertes à venir, comme autant de voies derecherche.

Toute découverte est ainsi prévisible, sans être pourtant prévue.

Cette idée guide le scientifiquedans sa recherche.

Pourtant, les résultats du développement d'une science suivent rarement le plan prévu ;l'idée de cette science change donc avec certaines découvertes fondamentales, c'est alors une révolutionscientifique.

Sur le modèle de la révolution copernicienne, Kant cherche à faire de la philosophie une science.

L'idéed'ensemble de la philosophie théorique, c'est désormais d'en faire la connaissance des conditions universelles etnécessaires de l'expérience, c'est-à-dire, en somme, la connaissance, elle-même scientifique, du fondement dela science. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic.

Le savant polonais mit enfinl'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogeala Terre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on acherché à résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentronsl'objet, replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant,nous pourrons savoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. 2.

Les conditions de la connaissance A.

La sensibilité Toute chose perçue par les sens externes se place dans l'espace et s'ordonne dans le temps ; nouspercevons nécessairement toute chose en eux.

Cela ne signifie pas qu'elle est elle-même dans l'espace et dansle temps, mais que nous ne pouvons pas ne pas la percevoir ainsi.

La nécessité et l'universalité de l'espace etdu temps, du moins pour nous, hommes, en rendent possible la science.

La mathématique de l'espace est lagéométrie ; la mathématique du temps est l'arithmétique.

Nous n'avons pas pour autant la connaissance des choses telles qu'elles sont, mais telles qu'elles nousapparaissent seulement, sans qu'on puisse dire si c'est ainsi qu'elles sont en elles-mêmes.

La chose en soidemeure inconnue ; elle se distingue du phénomène, c'est-à-dire de la chose qui se tient là, telle que je la vois; le phénomène ne se réduit pas non plus à une apparence, puisqu'il est connu en vérité. B.

L'entendement Un phénomène connu est à la fois senti et compris ; si l'esprit humain se contentait de sentir, il ne connaîtraitjamais rien, et le monde serait comparable à une scène incompréhensible, une succession d'images sans aucunsens.

C'est par une intuition* que les choses me sont données ; c'est par un concept que je les comprends.

Tout comme il y a des conditions de la sensibilité, sans lesquelles je ne saurais percevoir, il y a des conditionsde l'entendement, sans lesquelles je ne saurais comprendre ; Kant les appelle « catégories », et en dresse latable exhaustive.

Les catégories sont les caractères conceptuels les plus généraux des choses : être unecause, être une substance, exister nécessairement ou seulement actuellement, etc.

Elles sont relatives à laconnaissance humaine, non aux choses en soi : pourtant c'est bien un savoir objectif qu'elles fondent.

De ces catégories sont tirés les principes les plus généraux de l'expérience, qui fondent une physiquenécessaire et universelle : ainsi, le principe selon lequel il y a une infinité de degrés entre l'existence d'unphénomène et sa disparition (chaleur).

C'est donc a priori, c'est-à-dire indépendamment de l'expérience, quenous connaissons les conditions de l'expérience ; la physique, comme science de l'expérience, s'appuie sur cequi rend l'expérience possible et qui n'est pas empirique, mais transcendantal. C.

Les limites de la connaissance Après avoir déterminé les conditions de la connaissance, Kant est en mesure d'en délimiter le champ ; c'estcelui de l'expérience humaine.

Toute science repose sur l'expérience, non pas seulement dans son contenu,mais dans sa forme ou ses conditions.

Notre connaissance s'étend donc aussi loin que ce qui nous est donné dans l'expérience, c'est-à-dire aussiloin que s'étendent les phénomènes.

Pourtant, les choses pourraient bien nous apparaître autrement qu'ellessont en réalité.

L'idée de ce qu'une chose est en soi, Kant l'appelle noumène, par opposition au phénomène, quidésigne la chose en tant qu'elle nous apparaît.

Le noumène est ce qu'il nous est interdit de connaître ; il nous permet aussi de délimiter à l'inverse tout ceque nous pouvons vraiment connaître.

Le criticisme kantien renvoie ainsi dos à dos le dogmatisme et lescepticisme : le premier pense que le phénomène est le noumène, que ce que je perçois de la chose est cequ'elle est en réalité ; le second pense que le phénomène n'est qu'une apparence.

Kant affirme seulement ques'il n'y a pas de science des choses en soi, il y a une science des phénomènes.. »

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