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Kant, Emmanuel - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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Kant, Emmanuel - philosophie. 1 PRÉSENTATION Kant, Emmanuel (1724-1804), philosophe allemand, fondateur de la philosophie critique, qui a été à l'origine d'une véritable « révolution copernicienne « en philosophie. 2 VIE Né à Königsberg (Prusse orientale), d'origine modeste, Kant fréquente le Collegium Fredericianum, dirigé par un pasteur piétiste. À l'université, il suit l'enseignement de Martin Knutzen, newtonien et wolffien, et étudie la physique, les sciences naturelles, les mathématiques et la philosophie. En 1746, contraint d'interrompre sa carrière universitaire à la mort de son père, il devient précepteur dans diverses familles de la région de Königsberg. Son premier ouvrage, Pensées sur la véritable évaluation des forces vives (1746), tente de concilier Descartes et Leibniz sur la mesure de la force des corps en mouvement. Il doit cependant attendre l'année 1755 pour devenir « Privatdozent « grâce à une Dissertation sur les premiers principes de la connaissance métaphysique à la faculté de philosophie de l'université de Königsberg. Pendant quinze ans, Kant enseignera les sciences, les mathématiques, la logique, aussi bien que la métaphysique, la théologie, le droit, l'anthropologie, la pédagogie, et même la géographie physique. Nommé sous-bibliothécaire en 1766 à la bibliothèque du château royal de Königsberg, Kant ne devient professeur titulaire qu'en 1770, avec une dissertation sur la Forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible (Dissertation de 1770). Durant les vingt-sept années suivantes, il continue à enseigner, attirant un grand nombre d'étudiants. Premier grand philosophe à donner un enseignement universitaire régulier, Kant a consacré sa vie entière à l'étude et à l'enseignement. En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure (Kritik der reinen Vernunft), fruit de onze années de travail, mais le livre ne rencontre pas le succès escompté ; puis, en 1788, la Critique de la raison pratique (Kritik der praktischen Vernunft) et, en 1790, la Critique de la faculté de juger (Kritik der Urteilskraft). En 1792, à la suite de la publication de la Religion dans les limites de la simple raison, il subit la censure de Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, qui lui interdit de traiter de questions religieuses. Tel est l'un des rares événements qui viendront bouleverser sa vie personnelle austère, célibataire et sédentaire. Sa promenade quotidienne n'a été troublée, dit-on, que le jour où il a découvert l'Émile de Rousseau, et un autre où il a jugé nécessaire d'aller au-devant du courrier portant des nouvelles de la Révolution française. « Je suis par goût un chercheur «, écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l'avide inquiétude de progresser [...]. Il fut un temps où je croyais qu'il n'y avait que cela qui puisse faire l'honneur de l'humanité et je méprisais la plèbe qui ignore tout. Rousseau m'a remis en place ! Ce privilège illusoire s'évanouit, j'apprends à honorer les hommes et je me trouverais plus inutile que le commun des travailleurs si je n'étais convaincu que la spéculation à laquelle je me livre peut conférer à tout le reste une valeur : faire ressortir les droits de l'humanité. « Kant s'éteint en prononçant ces mots restés célèbres : « C'est bien « (« Es ist gut «). 3 PHILOSOPHIE La philosophie kantienne est une philosophie de la liberté, qui arrache l'Homme au déterminisme de la nature et de son passé pour le faire accéder à l'autonomie intellectuelle et morale. Elle récuse la théologie traditionnelle et le principe divin comme raison suffisante, cause explicative de l'Univers. Véritable critique du pouvoir de la raison et de sa capacité à produire des illusions, elle récuse les prétentions de la métaphysique à connaître ce qui n'est pas objet des sens mais besoin de la pensée, désir, aspirations légitimes de l'Homme. Prenant sa source et trouvant son terme dans l'expérience humaine, dans le prolongement de Rousseau, la pensée kantienne s'oriente vers la philosophie pratique et porte sur le rapport de l'expérience humaine (dans son unité et sa diversité) aux idées et aux concepts, repoussant ceux-ci lorsqu'ils tendent à enfermer, altérer ou réduire celle-ci. La philosophie n'est plus pour Kant un savoir qui pourrait sauver l'Homme ou qui le délivrerait de toutes choses, comme chez Platon ou Spinoza, mais une critique du savoir comme substitut de l'expérience. Kant propose donc une nouvelle architecture métaphysique, théologique, épistémologique et morale fondée sur la liberté humaine. Véritable « révolution copernicienne « de la pensée, son oeuvre immense parcourt aussi bien l'astronomie et la physique que le droit. Certains diront qu'elle est souvent réduite à une sèche mise en question de la métaphysique ou à une bien rigide morale, mais on ne peut ôter à Kant le mérite d'avoir cherché, en ce siècle des Lumières qui est celui de la critique, à faire de cette critique même une science. On distingue dans son oeuvre deux périodes : la période dite « pré-critique « (1749-1780) et la période « critique « (1781-1796). 3.1 La période pré-critique La période pré-critique est marquée par une tentative de se défaire -- sous l'influence de la pensée de Newton et, dès 1762-1763, de Rousseau et de Hume -- du rationalisme dogmatique de Wolff, relecture scolastique de l'oeuvre de Leibniz. Important ouvrage de cette période, l'Histoire générale de la nature et théorie du ciel, essai sur la formation et l'origine mécanique du système du monde d'après les principes de Newton (1755), plutôt que d'accepter, à l'instar de Newton, l'idée de la création par Dieu de l'Univers, il avance l'hypothèse de la formation de l'Univers à partir d'une nébuleuse en rotation, hypothèse développée plus tard indépendamment par Laplace. En 1763, la Seule Base possible pour la démonstration de l'existence de Dieu conteste déjà l'argument ontologique de Descartes et de saint Anselme comme preuve de l'existence de Dieu, et établit l'impossibilité de démontrer rationnellement une existence. Contre Swedenborg, les Songes d'un visionnaire expliqués par les songes de la métaphysique (1766) montrent que le rationalisme, s'il veut s'appuyer sur l'expérience, ne peut être que critique. Dans la Dissertation de 1770, enfin, Kant démontre l'existence d'éléments a priori au niveau de la sensibilité elle-même, la forme de l'espace et du temps, dont dépend toute activité de l'entendement. 3.2 La période critique La période critique, qui concilie idéalisme transcendantal et réalisme empirique, s'amorce dès 1770, mais s'ouvre véritablement avec la parution de la Critique de la raison pure en 1781. On distingue parfois une ultime période, de 1797 à la mort du philosophe, durant laquelle Kant élabore une métaphysique de la nature liée à une physique concrète. Ces dernières notes ont été publiées sous le titre Opus posthumum. 3.2.1 Refonder la métaphysique Dans la Critique de la raison pure (1781), l'ambition kantienne est de substituer à la métaphysique traditionnelle « vermoulue « une métaphysique non plus « transcendante « mais immanente, qui se tiendrait dans les limites d'un pouvoir de connaître où sensibilité et entendement sont toujours indissolublement liés. Kant se livre donc conjointement, sous l'influence de la lecture de Hume, de Locke et de Rousseau, à une critique de la métaphysique inspirée par Leibniz et Wolff et à une critique des facultés, c'est-à-dire des instances qui, en l'Homme, reçoivent les impressions et produisent les jugements et les pensées. Il s'agit de desceller la métaphysique de sa fausse assise spéculative pour la re-fonder dans la raison pure pratique. Pour ce faire, il prend appui sur la distinction des jugements analytiques et des jugements synthétiques. 3.2.2 Jugements analytiques et jugements synthétiques Est analytique un jugement dans lequel le prédicat est contenu dans le sujet, comme dans la proposition « Les maisons noires sont des maisons «. La vérité de ce type de propositions est évidente, parce qu'affirmer l'inverse reviendrait à rendre la proposition contradictoire. De telles propositions sont appelées analytiques parce que l'on découvre la vérité par l'analyse du concept lui-même. Les jugements synthétiques, quant à eux, sont ceux auxquels on ne peut parvenir par la pure analyse, comme dans l'énoncé « La maison est noire «. Tous les jugements ordinaires qui résultent de l'expérience du monde sont synthétiques. Kant répartit les jugements en deux autres types : les jugements empiriques ou a posteriori et les jugements a priori formulés avant toute expérience. Les jugements empiriques dépendent de la perception des sens, alors que les jugements a priori sont valides par essence et ne sont pas fondés sur une telle perception. La différence entre ces deux types de jugements peut être illustrée par la proposition empirique « La maison est noire « et la proposition a priori « Deux plus deux égale quatre «. Kant soutient qu'il est possible de faire des jugements synthétiques a priori. En effet, c'est déjà sur un mode empirique que l'on saisit par intuition des phénomènes : l'espace et le temps sont des formes a priori de l'intuition, modes selon lesquels l'esprit appréhende ce qui est pour lui phénomène. Kant distingue ce qui apparaît, les « phénomènes «, des « choses en soi «, qui demeurent inconnues. Contre l'idéalisme de Berkeley, il affirme l'existence des choses hors de l'esprit. Cependant, la constitution des objets n'est pas séparable de ce qu'ils sont pour l'entendement allié à la sensibilité. 3.2.3 Catégories L'activité de l'entendement, qui opère la synthèse du donné de l'intuition, est réglée par les catégories et se fonde sur la conscience ultime de soi, le « je pense « ou « sujet transcendantal «, qui exprime et assure l'unité de la conscience, identité de soi à soi. Les catégories, fonctions qui permettent à l'entendement d'assurer la synthèse du divers représenté dans l'intuition, structurent donc la connaissance que nous avons du monde. Elles se divisent en quatre groupes : la quantité (unité, pluralité, totalité), la qualité (réalité, négation, limitation), la relation (substance-accident, cause-effet, réciprocité), la modalité (possibilité, existence, nécessité), et dérivent de la table logique des jugements. Les jugements par lesquels l'entendement détermine l'objet de l'expérience sont le fruit de cette activité de synthèse du donné de l'intuition médiatisé par les catégories. Les schèmes de l'imagination mettent en rapport cette application de l'activité de l'entendement avec le donné de l'intuition sensible. Hors de cette application aux données de l'intuition sensible, les catégories sont privées de tout sens et signification. C'est précisément dans cet usage illégitime et non maîtrisé des catégories que sombre la métaphysique classique : cherchant à déterminer des essences intelligibles indépendamment de l'expérience, elle mène à des antinomies, propositions contradictoires dans lesquelles la vérité des deux membres peut être également démontrée (l'Univers est infini / fini, toute réalité se ramène à des éléments insécables / toute réalité peut être décomposée à l'infini, etc.). C'est d'ailleurs la constatation de ces antinomies insolubles qui conduit Kant à la philosophie critique et à sa révolution copernicienne : il entend « mettre un terme au scandale d'une contradiction manifeste de la raison avec elle-même « (Lettre à Garve, 21 septembre 1798). La principale antinomie est celle qui concerne la causalité libre et la causalité naturelle. Tout l'objet de la Critique est en un sens d'expliquer un acte à la fois selon la loi de la causalité naturelle et selon la loi de la causalité libre. C'est là l'essentiel de la philosophie pratique : sauver la causalité libre. Kant identifie en effet causalité par liberté et causalité par la raison, ce qu'il exprime sous la notion d'« autonomie «, où se rejoignent à la fois l'idée de la loi morale comme exigence d'universalité et l'idée de la liberté comme causalité de la raison. 3.2.4 Autonomie de la raison et impératif catégorique Les Fondements de la métaphysique des moeurs (1785), la Critique de la raison pratique (1788) et la Métaphysique des moeurs (1797) développent la philosophie morale de Kant, fondée sur la liberté et sur l'« autonomie « de la volonté (opposée à l'« hétéronomie «). L'acte moral est l'acte d'une pure bonne volonté, volonté dans laquelle celui qui agit se détermine par respect de la loi morale, c'est-à-dire de la raison universelle en lui. Cette affirmation est à l'origine de la distinction entre « impératif hypothétique « et « impératif catégorique «. L'impératif catégorique est le commandement de la raison elle-même qui s'exprime comme tel : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle .« L'impératif hypothétique ne fait que commander une action comme moyen en vue d'une fin, inspiré par la sensibilité. Dans la seconde formulation de l'impératif catégorique, le respect de la loi universelle en moi-même m'introduit au respect de tout être raisonnable comme fin en soi. L'article Qu'est-ce que les Lumières ? (1784) définit à la fois le cadre et le but du projet kantien, et ce qu'est pour Kant l'autonomie de l'Homme : la sortie de la « minorité «, et la capacité de penser librement, par soi-même. L'Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique (1784) et les Conjectures sur le commencement de l'histoire humaine (1786) donnent une première ébauche d'analyse philosophique du devenir-homme de l'humanité comme tel, au travers du thème de l'insociable sociabilité, qui prépare le thème hégélien de la « ruse de la raison «. Kant pense que le monde évolue vers une société idéale, dans laquelle la raison « obligerait chaque législateur à faire ses lois de telle sorte qu'elles pourraient être issues de la volonté unie d'un peuple entier et à considérer chaque sujet, pour autant qu'il aspire à être citoyen, sur la base de la conformité à cette volonté «. 3.2.5 Jugement esthétique Dans la Critique de la faculté de juger (1790), Kant présente une analyse du jugement esthétique (« le beau est ce qui plaît universellement sans concept «) et montre qu'au niveau du jugement esthétique (finalité sans fin) se justifie un usage de la catégorie de fin comme une approche du donné phénoménal qui dépasse le simple donné comme tel. Tandis que la Critique de la raison pure limite le pouvoir de connaître de l'Homme au monde phénoménal et assigne à l'âme, au monde et à Dieu le statut d'« idées régulatrices « de la raison, et que la Critique de la raison pratique légitime des affirmations relatives au monde des noumènes, à l'existence de Dieu, à la croyance en l'immortalité de l'âme et à la liberté (postulats de la raison pratique), la Critique de la faculté de juger s'emploie à opérer une conciliation de ces deux perspectives en montrant comment il y a, dans la finalité de l'organisation de la nature comme dans la finalité du devenir de l'humanité dans l'histoire, des indices, au plan des phénomènes, de la vérité des postulats de la raison pratique. La Religion dans les limites de la simple raison (1793) définit comment la compréhension de soi du sujet pratique fondé dans la loi de la raison (autonomie) ouvre la voie à une interprétation critique du donné de la révélation chrétienne : Kant y traite notamment du pharisaïsme et de la conversion pour y examiner le rapport de la loi morale et de la volonté. L'Essai sur le mal radical, qui sert d'introduction à la Religion, développe la problématique de la possibilité de l'espérance, en montrant que l'Homme est mauvais sur fond de disposition naturelle au bien. Le mal radical est la libre subordination de la morale à la sensibilité. Les trois questions fondamentales de Kant -- « Que puis-je savoir ? «, « Que dois-je faire ? «, « Que m'est-il permis d'espérer ? « -- convergent vers une seule question : « Qu'est-ce que l'Homme ? « 4 POSTÉRITÉ DU KANTISME Véritable rupture avec la tradition philosophique, la philosophie kantienne est elle-même fondatrice de toute une tradition de la pensée. Point de départ de l'idéalisme transcendantal de Fichte, de Schelling, de l'idéalisme absolu de Hegel, objet des critiques de Schopenhauer puis des sarcasmes de Nietzsche, la philosophie de Kant a tantôt été lue surtout comme une théorie de la connaissance (néopositivisme, école de Marburg, avec Paul Natorp et Hermann Cohen), tantôt principalement comme une philosophie morale. Par-delà la critique très forte de Hegel, la pensée contemporaine a connu un retour à Kant, soit par la voie de Heidegger (Kant et le Problème de la métaphysique, 1929), soit par la voie de la tradition française de philosophie réflexive, directement inspirée de Fichte, de Léon Brunschwicg, de Jules Lagneau et de Jean Nabert. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« En 1763, la Seule Base possible pour la démonstration de l’existence de Dieu conteste déjà l’argument ontologique de Descartes et de saint Anselme comme preuve de l’existence de Dieu, et établit l’impossibilité de démontrer rationnellement une existence.

Contre Swedenborg, les Songes d’un visionnaire expliqués par les songes de la métaphysique (1766) montrent que le rationalisme, s’il veut s’appuyer sur l’expérience, ne peut être que critique.

Dans la Dissertation de 1770, enfin, Kant démontre l’existence d’éléments a priori au niveau de la sensibilité elle-même, la forme de l’espace et du temps, dont dépend toute activité de l’entendement. 3. 2 La période critique La période critique, qui concilie idéalisme transcendantal et réalisme empirique, s’amorce dès 1770, mais s’ouvre véritablement avec la parution de la Critique de la raison pure en 1781.

On distingue parfois une ultime période, de 1797 à la mort du philosophe, durant laquelle Kant élabore une métaphysique de la nature liée à une physique concrète.

Ces dernières notes ont été publiées sous le titre Opus posthumum. 3.2. 1 Refonder la métaphysique Dans la Critique de la raison pure (1781), l’ambition kantienne est de substituer à la métaphysique traditionnelle « vermoulue » une métaphysique non plus « transcendante » mais immanente, qui se tiendrait dans les limites d’un pouvoir de connaître où sensibilité et entendement sont toujours indissolublement liés.

Kant se livre donc conjointement, sous l’influence de la lecture de Hume, de Locke et de Rousseau, à une critique de la métaphysique inspirée par Leibniz et Wolff et à une critique des facultés, c’est-à-dire des instances qui, en l’Homme, reçoivent les impressions et produisent les jugements et les pensées.

Il s’agit de desceller la métaphysique de sa fausse assise spéculative pour la re-fonder dans la raison pure pratique. Pour ce faire, il prend appui sur la distinction des jugements analytiques et des jugements synthétiques. 3.2. 2 Jugements analytiques et jugements synthétiques Est analytique un jugement dans lequel le prédicat est contenu dans le sujet, comme dans la proposition « Les maisons noires sont des maisons ».

La vérité de ce type de propositions est évidente, parce qu’affirmer l’inverse reviendrait à rendre la proposition contradictoire.

De telles propositions sont appelées analytiques parce que l’on découvre la vérité par l’analyse du concept lui-même. Les jugements synthétiques, quant à eux, sont ceux auxquels on ne peut parvenir par la pure analyse, comme dans l’énoncé « La maison est noire ».

Tous les jugements ordinaires qui résultent de l’expérience du monde sont synthétiques. Kant répartit les jugements en deux autres types : les jugements empiriques ou a posteriori et les jugements a priori formulés avant toute expérience.

Les jugements empiriques dépendent de la perception des sens, alors que les jugements a priori sont valides par essence et ne sont pas fondés sur une telle perception.

La différence entre ces deux types de jugements peut être illustrée par la proposition empirique « La maison est noire » et la proposition a priori « Deux plus deux égale quatre ». Kant soutient qu’il est possible de faire des jugements synthétiques a priori .

En effet, c’est déjà sur un mode empirique que l’on saisit par intuition des phénomènes : l’espace et le temps sont des formes a priori de l’intuition, modes selon lesquels l’esprit appréhende ce qui est pour lui phénomène.

Kant distingue ce qui apparaît, les « phénomènes », des « choses en soi », qui demeurent inconnues.

Contre l’idéalisme de Berkeley, il affirme l’existence des choses hors de l’esprit.

Cependant, la constitution des objets n’est pas séparable de ce qu’ils sont pour l’entendement allié à la sensibilité. 3.2. 3 Catégories L’activité de l’entendement, qui opère la synthèse du donné de l’intuition, est réglée par les catégories et se fonde sur la conscience ultime de soi, le « je pense » ou « sujet transcendantal », qui exprime et assure l’unité de la conscience, identité de soi à soi.

Les catégories, fonctions qui permettent à l’entendement d’assurer la synthèse du divers représenté dans l’intuition, structurent donc la connaissance que nous avons du monde.

Elles se divisent en quatre groupes : la quantité (unité, pluralité, totalité), la qualité (réalité, négation, limitation), la relation (substance-accident, cause-effet, réciprocité), la modalité (possibilité, existence, nécessité), et dérivent de la table logique des jugements. Les jugements par lesquels l’entendement détermine l’objet de l’expérience sont le fruit de cette activité de synthèse du donné de l’intuition médiatisé par les catégories.

Les schèmes de l’imagination mettent en rapport cette application de l’activité de l’entendement avec le donné de l’intuition sensible. Hors de cette application aux données de l’intuition sensible, les catégories sont privées de tout sens et signification.

C’est précisément dans cet usage illégitime et non maîtrisé des catégories que sombre la métaphysique classique : cherchant à déterminer des essences intelligibles indépendamment de l’expérience, elle mène à des antinomies, propositions contradictoires dans lesquelles la vérité des deux membres peut être également démontrée (l’Univers est infini / fini, toute réalité se ramène à des éléments insécables / toute réalité peut être décomposée à l’infini, etc.).

C’est d’ailleurs la constatation de ces antinomies insolubles qui conduit Kant à la philosophie critique et à sa révolution copernicienne : il entend « mettre un terme au scandale d’une contradiction manifeste de la raison avec elle-même » ( Lettre à Garve, 21 septembre 1798).

La principale antinomie est celle qui concerne la causalité libre et la causalité naturelle.

Tout l’objet de la Critique est en un sens d’expliquer un acte à la fois selon la loi de la causalité naturelle et selon la loi de la causalité libre. C’est là l’essentiel de la philosophie pratique : sauver la causalité libre.

Kant identifie en effet causalité par liberté et causalité par la raison, ce qu’il exprime sous la notion d’« autonomie », où se rejoignent à la fois l’idée de la loi morale comme exigence d’universalité et l’idée de la liberté comme causalité de la raison. 3.2. 4 Autonomie de la raison et impératif catégorique Les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), la Critique de la raison pratique (1788) et la Métaphysique des mœurs (1797) développent la philosophie morale de Kant, fondée sur la liberté et sur l’« autonomie » de la volonté (opposée à l’« hétéronomie »). L’acte moral est l’acte d’une pure bonne volonté, volonté dans laquelle celui qui agit se détermine par respect de la loi morale, c’est-à-dire de la raison universelle en lui.

Cette affirmation est à l’origine de la distinction entre « impératif hypothétique » et « impératif catégorique ».

L’impératif catégorique est le commandement de la raison elle-même qui s’exprime comme tel : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle .» L’impératif hypothétique ne fait. »

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