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KANT: la liberté de penser

Publié le 02/05/2005

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kant
la liberté de penser s'oppose, en premier lieu, la contrainte civile. On dit, il est vrai, que la liberté de parler ou d'écrire... ne pourrait se maintenir bien longtemps. KANT
kant

« bien-fondé de la position kantienne : si penser, c'est penser en commun avec d'autres, en s'efforçant de juger d'unpoint de vue universel, impossible de penser vraiment dans un État dictatorial qui empêche la libre communicationdes opinions et des pensées.

Comment en effet dépasser l'opinion elle-même par l'effort de penser, si on ne la laissepas d'abord s'exprimer? Comme le montrera fortement H.

Arendt, «sans une vie publique politiquement garantie »,qui nous protège de la tyrannie politique, aucune liberté intérieure de la pensée n'est vraiment possible, car avantd'être un attribut de la pensée, la liberté est le statut de l'homme politiquement libre.

La liberté intérieure elle aussiest affaire publique, et ne peut pas prendre son essor si on en reste à l'intimité des rapports privés : on ne peutfaire l'économie d'une éducation au libre jugement, par une éducation publique.Cette liberté de la pensée, que seule garantit la république, est ce qu'il y a de plus précieux aux yeux de Kant (l.

9 à11).

Elle est qualifiée d'« unique trésor» : si la pensée constitue la spécificité de l'homme et fait toute sa grandeur,une pensée libre est pour lui le seul vrai bien, celui qui constitue son être même d'homme, par opposition aux rôlesextérieurs qu'il doit jouer, par opposition aux faux biens relatifs à L'avoir, au pouvoir et au paraître.

Cette libertéintérieure, valeur suprême, est aussi l'unique « remède » à tous les maux nés des faux prestiges de l'avoir, dupouvoir et du paraître.

Ici, Les accents sont rousseauistes : avec la condition sociale et civile, apparaissentl'amour-propre, l'ambition, le mal que les hommes se font mutuellement en entrant ainsi en compétition pour l'avoir,le pouvoir et le paraître.

Seule une pensée libre peut guérir de ces maux.

Si cette précieuse liberté intérieure n'estgarantie que par un État républicain, on comprend l'intérêt que Kant, penseur des Lumières, portera à la Révolutionfrançaise et à l'instauration d'une république assurant le droit de libre expression.

Mais est-ce à dire qu'il suffit d'êtrelibéré de la contrainte extérieure d'un État tyrannique pour penser librement? Il n'en est rien, car des contraintes plus insidieuses pèsent sur notre pensée (1.

12 à 19) : il ne s'agit plus decontraintes externes, qui s'imposeraient à nous par la force, mais de contraintes exercées sur notre conscience,auxquelles nous consentons volontiers.Le second obstacle à la liberté de penser est explicitement défini comme « contrainte exercée sur la conscience »(l.

12-13).

Si la contrainte exercée par l'État tyrannique s'exerce du dehors, et ne porte que sur des actionsextérieures - interdiction de se réunir, de parler en public, de publier sans autorisation de l'État - cette secondecontrainte nous atteint dans ce que nous avons de plus intime : le for intérieur de notre conscience.

Être conscient,c'est être capable de prendre du recul, le recul de la réflexion et de l'examen, pour juger - et se juger - par uneffort personnel de lucidité.

C'est comparer ce que l'on pense ou fait, à ce que l'on pourrait ou devrait penser oufaire.

Si la conscience, acte de réflexion et de jugement en première personne, est ce qui nous constitue commesujet humain, La contrainte qui s'exerce sur elle nous destitue en quelque sorte de notre humanité.

Lorsque nousrenonçons au travail de penser et d'examiner en première personne, nous renonçons à la liberté responsable qui faittoute notre humanité.

Le plus grave (l.

13 à 161 est que cette destitution s'effectue «en dehors de toutecontrainte externe», sous forme d'une tutelle que l'on devine plutôt bien accueillie par des hommes qui secomplaisent à garder un état d'esprit infantile.

Plus question ici en effet de contrainte extérieure, de force publique,de police, de tribunaux, car il s'agit du paradoxe d'une servitude volontaire.

On a beau être en république, entre «citoyens » politiquement libres de s'exprimer, cela n'empêche nullement certains de demeurer en état de minorité parrapport à d'autres, qui se posent en « tuteurs ».

Il ne s'agit pas ici de minorité et de tutelle juridique, puisqu'il s'agitde citoyens adultes, juridiquement majeurs.

Mais le scandale est que des adultes demeurent intellectuellementmineurs, gardent l'entendement trop enfantin et trop faible pour penser par eux-mêmes, par leur propre effort.

C'estpourquoi des tuteurs soutiennent leur faiblesse et leur dictent ce qu'il faut penser, par exemple « en matière dereligion », lorsque les hommes se démettent de l'usage de leur raison, adoptant ainsi une religiosité passive etenfantine .

La passivité intellectuelle conduit à renoncer (l.

16-19) à deux fonctions qui sont essentielles à la raison: rendre raison de ce qui est dit et juger de la valeur de ce qui est dit.

C'est d'abord, en effet, tout un travail quede justifier ses affirmations.

Il faut «donner des arguments», construire des raisonnements : il est tellement plusfacile pour un esprit paresseux de se décharger de ce travail ! On adopte alors des «formules» mécaniques imposéespar une autorité à laquelle on fait aveuglément confiance.

Faute de se donner la peine de savoir, on préfère croire.En second lieu, c'est la «crainte poignante» de l'inconnu, de la solitude ou de l'erreur, entretenue par les « tuteurs», qui empêche la raison d'exercer son pouvoir de jugement.

Les tuteurs font « impression » sur l'esprit, c'est-à-diremarquent fortement la sensibilité, pour enfermer les hommes dans leur lâcheté, afin qu'ils renoncent à examiner,délibérer, juger par eux-mêmes.

Comprenons que ce n'est pas la foi en elle-même qui est ici dénoncée par Kant : lafoi se justifie pleinement comme confiance et espérance pratiques, au-delà de ce que la raison humaine peut savoir.Ce que dénonce Kant, c'est la crédulité engendrée par une religiosité paresseuse et peureuse.Ainsi, pour penser librement, il faut surmonter une double contrainte : celle de l'État, lorsqu'il interdit qu'on fasse unusage public de la raison, ouverte à l'universel; celle, plus insidieuse, de ceux qui, même en république, profitent denotre manque de courage pour nous dicter ce qu'il faut penser.

En effet, penser librement, c'est penser d'un pointde vue universel et penser par soi-même.

Mais c'est aussi penser de façon cohérente.

Alors, paradoxalement, laseule contrainte qui libère la pensée n'est-elle pas la contrainte que la raison s'impose à elle-même, par sesexigences logiques? Ce qui fait obstacle à la liberté de la pensée, «en troisième lieu» (1.

20 à 28), ce n'est pas une contrainte, c'est lerefus d'une contrainte : celle des lois qui sont celles de la raison elle-même.

Ce qui nous donne à penser que sicertaines contraintes rendent esclaves, d'autres au contraires sont libératrices.

La liberté de la pensée se définit eneffet comme autonomie (l.

20-23) : penser librement, ce n'est pas penser sans loi (nomos, c'est la loi, chez lesGrecs 1, c'est penser selon les lois que la raison se donne à elle-même (auto).

Il faut entendre ici par loi une règle,. »

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